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La biologie du Beta vulgaris L. (Betterave à sucre)

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Document de biologie BIO2023-01 : Document d'accompagnement de la Directive 94-08 (Dir 94-08) Critères d'évaluation du risque environnemental associé aux végétaux à caractères nouveaux

Le présent document remplace le document BIO2002-01 [La biologie du Beta vulgaris L. (Betterave à sucre)].

Sur cette page

1. Renseignements administratifs généraux

1.1 Contexte

L'Unité d'évaluation des risques des végétaux et des produits de la biotechnologie (UERVPB) de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) est chargée d'évaluer les risques écologiques que peut présenter la dissémination de végétaux à caractères nouveaux (VCN) dans l'environnement canadien.

Chaque évaluation de risque menée par l'UERVPB nécessite de l'information sur la biologie de l'espèce végétale concernée et s'appuie à cette fin sur des documents décrivant la biologie de cette espèce. Au moment de l'évaluation d'un VCN, ces documents sont employés de pair avec la Directive 94-08 (Dir 94-08) Critères d'évaluation du risque environnemental associé aux végétaux à caractères nouveaux.

1.2 Portée

Le présent document a pour but de fournir des renseignements de base sur la biologie du Beta vulgaris, notamment :

Ces renseignements seront employés dans le cadre des évaluations du risque menées par l'UERVPB. Ils aideront notamment à caractériser les risques de dissémination du végétal dans l'environnement canadien, en ce qui concerne :

2. Identité

2.1 Nom

Beta vulgaris L.Note de bas de page 1

2.2 Famille

L'espèce appartient à la famille des Amaranthaceae (anciennement des Chenopodiaceae). Les membres de cette famille sont des dicotylédones et sont généralement des plantes herbacéesNote de bas de page 2.

2.3 Synonymes

AucunNote de bas de page 1,Note de bas de page 3

2.4 Noms communs

Noms français du B. vulgaris :

2.5 Taxinomie et génétique

Le B. vulgaris possède un nombre chromosomique de 2n = 18Note de bas de page 5. Chez le genre Beta, le nombre chromosomique haploïde est de 9 (n = 9) (voir le tableau 2).

Position taxinomique,Note de bas de page 3
Taxon Nom scientifique et nom commun
Règne Plantae (végétaux)
Sous-règne Viridiplantae
Super-embranchement Embryophyta
Embranchement Tracheophyta (plantes vasculaires)
Sous-embranchement Spermatophytina
Classe Magnoliopsida (dicotylédones)
Super-ordre Caryophyllanae
Ordre Caryophyllales
Famille Amaranthaceae
Tribu Betae
Genre Beta L.
Espèce Beta vulgaris L.

Le B. vulgaris compte 3 sous-espècesNote de bas de page 1 :

La betterave cultivée appartient à la sous-espèce Beta vulgaris L. subsp. vulgaris. Le présent document concerne le Beta vulgaris subsp. vulgaris var. altissima (betterave à sucre).

2.6 Description générale

La betterave à sucre est normalement une plante bisannuelle, mais dans certaines conditions elle peut se comporter comme une espèce annuelleNote de bas de page 6. La plante produit la première année une grosse racine pivotante charnue et, la deuxième année, une tige produisant des graines. En général, la betterave est semée au printemps et récoltée à l'automne de la même année. Pour la production de semences, cependant, la betterave doit être soumise à de basses températures (vernalisation) comprises entre 4 et 7 degrés Celcius (°C) pour que la plante atteigne le stade reproductif la saison suivante et puisse monter en grainesNote de bas de page 6.

Pendant la première saison de croissance, la plante produit, à partir d'une tige souterraine, une rosette de feuilles glabres, vert foncé et ovales à cordées. Elle forme une racine pivotante charnue blanche présentant un renflement prononcé au niveau du colletNote de bas de page 7. Au cours de la deuxième saison, une tige florifère émerge de la racine. Cette tige produit une inflorescence et peut atteindre environ 1,2 à 1,8 m de hauteur. Une grande feuille pétiolée se développe à la base de la tige, de même que de petites feuilles; plus haut sur la tige, on trouve des feuilles au pétiole de plus en plus réduit, et finalement des feuilles sessiles. À l'aisselle des feuilles, des pousses secondaires à croissance indéterminée forment une série de racèmesNote de bas de page 8. Les fleurs sont petites, sessiles et soit isolées, soit réunies en petits glomérules. La betterave à sucre produit une fleur parfaite comprenant un pistil à 3 carpelles entouré de 5 étamines et d'un périanthe à 5 sépales étroits. Les pétales sont absents, et chaque fleur est accompagnée d'une étroite bractée verteNote de bas de page 6.

