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Fouiller dans le passé et semer des graines pour l'avenir

Fort de plus de 110 ans d'histoire, le laboratoire de Sidney de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), également connu sous le nom de Centre pour la protection des végétaux, accueillera bientôt une toute nouvelle installation en sciences de la protection des végétaux.

Le Centre de la santé des plantes (CPH) est situé sur la péninsule de Saanich, sur l'île de Vancouver, sur le territoire traditionnel des peuples W̱sáneć. Cela comprend les Premières nations W̱jołełp (Tsartlip), W̱sĺḵem (Tseycum), SȾáutw̱ (Tsawout), Boḱećen (Pauquachin) et MálexeȽ (Malahat). Il s'agit de peuples Salish du littoral qui vivent depuis des milliers d'années sur le territoire maintenant connu sous le nom de péninsule de Saanich, et dans les régions avoisinantes.

Avant le début de la construction, des bénévoles ont fouillé dans des archives et des artéfacts datant de plus d'un siècle. Leurs trouvailles sont comme une capsule temporelle de la recherche agricole et horticole au Canada et offrent un aperçu de l'histoire de la région.

Depuis sa création en 1912, le Centre a été connu sous de nombreux noms : la Ferme expérimentale fédérale, la Ferme expérimentale de Saanichton, la Station de recherche et de quarantaine des végétaux de Saanichton, le Centre pour la protection des végétaux, le Laboratoire de Sidney, et même la « vieille ferme expérimentale » par certains résidents de longue date.

Utilisations traditionnelles et liens avec la terre

Depuis des temps immémoriaux, les peuples Salish du littoral sont les gardiens de la terre où se trouve maintenant le Centre. Le site surplombe les magnifiques vues de la baie Bazan, une zone appelée Ḱelset (Kwol-sit) dans le dialecte local des Salish du littoral, le Senćoŧen. Ḱelset se traduit par « écoper » en français, une référence à l'importance de la région en tant que port sûr pour les canoës lors des voyages en mer pour le commerce et les voyages vers les villages voisins au Canada et aux États-Unis. C'était et c'est toujours un lieu de récolte d'aliments comme le poisson, les oursins et les œufs de mouette.

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Garry au parc Camrose
Lys de Camas et chêne de Garry au parc Camrose à Saanich, en Colombie-Britannique. Source : Lotus Johnson

Les connaissances, les compétences et la compréhension de l'environnement naturel des peuples Salish du littoral leur ont permis de se nourrir, de construire, de se soigner et de prospérer. Ils ont également été les premiers botanistes de la région, protégeant l'environnement naturel et sa biodiversité.

Les terrains entourant le Centre comprennent des écosystèmes de chêne de Garry exceptionnellement rares. Les chênes de Garry sont des arbres à feuilles caduques et à larges feuilles dont les prairies adjacentes abritent la plus grande biodiversité végétale de la côte de la Colombie-Britannique.

Les Salish du littoral géraient ces écosystèmes par des brûlages contrôlés afin de favoriser la croissance des lys camas – des racines comestibles qui constituaient une importante source de nourriture de base. Les bulbes de camas étaient si importants que la région de Victoria était connue sous le nom de « Camosun » ou « lieu de cueillette des camas ». La gestion de ces écosystèmes a amélioré la santé des prés de chênes de Garry, fournissant plus de nourriture aux wapitis et aux cerfs et contribuant probablement à contrôler les insectes envahissants, les parasites et les maladies.

Avec l'arrivée des colons européens au milieu des années 1800, l'utilisation des terres a été modifiée, des espèces non indigènes ont été introduites et les modes de vie autochtones ont été perturbés. Une grande partie de la flore et de la faune uniques de l'île a été endommagée.

Aujourd'hui, l'écosystème du chêne de Garry est l'un des plus menacés au Canada. Les organismes de conservation et les ministères consultent les Premières nations locales pour en savoir plus sur leurs techniques traditionnelles de préservation de ces écosystèmes uniques, soulignant ainsi l'importance et la valeur continues du savoir autochtone dans la science phytosanitaire et la protection de notre environnement.

Un bref historique du Centre

En 1911, le gouvernement du Canada a acheté la ferme Veitch, 50 hectares sur la péninsule Saanich de l'île de Vancouver, près de Sidney, en Colombie-Britannique. Le terrain a été acheté à la British Columbia Electric Railway Company pour 500$ l'hectare afin d'établir une nouvelle station expérimentale du Dominion.

