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Anthonomus rubi (charançon des fleurs de fraisier) – Fiche d'information

Contexte

Le charançon des fleurs du fraisier, Anthonomus rubi (Herbst) est un petit coléoptère originaire d'Eurasie, et un phytoravageur connu du fraisier, du framboisier, du rosier et du mûrier.

Ce phytoravageur a été observé pour la première fois en Amérique du Nord à Abbotsford, en Colombie-Britannique.

Hôtes

Anthonomus rubi est un phytoravageur qui endommage les boutons floraux de Fragaria spp. (fraise), Rubus spp. (framboise, mûre, ronce discolore, ronce remarquable, ronce parviflore), et Rosa spp. (rose, rose sauvage). Jusqu'à présent, l'espèce hôte la plus fréquemment observée au Canada est le ronce discolore (Rubus bifrons).

Les adultes se nourrissent également de pollen et de nectar et peuvent être observés sur différentes plantes à fleurs comme le Crepis tectorum, le Ranunculus acris, le Senecio inaequidens, le Taraxacum spp., le Verbascum blattaria, le Leucanthemum vulgare, le Tanacetum vulgare, et l'Astilbe sp.

Distribution

Cette espèce est actuellement présente en :

Biologie

Anthonomus rubi se reproduit 1 fois par an et passe l'hiver à l'état adulte dans les feuilles sèches et les débris végétaux près du sol, fort probablement loin de la fraiseraie – peut-être dans les zones forestières voisines. Les coléoptères deviennent actifs au printemps par temps ensoleillé et lorsque la température du sol atteint de 10 °C à 14 °C. Au cours des 2 à 3 premières semaines, les charançons se nourrissent des feuilles de fraisiers en y pratiquant de petits trous ronds. En Colombie-Britannique, on trouve généralement les coléoptères sur les fraisiers à partir du mois de mai jusqu'à la fin de septembre.

L'accouplement a lieu en mai et la femelle commence à pondre des œufs dans les boutons floraux fermés dès que la température dépasse 18 °C. Après la ponte, la femelle effectue quelques perforations dans le pédicelle, ce qui provoque le flétrissement de la fleur. Le nombre d'œufs pondus par pédoncule floral varie d'un à 5, mais, le plus souvent, 1 ou 2 œufs sont pondus dans chaque bourgeon. La période de ponte se poursuit pendant un à deux mois avec une fécondité moyenne de 157,6 œufs par femelle. Les œufs se développent en 5 à 10 jours et les larves nouvellement écloses se nourrissent dans le bourgeon endommagé qui est souvent rejeté par la plante. Le développement larvaire dure de 18 à 22 jours et est suivi de la nymphose. La nymphose se produit généralement dans les bourgeons flétris. Les adultes émergent environ 2 semaines plus tard en creusant des tunnels à partir de la fleur séchée, pour commencer à se nourrir de feuilles et de pétales de fleurs.

Il est important de préciser que la ponte des œufs dans les fleurs de fraisiers ouvertes, par opposition aux bourgeons, a été observée et signalée. De 35 % à 40 % des fleurs observées ne présentaient aucune perforation ou aucun dommage apparents, mais des œufs ont été trouvés à l'intérieur et des larves s'y sont développées. Le taux de mortalité des larves dans les fleurs ouvertes était plus élevé que celui des individus trouvés dans les bourgeons fermés, en raison des conditions moins favorables dans les fleurs ouvertes, mais certaines larves ont survécu. Les fraises qui se sont développées à partir de ces fleurs étaient difformes (figure 1).

Le cycle de vie dans les framboises et les roses suit le même modèle que dans les fraises, mais il commence plus tard au printemps. Sur Rosa canina (en Russie), il faut de 12 à 21 jours pour que les œufs se développent, de 14 à 31 jours pour les larves, et de 4 à 11 jours pour les nymphes, selon la température.

Détection et identification

Symptômes

Les principaux dommages sur Anthonomus rubi sont causés par les adultes : les femelles perforent le pédicelle lorsqu'elles pondent, et il y a aussi les perforations causées par l'alimentation à la fois des mâles et des femelles (Figure 2). Les bourgeons attaqués se flétrissent souvent et tombent, mais dans certains cas, ils peuvent rester sur la plante.