L'ovaire produit un fruit contenu dans la base du périanthe. Chaque fruit contient une seule graine, ronde à réniforme. Les ovaires des fleurs d'un même glomérule sont réunis dans le réceptacle commun du gloméruleNote de bas de page 7. On obtient donc une semence monogerme si la fleur est isolée, et une semence multigerme si 2 ou plusieurs fleurs sont réunies en un gloméruleNote de bas de page 9.

3. Répartition géographique

3.1 Origine et historique d'introduction

La betterave (genre Beta) serait originaire du Moyen-Orient et plus précisément des vallées du Tigre et de l'Euphrate. La betterave sauvage se serait répandue vers l'ouest, jusqu'à la région méditerranéenne, puis vers le nord, sur les côtes de l'Atlantique. L'isolement géographique de la betterave sauvage dans les îles Canaries est à l'origine de plusieurs espèces (B. patellarisB. webbiana et B. procumbens), généralement annuellesNote de bas de page 9. La dispersion des types sauvages vers le nord dans les montagnes de Turquie, d'Iran et de Russie a favorisé l'apparition des espèces B. trigyna, B. lomatogona et B. macrorhiza,Note de bas de page 9, qui peuvent être vivaces. Finalement, la betterave sauvage s'est répandue vers l'est dans presque tout l'est de l'Asie. La betterave à sucre cultivée est probablement issue de l'amélioration génétique de la betterave maritime (B. vulgaris ssp. maritima), sous-espèce sauvageNote de bas de page 9.

3.2 Aire d'indigénat

L'aire d'indigénat du B. vulgaris comprend certaines îles de la Macaronésie, la région tempérée de l'Asie et l'EuropeNote de bas de page 1.

3.3 Aire d'introduction

Le B. vulgaris est naturalisé dans les régions suivantes :

La betterave à sucre est largement cultivée dans certains pays européens et aux États-Unis. Aux États-Unis, le B. vulgaris est présent dans 4 régions : les Grands Lacs (Michigan), le Haut‑Midwest (Minnesota et Dakota du Nord), les Grandes Plaines (Colorado, Montana, Nebraska et Wyoming) et l'Ouest (Californie, Idaho, Oregon et Washington)Note de bas de page 11,Note de bas de page 12. Aux États‑Unis, des semences de betterave à sucre sont produites en Oregon et dans l'état de WashingtonNote de bas de page 11. Le Canada ne produit pas de semences de betterave à sucre. Au Canada, la culture de la betterave à sucre se limite à une production commerciale dans le sud de l'Alberta et le sud-ouest de l'OntarioNote de bas de page 10.

3.4 Aire de répartition potentielle en Amérique du Nord

Le B. vulgaris a été recensé dans les zones de rusticité des plantes 4 à 8 du Department of Agriculture des États-Unis (USDA)Note de bas de page 13. D'après ces zones de rusticité, le sud de la plupart des provinces canadiennes représente une aire de répartition potentielle pour le B. vulgarisNote de bas de page 14.

3.5 Habitat

La betterave à sucre est principalement cultivée dans les régions tempérées de l'hémisphère nord, à des latitudes de 30 à 60 degrés; toutefois, elle est adaptée à une large gamme de conditions climatiquesNote de bas de page 15. Une température diurne moyenne de 15,6 à 26,7 °C et des températures nocturnes de 4,4 à 10 °C tout au long de la saison de culture offrent un rendement et une qualité optimauxNote de bas de page 15. La betterave à sucre est adaptée à divers types de sol et pousse le mieux dans les sols bien drainés affichant un pH de 6 à 8Note de bas de page 15. Au Canada, le semis est généralement effectué d'avril à mai, et la récolte est réalisée de septembre à début novembreNote de bas de page 16,Note de bas de page 17.

4. Biologie

4.1 Biologie de la reproduction

Le cycle vital de la betterave à sucre s'échelonne sur 2 ans (plante bisannuelle)Note de bas de page 18. Au cours de la première saison de croissance, la plante emmagasine une grande quantité de saccharose dans sa racine pivotante volumineuse; la racine peut alors être récoltée pour la production de sucre, mais la récolte entraîne alors la mort de la plante. Au cours de la deuxième saison de croissance, la plante utilise habituellement les sucres emmagasinés pour fleurir puis produire des grainesNote de bas de page 6. Chez certains cultivars de betterave à sucre, la floraison et la montaison peuvent survenir la première année sous certaines conditions, notamment les températures basses et les jours longsNote de bas de page 19.