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Une carte du système de fermes et de stations expérimentales
Une carte du système de fermes et de stations expérimentales du Canada en 1925, y compris Sidney, en Colombie-Britannique. Source : Les fermes expérimentales fédérales

Le site sera utilisé pour la recherche agricole afin de soutenir les agriculteurs canadiens, et fera partie d'un système de fermes et de stations expérimentales qui s'étendront à travers le Canada. Voici les activités de recherche qui étaient menées sur ce nouveau site :

Les décennies suivantes ont été marquées par des recherches révolutionnaires dans les domaines suivants :

Un article paru dans le Victoria Daily Times
Un article paru dans le Victoria Daily Times le 29 juillet 1911, sur l'achat de la ferme Veitch par le gouvernement du Canada. Voir un PDF de l’article complet du « Victoria Daily Times » du 29 juillet 1911 (voir page 15, en anglais seulement).

Le site a fini par inclure des laboratoires de phytopathologie et d'entomologie, axés sur les cultures ornementales et les cultures de serre.

En 1965, le ministère de l'Agriculture a établi une station de quarantaine à l'entrée sur le site afin de prévenir la propagation de maladies provenant de végétaux introduits au Canada. Grâce à son climat modéré et à son isolement relatif par rapport aux grandes exploitations agricoles commerciales, la station était considérée comme un endroit idéal pour la quarantaine végétale. Ce nouveau rôle a rehaussé l'importance nationale du site à l'égard des sciences de la protection des végétaux. Aujourd'hui, le Centre pour la protection des végétaux demeure la seule installation de quarantaine, de recherche et de diagnostic à l'entrée du Canada pour les végétaux horticoles importés, y compris les arbres fruitiers, les vignes et les petits fruits.

Dans les années 1970 et 1980, un partenariat avec l'industrie et le ministère de l'Agriculture de la Colombie-Britannique a mené à des développements importants dans la production et l'utilisation d'agents de lutte biologique dans les serres. Les agents de lutte biologique sont des organismes utilisés contre les phytoravageurs, par exemple les guêpes parasitoïdes utilisées pour lutter contre l'agrile du frêne, un coléoptère envahissant. L'installation a continué à évoluer au fur et à mesure que les tests diagnostiques ont progressé et que de nouvelles menaces pesant sur la santé des végétaux sont apparues. La station a été intégrée au réseau de laboratoires de l'ACIA lors de la création de l'Agence en 1997 et a été rebaptisée du nom de Centre pour la protection des végétaux.

Des découvertes surprenantes

Linda Ball est l'une des bénévoles qui examinent les documents au Centre pour la protection des végétaux. Auparavant, elle était bénévole au musée de Sidney (en anglais seulement), et sa fille Patricia travaille actuellement au Centre pour la protection des végétaux.

Linda a passé en revue les livres, les dossiers et les spécimens à potentiellement inclure dans le musée et a trouvé de nombreux articles intéressants. « Je vis à Victoria et dans la péninsule de Saanich depuis plus de 80 ans. J'ai toujours été au courant de l'existence de la Ferme expérimentale fédérale, mais je n'ai jamais vraiment su sur quoi portaient leurs expériences », explique Linda.

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Spécimens d'entomologie
Une collection de spécimens d'entomologie au Centre pour la protection des végétaux. Source : Patricia Ball.

Linda a été impressionnée par la précision des documents qu'elle a trouvés, jusqu'au coût de l'avoine pour les chevaux qui ont défriché et labouré la terre au cours des premières années d'exploitation. En parcourant les documents, Linda a remarqué plusieurs références à la détection du nématode doré (Globodera rostochiensis) par les scientifiques à ce qui s'appelait alors la Ferme expérimentale de Saanichton en 1965.

Linda se souvient avoir travaillé dans les années 1960 dans un kiosque agricole de la région rurale de Saanich, où on vendait surtout des pommes de terre, jusqu'à ce que l'agriculteur pour lequel elle travaillait se mette soudainement à cultiver et à vendre des carottes. « Quel plaisir que de travailler sur le convoyeur à bande, de laver et de trier les carottes », se souvient-elle avec émotion. Jusqu'à ce qu'elle ait consulté les archives du Centre pour la protection des végétaux, Linda n'avait jamais compris que l'agriculteur avait soudainement changé ses activités en raison des recommandations des scientifiques de la Ferme expérimentale de Saanichton. L'agriculteur avait cessé de cultiver des cultures hôtes vulnérables au nématode doré dans le cadre des efforts déployés pour contrôler et limiter la propagation de ce ravageur.

Parc Dominion Brook

L'environnement idyllique du Centre pour la protection des végétaux, qui descend vers la mer des Salish, est un endroit magnifique pour profiter de la nature et des vues panoramiques.