Comme mentionné précédemment, dans certains cas, les femelles pondent des œufs dans les fleurs ouvertes et les larves en croissance déforment le fruit du fraisier pendant son développement (Figure 1). Des recherches récentes ont fait état de dommages alimentaires sur les fraises elles-mêmes, entraînant des cicatrices sur les fruits, des malformations, de la pourriture ou des moisissures (Figure 3).

L'impact de Anthonomus rubi varie selon les cultures, les pays et les années. Les bourgeons et les fleurs attaqués produisent des fruits non commercialisables ou encore ne produisent aucun fruit du tout. Des pertes de rendement de 1,6 % à 80-90 % en matière de production de fraises ont été signalées certaines années. De 1 % à 38 % de dommages ont été signalés sur les framboises dans différents pays, selon le cultivar, l'année et les conditions météorologiques. Jusqu'à 75 % à 80 % de bourgeons endommagés ont été observés sur les roses. Moins de renseignements sont disponibles en ce qui concerne l'incidence sur les mûres : des attaques sur des mûres sauvages ont été signalées en Pologne et en Colombie Britannique au Canada, où A. rubi a été le plus fréquemment retrouvé sur Rubus bifrons (environ 60 % de toutes les observations).

Identification

Les adultes sont de petits charançons noirs (2,5 mm à 3,0 mm) présentant une pubescence blanche à grisâtre et éparse (Figure 4). D'autres traits caractéristiques sont une tache blanc éclatant sur le scutellum, un rostre mince et allongé et une dent fémorale petite et pointue. 36 espèces du genre Anthonomus sont connues au Canada, et seulement 4 d'entre elles sont noires : A. corvulus, A. nigrinus, A. rubi, et une forme de coloration de A. signatus. Parmi ces espèces, A. corvulus est répandu au Canada, mais il est plus petit (1,5 mm à 1,9 mm) et on le trouve sur Cornus spp. (cornouiller). A. nigrinus est observé uniquement au Québec, sur Solanum carolinense. La forme noire de A. signatus et A. rubi se trouvent en Colombie-Britannique sur les mêmes plantes (dans la famille des Rosaceae) et il est possible de confondre les 2 espèces. Cependant, A. signatus est plus petit (1,5 mm à 1,9 mm de long) et possède des lignes d'écailles incurvées sur les couvertures alaires (Figure 4).

L'œuf est ovale, blanc et translucide, et d'environ 0,5 mm de diamètre. La larve est de couleur blanc crème, en forme de « C »; sa tête est de couleur brun clair, et d'environ 3,5 mm de longueur. La nymphe est petite, blanc-jaune, et on la trouve le plus souvent dans les restes du bourgeon flétri.

De dommages alimentaires sur les fraises elles-mêmes, entraînant des cicatrices sur les fruits et des malformations.
Figure 1. Dommages aux fraises après la ponte des œufs dans les fleurs ouvertes (Aasen 2001).

Les bourgeons attaqués se flétrissent souvent et tombent, mais dans certains cas, ils peuvent rester sur la plante.
Figure 2. Dommages aux bourgeons causés par Anthonomus rubi : Ronce discolore [Rubus bifrons] (Franklin 2021).

Dommage causé par des A. rubi adultes sur des fruits de fraisiers fraise immature et difforme et développement de moisissures sur les fruits endommagés
Figure 3. Dommages causés par des adultes de A. rubi sur des fraises à différents stades : a) fraise petite et verte, b) fraise blanche, et c) fraise rouge; d) fraise immature et difforme; e), f) développement de moisissures sur les fruits endommagés (Photo : gracieuseté de Tonina et coll., 2021).

Les adultes sont de petits charançons noirs (2,5 mm à 3,0 mm) présentant une pubescence blanche à grisâtre et éparse
Figure 4. A et B : Anthonomus rubi; C et D : A. corvulus; E et F : A. nigrinus; G et H : forme noire de A. signatus (Franklin 2021).

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