La floraison (anthèse) débute environ 5 à 6 semaines après l'initiation du développement des parties reproductives et s'échelonne sur plusieurs semaines. Après la déhiscence des anthères matures, le pollen, globuleux, est largement dispersé par le vent et parfois par les insectes. Le pollen de la betterave à sucre est extrêmement sensible au taux d'humidité; en conditions sèches, sa viabilité est d'au plus 24 heuresNote de bas de page 20. La fécondation est principalement assurée par pollinisation croisée, en raison de l'absence de synchronicité entre la libération du pollen et la réceptivité des stigmates ainsi que de l'importante autostérilité (voir ci-dessous). Une dispersion du pollen d'individus génétiquement modifiés du B. vulgaris a été mesurée à jusqu'à 1 200 mètres de la sourceNote de bas de page 19.

La betterave à sucre est fortement autostérile, produisant peu de graines ou n'en produisant pas en isolement strict. Les mécanismes génétiques sous-tendant ce phénomène pourraient être liés à 2 séries d'allèles de stérilité multiplesNote de bas de page 21. L'autofécondation peut mener à la production d'un petit nombre de graines, phénomène appelé pseudocompatibilité attribuable à une dégradation du mécanisme d'incompatibilitéNote de bas de page 21. La pseudocompatibilité se manifeste à divers degrés chez différents génotypes et est fortement reliée aux conditions environnementales, en particulier la températureNote de bas de page 21. Il existe un gène d'autofertilité qui, lorsqu'introduit, peut produire des sujets autofertilesNote de bas de page 6.

4.2 Amélioration génétique et production de semence

C'est l'USDA qui a mis au point les premières techniques d'amélioration de la betterave à sucre, principalement fondées sur l'androstérilité cytoplasmique, les semences monogermes et l'hétérosisNote de bas de page 22. À l'heure actuelle, tous les cultivars de betterave à sucre utilisés aux États-Unis sont des hybrides monogermes. L'utilisation de semences monogermes a grandement réduit la nécessité d'éclaircir les semisNote de bas de page 6. Les établissements semenciers privés dominent maintenant le secteur de l'amélioration de la betterave à sucre. Les activités d'amélioration sont axées sur les variétés :

L'androstérilité cytoplasmique permet au sélectionneur de produire des lignées parentales androstériles ou femelles, qui jouent un rôle clé dans l'amélioration des cultivars hybridesNote de bas de page 23. Initialement, la betterave à sucre était diploïde et possédait un nombre chromosomique de 2n = 18. L'exploitation commerciale de la polyploïdie chez la betterave à sucre a commencé en Europe, dans les années 1940, avec la mise au point de variétés anisoploïdes. Ces variétés étaient en fait des mélanges d'individus diploïdes, triploïdes et tétraploïdes et résultaient d'une pollinisation croisée de parents femelles diploïdes et tétraploïdesNote de bas de page 24. Plus tard, l'utilisation de l'androstérilité cytoplasmique conjointement avec la polyploïdie a permis la production de variétés triploïdesNote de bas de page 23. Des niveaux de ploïdie plus élevés ont été obtenus en contexte expérimental, mais se sont avérés peu utiles dans une optique commerciale. Au Canada et aux États-Unis, les principaux cultivars utilisés sont des hybrides diploïdes.

Les semences hybrides sont produites selon 2 méthodes : la méthode avec planchons et la méthode de semis directNote de bas de page 25. Avec la première méthode, de petites racines, appelées planchons, sont produites au cours de la première saison. La saison suivante, elles sont repiquées au champ en vue de la production de semencesNote de bas de page 25. Avec la méthode de semis direct, des parents mâles et femelles sont semés dans un même champ, et les semences produites par les plantes femelles sont récoltées l'année suivanteNote de bas de page 25. Dans le cas des 2 méthodes, les parents mâles sont détruits après la pollinisation, pour qu'uniquement les semences hybrides soient récoltéesNote de bas de page 25.

4.3 Mode de culture et usages

La betterave sert depuis longtemps à l'alimentation du bétail et de l'humain. La première utilisation de la plante a été attestée au Moyen-Orient. Les premières descriptions de la betterave à sucre comme plante à racine renflée nous viennent de documents datant du XIIe siècleNote de bas de page 26. Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que des scientifiques allemands ont commencé à sélectionner la betterave pour augmenter la teneur en sucre de sa racineNote de bas de page 27. Les premières formes de la betterave à sucre sont issues de la betterave blanche de Silésie, qui était utilisée comme plante fourragère et ne contient qu'environ 4 % à 6 % de sucre. Des sélections et croisements répétés ont permis d'augmenter la teneur en sucre jusqu'à celle que nous connaissons actuellement, qui se situe à plus de 18 % dans les régions où la croissance est optimaleNote de bas de page 23. En 2021, 40 036 acres ont été consacrés à la culture de la betterave à sucre au CanadaNote de bas de page 28.

Culture

La betterave à sucre est cultivée comme une plante annuelle, et les racines sont récoltées 5 à 7 mois après le semis dans le sud de l'Alberta et le sud-ouest de l'OntarioNote de bas de page 10. Son rendement et sa qualité sont améliorés par un travail réduit du sol, les cultures de couverture, l'ajout de compost, une fertilisation azotée appropriée et l'optimisation de la densité des plantesNote de bas de page 29. Le Canada ne produit pas de semences de betterave à sucre.

Rotation des cultures

Au Canada, un cycle de rotation d'au moins 4 ans est recommandé pour la culture de la betterave à sucre. Les plantes suivantes peuvent être incluses dans la rotation :

Le canola n'est pas inclus dans la rotation, car l'Heterodera schachtii (nématode à kyste) peut prospérer dans les cultures de cette planteNote de bas de page 16.

Mauvaises herbes

Les mauvaises herbes problématiques sont les suivantes :

L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada tient une base de données qui recense les herbicides homologuésNote de bas de page 34. Veuillez vous y référer pour obtenir des renseignements à jour sur les herbicides homologués pour la lutte contre les mauvaises herbes dans les cultures de betterave à sucre. Il se peut que l'homologation de certains herbicides s'applique uniquement à l'utilisation et à la vente dans une province donnée.

Les herbicides peuvent être appliqués au sol avant le semis, immédiatement après le semis (prélevée) ou après la levée de la betterave à sucre et des mauvaises herbes (postlevée). Les matières actives qui les composent sont énumérées au tableau 1.

Tableau 1. Matières actives des herbicides homologués pour la culture de la betterave à sucre. Le tableau représente les produits qui étaient homologués en juin 2022Note de bas de page 34
Matière active Groupe d'herbicide/ description Mauvaises herbes ciblées
séthoxydime Groupe 1 (inhibiteurs de l'acétyl CoA carboxylase [ACCase]) Graminées annuelles, folle avoine, semis spontanés de céréales et chiendent commun
triflusulfuron-méthyle Groupe 2 (acétolactate synthétase [ALS] / inhibiteurs de l'acétohydroxyacide-synthétase [AHAS]) Élimination partielle ou sélective des mauvaises herbes à feuilles larges et des graminées nuisibles
clopyralide Groupe 4 (auxines synthétiques) Chardon des champs
phenmédiphame et desmédiphame Groupe 5 (inhibiteurs de la photosynthèse au niveau du photosystème II)
  • chénopode blanc
  • renouée liseron
  • sétaire verte
  • sétaire glauque
  • moutarde
  • amarante
  • morelle
  • kochia à balais
  • chénopodes
  • herbe à poux
  • tabouret des champs
glyphosate
(uniquement pour les variétés de betterave à sucre tolérantes au glyphosate)
Groupe 9 (inhibiteurs de la 5-énolpyruvylshikimate-3-phosphate synthétase [EPSPS])  Mauvaises herbes annuelles et vivaces
S-métolachlore et énantiomère R Groupe 15 (inhibiteurs de la croissance et de la division cellulaires) Morelles et graminées annuelles
S-éthyl dipropylthiocarbamate (EPTC) Groupe 15 (inhibiteurs de la croissance et de la division cellulaires) Élimination sélective des graminées annuelles, des mauvaises herbes à feuilles larges et des mauvaises herbes vivaces
triallate Groupe 15 (inhibiteurs de la croissance et de la division cellulaires) Folle avoine
éthofumesate Groupe 16 Mauvaises herbes à feuilles larges annuelles et graminées nuisibles

4.4 Flux génétique associé à la production commerciale de semences et de biomasse

Le B. vulgaris n'est pas envahissant dans les milieux naturels au Canada. Ainsi, le risque de flux génétique vers des populations sauvages de B. vulgaris est négligeable.

Actuellement, les semences de betterave à sucre ne font l'objet d'aucune production commerciale au Canada. La betterave à sucre est à l'état végétatif au cours de sa première année de croissance, et les racines de la plante ne survivent pas au froid hivernal canadien (la plante est tuée par les températures inférieures à -5 °C)Note de bas de page 35; les cultures destinées à la production de sucre représentent donc une faible préoccupation. L'Association canadienne des producteurs de semences (ACPS) a établi des normes pour la production de semences de B. vulgaris des catégories Fondation, Enregistrée et CertifiéeNote de bas de page 36.

4.5 Resemis spontané de la betterave à sucre

Betterave adventice

La betterave adventice, issue de l'hybridation entre la betterave à sucre et la betterave sauvage (B. vulgaris subsp. maritima), est une plante indésirable présente dans les zones cultivées d'EuropeNote de bas de page 37,Note de bas de page 38. La betterave adventice est l'une des mauvaises herbes les plus problématiques pour la production de betterave à sucre en Europe. Sa présence peut être attribuable à la pollinisation de la betterave à sucre par une espèce apparentée sauvage annuelle compatible, à des plantes de betterave montées en graine, à des graines dormantes et aux petites racines laissées en terre après la récolte, qui produisent des fleurs la saison suivante si elles ne sont pas éliminées. Aucune betterave adventice n'a été observée au CanadaNote de bas de page 18. Cette absence peut être attribuable au fait qu'il n'y a pas d'espèces apparentées annuelles au Canada et aux basses températures hivernales.

Resemis spontané de la betterave à sucre

Les semis spontanés de betterave à sucre ne sont pas un enjeu pour la production et ne s'établissent pas de manière persistanteNote de bas de page 37. Des betteraves spontanées issues de racines perdues durant le transport sont rarement observées dans les zones non cultivées comme les fossés ou les bords de routeNote de bas de page 37. Dans les champs de betterave à sucre, les températures basses et les jours longs peuvent entraîner la montaison et la grenaison au cours de la première année. Les graines ainsi produites peuvent engendrer des semis spontanés dans les cultures subséquentesNote de bas de page 37. La betterave à sucre est tuée à des températures inférieures à -5 °CNote de bas de page 39. Les basses températures hivernales du Canada ne permettent donc pas à la betterave à sucre de survivre, et les plantes issues de graines produites par les betteraves ayant connu une montaison précoce ne persistent pas plus de quelques mois dans l'environnement.

Dormance des graines

Aucune étude n'a évalué la durée de survie des graines de betterave à sucre dans le réservoir de semences du sol au Canada. En outre, l'information existante est limitée en ce qui concerne la dormance des graines de la betterave à sucre. La documentation publiée indique que la dormance des graines est attribuable à des substances du péricarpe qui inhibent la germinationNote de bas de page 40,Note de bas de page 41,Note de bas de page 42. Le retrait du péricarpe entraîne une germination complète, ce qui indique que les semences ne sont pas en elles-mêmes dormantes et que la présence du péricarpe est responsable de la germination tardiveNote de bas de page 41. De récents rapports indiquent que la dormance a été éliminée par les activités de sélection chez le B. vulgaris cultivé, mais qu'elle demeure présente chez les espèces apparentées sauvagesNote de bas de page 43,Note de bas de page 44. Ces renseignements sont soutenus par une expérience de germination des graines de cultivars de B. vulgaris, au cours de laquelle un taux faible à nul de dormance des graines a été observéNote de bas de page 45.

Capacité de devenir une mauvaise herbe

Le B. vulgaris ne figure pas dans l'Arrêté de 2016 sur les graines de mauvaises herbes. Il n'est pas considéré comme un organisme nuisible ou une mauvaise herbe dans les écosystèmes aménagés du Canada, ni comme une espèce envahissante dans les écosystèmes naturels du pays. Rien n'indique que le B. vulgaris présente des caractéristiques propres aux mauvaises herbes ou aux organismes nuisibles au Canada.

4.5.1 Lutte culturale et mécanique

Les semis spontanés de la betterave à sucre n'ont pas une bonne capacité de concurrence contre les autres plantes cultivées dans la rotation. De plus, les semis spontanés de la betterave à sucre sont éliminés par les pratiques normalement utilisées pour la production des cultures qui suivent la betterave à sucre dans les rotationsNote de bas de page 37. Les semis spontanés survivants peuvent facilement être éliminés au moyen de méthodes mécaniques comme le labour effectué entre les différentes cultures de la rotation et le désherbage manuelNote de bas de page 37.

4.5.2 Lutte chimique

Il n'y a actuellement aucun herbicide homologué spécifiquement pour lutter contre les semis spontanés de betterave à sucre; toutefois, ceux-ci peuvent être éliminés au moyen des herbicides destinés à lutter contre les mauvaises herbes dans les cultures concernéesNote de bas de page 34. En Alberta, les semis spontanés de betterave à sucre sont facilement éliminés au moyen des herbicides ciblant les mauvaises herbes à feuilles larges dans les cultures céréalièresNote de bas de page 37. En Ontario, dans les cultures de petites céréales et de maïs, les herbicides du groupe 4 sont efficaces pour lutter contre les semis spontanés de betterave à sucreNote de bas de page 37.

4.5.3 Lutte intégrée contre les mauvaises herbes

La lutte intégrée contre les mauvaises herbes fait appel à une combinaison de méthodes biologiques, mécaniques et chimiques pour lutter contre les populations de mauvaises herbes et maximiser les rendements économiques. Aucune stratégie de lutte intégrée n'a été conçue précisément pour lutter contre les semis spontanés de betterave à sucre. Toutefois, ceux-ci seront probablement éliminés par les mesures de lutte intégrée ciblant d'autres espèces de mauvaises herbes. Il pourrait devenir nécessaire d'élaborer un plan de lutte intégrée ciblant la betterave à sucre si des variétés tolérantes aux herbicides étaient cultivées, car les options de lutte chimique seraient alors limitées, ou si les semis spontanés de betterave à sucre devenaient un enjeu pour la production.

4.6 Modes de déplacement et de dispersion

Les mécanismes de déplacement et de dispersion des graines du B. vulgaris sont peu connus. Le B. vulgaris ne produit pas un nombre élevé de grainesNote de bas de page 46. Les graines du B. vulgaris peuvent être dispersées par les organismes qui les consomment. Leur capacité d'établissement peut dépendre du milieu où elles se retrouvent; aucune population à l'état sauvage importante n'a été signalée en milieu naturel au Canada. Il est plus probable que des racines pivotantes de la betterave à sucre soient dispersées durant la manutention et le transport.

5. Espèces apparentées au B. vulgaris

5.1 Hybridation interspécifique et intergénérique

Il est important, pour l'évaluation de l'impact potentiel sur l'environnement de la dissémination en milieu ouvert de la betterave à sucre génétiquement modifiée, de tenir compte des risques d'hybridation interspécifique et intergénérique entre l'espèce cultivée et les espèces apparentées. Une telle hybridation pourrait entraîner l'introgression des caractères nouveaux chez ces espèces apparentées et :

Le genre Beta, auquel appartient la betterave à sucre, regroupe 14 espèces et sous-espèces reconnues, réparties entre 4 sections (voir le tableau 2). Toutes les données semblent indiquer que le B. vulgaris peut s'hybrider avec seulement certains membres de la section Beta,Note de bas de page 47. Il est improbable qu'un croisement survienne entre le B. vulgaris cultivé et les espèces des sections autres que la section Beta.

Section Beta (anciennement Vulgares)

Le B. vulgaris et certains membres de la section Beta peuvent s'hybrider lorsqu'ils sont présents à un même endroit.

Le B. vulgaris subsp. maritima, le B. macrocarpa, le B. patula et le B. vulgaris subsp. adanensis sont toutes des espèces sauvages compatibles avec le B. vulgarisNote de bas de page 6,Note de bas de page 18,Note de bas de page 46. Toutefois, des taux d'hybridation inférieurs ont été constatés entre le B. vulgaris et le B. macrocarpaNote de bas de page 46,Note de bas de page 47,Note de bas de page 48. D'autres études ont révélé l'existence de barrières génétiques entre ces 2 espèces, entraînant la production d'un pollen partiellement stérile et l'avortement de l'embryon chez l'hybrideNote de bas de page 49. En outre, le B. macrocarpa et le B. vulgaris ont des périodes de floraison différentes et s'hybrident donc rarementNote de bas de page 50.

Parmi les formes sauvages qui peuvent s'hybrider avec le B. vulgaris, seul le B. vulgaris ssp. maritima et le B. vulgaris ssp. macrocarpa sont présents en Amérique du Nord. Ces formes sont limitées à la Californie, où elles constituent des populations isolées, et ne se trouvent pas à proximité des zones de production de semences de betterave à sucre de cet État.

Aucune espèce sexuellement compatible avec le B. vulgaris n'est naturellement présente au Canada. En conséquence, en dehors des programmes d'amélioration, le risque de flux génétique entre espèces est faible.

Section Corollinae

Des hybrides artificiels ont été obtenus avec des espèces de la section Corollinae. Toutefois, de tels hybrides sont hautement stériles et produisent rarement des graines lorsqu'ils sont rétrocroisés au B. vulgarisNote de bas de page 46. En général, il n'est pas nécessaire d'utiliser une espèce pont, mais le B. vulgaris ssp. maritima a permis d'introduire des caractères du B. trigyna chez le B. vulgaris.

Section Nanae

Aucun hybride n'est issu du croisement entre la betterave cultivée et le B. nana de la section Nanae.

Section Procumbentes (anciennement Patellares)

Il a été très difficile de produire des hybrides artificiels entre le B. vulgaris et les espèces de la section Procumbentes. Les hybrides se nécrosent et meurent au stade de semisNote de bas de page 46. On peut obtenir des plantes viables en greffant des hybrides sur la betterave à sucre. Ces hybrides sont presque complètement stériles, et les sujets fertiles produisent peu de graines lorsqu'ils sont rétrocroisés avec le B. vulgaris,Note de bas de page 46. Les chromosomes des espèces de la section Procumbentes ne s'apparient pas à ceux de la section BetaNote de bas de page 48.

Tableau 2. Taxinomie du genre Beta (d'après,Note de bas de page 46,Note de bas de page 47,Note de bas de page 51,Note de bas de page 52,Note de bas de page 53)
Section 1 : Beta Tranzschel
Espèce Nombre chromosomique
B. vulgaris L. subsp. vulgaris 18
B. vulgaris L. subsp. maritima (L.) Arcang 18
B. vulgaris L. subsp. adanensis (Pam.) Ford-Llyod & Williams 18
B. patula (Ait.) 18, 36
B. macrocarpa Guss. 18, 36
Section 2 : Corollinae Ulbrich
Espèce Nombre chromosomique
B. macrorhiza (Stev.) 18
B. lomatogona (Fish et Mey.) 18, 36
B. corolliflora (Zos.) 36
B. trigyna (Wald et Kit.) 36, 54
B. intermedia (Bunge) 36, 45
Section 3 : Nanae Ulbrich
Espèce Nombre chromosomique
B. nana (Bois. Et Held.) 18
Section 4 : Procumbentes Ulbrich (syn. Patellares)
Espèce Nombre chromosomique
B. procumbens (Chr. Sm.) 18
B. webbiana (Moq.) 18
B. patellaris (Moq.) 18, 36

5.2 Risque d'introgression génétique depuis le B. vulgaris vers des espèces apparentées

Aucune espèce apparentée au B. vulgaris n'est naturellement présente au Canada. En l'absence d'espèce sexuellement compatible avec le B. vulgaris au Canada, le risque de flux génétique interspécifique est négligeable.

6. Interaction possible entre le B. vulgaris et d'autres organismes vivants

Le B. vulgaris concurrence difficilement les mauvaises herbes, particulièrement en début de saison. La lutte contre les mauvaises herbes est essentielle du stade de cotylédons jusqu'au stade de 12 feuilles. Dans les champs où les mauvaises herbes ne sont pas supprimées et où on trouve des mauvaises herbes hautes, comme le Chenopodium album (chénopode blanc), les pertes de rendement peuvent atteindre 95 %Note de bas de page 54. Ce scénario est toutefois peu probable en contexte commercial, et les pertes de rendement attribuables aux mauvaises herbes sont généralement minimes lorsque des mesures de lutte sont appliquées.

Plusieurs insectes peuvent s'attaquer aux plantes en développement. La mouche de la betterave à sucre est un ravageur d'importance en Alberta, mais peut être inhibée au moyen d'un traitement insecticide pour semences. Autres invertébrés nuisibles :

Les principales maladies touchant les plantules de la betterave à sucre sont causées par des pathogènes des genres suivants :

Les principales maladies touchant les racines de la betterave à sucre sont causées par des pathogènes des genres suivants :

Les maladies foliaires sont minimes en Alberta, grâce au faible taux d'humidité et aux températures nocturnes relativement fraîches en été. En Ontario, la cercosporose est la principale maladie foliaire d'importance économique touchant la betterave à sucreNote de bas de page 55,Note de bas de page 56,Note de bas de page 57. Cette maladie est causée par le Cercospora beticola, champignon pathogèneNote de bas de page 55,Note de bas de page 56. Plusieurs fongicides foliaires et matières actives sont homologués au Canada pour lutter contre la cercosporose dans les cultures de betterave à sucreNote de bas de page 57. L'alternariose est une maladie émergente dans la région productrice au MichiganNote de bas de page 58. Elle a aussi été signalée en Ontario, mais on ignore quelles sont les répercussions potentielles exactes de cette maladie dans la provinceNote de bas de page 59.

La rotation des cultures et les fongicides sont des outils importants pour lutter contre le nématode à kyste et de nombreuses maladies touchant la betterave à sucre; la betterave à sucre ne doit pas être cultivée à une fréquence de plus de 4 ans et doit être alternée avec une céréale ou du foin dans la rotationNote de bas de page 16. Le nématode à kyste n'a pas été signalé dans les cultures de betterave à sucre en Ontario. Les champs de betterave à sucre font l'objet d'une surveillance annuelle en Alberta, et la détection du nématode à kyste entraînerait l'arrêt de la production dans le champ touchéNote de bas de page 60.

Une résistance ou une tolérance génétiques existent dans le cas de certaines maladies, mais les sélectionneurs sont constamment à la recherche d'outils de lutte génétiques qui contribueraient à une lutte durable à long termeNote de bas de page 23. Des recherches sont en cours en Ontario en vue de la mise au point de variétés de betterave à sucre présentant une résistance améliorée à la cercosporoseNote de bas de page 57.

Pour obtenir des exemples d'interactions entre le B. vulgaris et d'autres organismes vivants au cours de son cycle de vie, veuillez consulter les tableaux ci-dessous.

Abréviations utilisées dans les tableaux

C.-B.
Colombie-Britannique
Alb.
Alberta
Sask.
Saskatchewan
Man.
Manitoba
Ont.
Ontario
Qc
Québec
N.-B.
Nouveau-Brunswick
N.-É.
Nouvelle-Écosse
Î.-P.-É.
Île-du-Prince-Édouard
T.-N.-L.
Terre-Neuve-et-Labrador
Tableau 3 : champignons et oomycètes
Champignons et oomycètes Interaction avec le Beta vulgaris (pathogène; symbionte ou organisme bénéfique; consommation; transfert de gènes) Présence au Canada Référence(s)

Cercosporose

  • Cercospora beticola
Pathogène Répandu Alberta Agriculture and Rural Development, 2014Note de bas de page 61
OMAFRA, 2021Note de bas de page 62
Tedford, Burlakoti et al., 2019Note de bas de page 57
Tedford, Burlakoti et al., 2018Note de bas de page 55
Trueman, Hanson et al., 2017Note de bas de page 56

Maladies touchant les plantules

  • Pythium ultimum
  • P. aphanidermatum
  • Aphanomyces cochlioides
  • Rhizoctonia solani
Pathogène Répandu OMAFRA, 2016Note de bas de page 63
OECD, 2006Note de bas de page 46

Rhizoctone commun
Maladies touchant les plantules

  • Rhizoctonia solani
Pathogène Répandu OMAFRA, 2021Note de bas de page 62
Fusarium spp. Pathogène Répandu OMAFRA, 2021Note de bas de page 62

Oïdium (blanc)

  • Erysiphe betae
Pathogène Répandu OMAFRA, 2021Note de bas de page 62
OECD, 2006,Note de bas de page 46

Alternariose

  • Alternaria spp.
Pathogène Répandu Morrall, 2013Note de bas de page 64
Tableau 4 : nématodes
Nématodes Interaction avec le Beta vulgaris
(pathogène; symbionte ou organisme bénéfique; consommation; transfert de gènes)
Présence au Canada Référence(s)

Nématode à kyste

  • Heterodera schachtii
Consommation Répandu, mais n'a pas été signalé dans la production de betterave à sucre en Ont. OECD, 2006Note de bas de page 46
Morrall, 2013Note de bas de page 64
Tableau 5 : insectes
Insectes Interaction avec le Beta vulgaris
(pathogène; symbionte ou organisme bénéfique; consommation; transfert de gènes)
Présence au Canada Référence(s)

Pégomyie de la betterave

  • Pegomya betae
Consommation Alb., Ont., C.‑B. Alberta Agriculture and Rural Development, 2014Note de bas de page 61
OMAFRA, 2021Note de bas de page 62
OMAFRA, 2016Note de bas de page 63

Tisseuse de la betterave

  • Loxostege sticticalis
Consommation Répandu Alberta Agriculture and Rural Development, 2014Note de bas de page 61

Vers gris

  • Euxoa spp.
Consommation Répandu OMAFRA, 2016Note de bas de page 63
OMAFRA, 2021Note de bas de page 62

Altises

  • Psylliodes punctulata Melsheimer
Consommation Répandu OMAFRA, 2016Note de bas de page 63
OMAFRA, 2021Note de bas de page 62

Criquets

  • Melano plus spp.
Consommation Répandu Alberta Agriculture and Rural Development, 2014Note de bas de page 61
Kaur, 2021Note de bas de page 65

Silphe de l'épinard

  • Silpha bituberosa
Consommation Alb. Alberta Agriculture and Rural Development, 2014Note de bas de page 61
Kaur, 2021Note de bas de page 65

Puceron de la betterave à sucre

  • Pemphigus betae
Consommation Répandu OECD, 2006Note de bas de page 46
Harper, 1963Note de bas de page 66
Morrall, 2013Note de bas de page 64

Mouche de la betterave à sucre

  • Tetanops myopaeformis
Consommation Alb., MB Daley et Wenninger, 2018Note de bas de page 67

Taupins

  • Elateridae
Consommation Répandu OMAFRA, 2021Note de bas de page 62
OMAFRA, 2016Note de bas de page 63
Pollinisateurs Consommation; symbionte ou organisme bénéfique Répandu Free, Williams et al., 1975Note de bas de page 68

Cicadelles

  • Cicadellidae spp.
Consommation Répandu OMAFRA, 2021Note de bas de page 62

Tétranyques

  • Tetranycgus spp.
Consommation Répandu OMAFRA, 2021Note de bas de page 62

Vers blancs

  • Phyllophaga spp.
Consommation Répandu OMAFRA, 2016Note de bas de page 63
Tableau 6 : animaux
Animaux Interaction avec le Beta vulgaris
(pathogène; symbionte ou organisme bénéfique; consommation; transfert de gènes)
Présence au Canada Référence(s)

Brouteurs, notamment :

  • cerf
  • lièvre
  • lapin
  • rongeurs
Consommation Répandu OECD, 2006Note de bas de page 46
Vereijssen, Schneider et al., 2007Note de bas de page 69
Oiseaux Consommation Répandu Dunning, 1974Note de bas de page 70
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