Le parc Dominion Brook s'étend sur 4,5 hectares loués par le gouvernement du Canada au district de North Saanich, à l'extrémité nord de la propriété du Centre pour la protection des végétaux. Le parc a été créé en 1912 en tant qu'arborétum et jardin d'ornement.

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Jody Aylard, ancienne présidente de la Friends of Dominion Brook Park Society, est l'une des bénévoles qui parcourent les archives du Centre pour la protection des végétaux. Elle s'intéresse de près à l'histoire du site en ce qui concerne le parc.

La Friends of Dominion Brook Park Society a découvert des documents d'archives sur les commandes et les plantations des premières années du parc qui montrent l'étendue et la diversité des spécimens acquis. En octobre 1913, la Ferme expérimentale fédérale a commandé toute la gamme de 50 espèces de pivoines, deux de chaque variété, à l'aide du catalogue de la collection de pivoines arbustives de la pépinière de Yokohama (en anglais seulement), au Japon. La Ferme expérimentale fédérale a également commandé 148 espèces différentes au célèbre Arnold Arboretum de l'Université de Harvard en 1913. Un certain nombre de plantes sont attribuées à de célèbres collectionneurs de plantes de l'époque, dont Ernest Wilson et William Purdom. « Nous avons encore des spécimens qui poussent dans le parc depuis les premières plantations de 1913 », explique Jody. « Vous pouvez vous promener sur les terrains et voir certains des premiers travaux effectués dans le parc, tant sur le plan structurel que sur celui des spécimens de plantes, et ce, d'aussi loin que les premières années de la ferme expérimentale. »

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L'ère du chemin de fer

À une époque, il y avait des droits de passage pour deux chemins de fer partant de Victoria et traversant la propriété du Centre pour la protection des végétaux. Lorsque la gare a été créée, les chemins de fer de Victoria et de Sidney étaient déjà en service depuis 1894. En 1913, la British Columbia Electric Railway a également ouvert une nouvelle ligne de Victoria à North Saanich.

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Les deux lignes avaient des stations sur le terrain et amenaient de grands groupes au parc Dominion Brook pour des rassemblements familiaux et des vacances. Dans les années 1920, les deux chemins de fer avaient cessé leurs activités, mais leurs trajets à travers le site ont contribué à faire du parc Dominion Brook et du Centre pour la protection des végétaux des éléments importants de l'histoire sociale de la péninsule de Saanich.

Aujourd'hui, la gare de la British Columbia Electric Railway se trouve toujours dans le parc. Elle a été déplacée de quelques centaines de mètres vers l'ouest et sert désormais d'abri de pique-nique. Le parc est toujours un lieu de pique-nique populaire pour les résidents et les visiteurs. Construit en 1929, le pavillon du Centre pour la protection des végétaux est encore debout aujourd'hui. Il a également été utilisé comme salle communautaire et a accueilli des activités culturelles pour les résidents pendant plusieurs décennies. Le plus ancien bâtiment qui subsiste sur le site, anciennement l'étable et l'atelier d'usinage, a été construit en 1916 et est maintenant un édifice fédéral du patrimoine reconnu.

L'ancienne gare de la British Columbia Electric Railway, qui sert maintenant d'abri de pique-nique dans le parc Dominion Brook. Source : Jody Aylard.
Vue vers l'est depuis le côté ouest de la propriété du Centre pour la protection des végétaux, autour de 1929. Le pavillon, souvent utilisé comme salle communautaire, est visible en haut à droite (il a depuis été peint en blanc). Source : Patricia Ball.

Un nouveau chapitre pour le Centre pour la protection des végétaux

En raison des travaux à venir au Centre pour la protection des végétaux, il sera difficile d'appeler le site « l'ancienne ferme expérimentale ». Les nouvelles installations permettront aux scientifiques et aux collaborateurs de l'ACIA de disposer d'installations de pointe et d'outils modernisés pour faire progresser la phytologie tout en soutenant l'agriculture canadienne, le commerce mondial et la croissance économique.

La plupart des bâtiments actuels du Centre sont des granges et des maisons à ossature en bois, construites entre 1912 et 1961. Le fait de disposer d'une nouvelle serre construite à cet effet et d'un bâtiment adjacent avec un espace de préparation et de laboratoire améliorera l'efficacité et accroîtra la capacité des scientifiques de l'ACIA. Cela permettra de détecter les maladies des plantes plus rapidement et avec plus de précision, ce qui est essentiel pour assurer la sécurité des Canadiens, des entreprises agroalimentaires, du commerce et de l'environnement. L'installation offrira également un espace supplémentaire pour la collaboration scientifique avec des experts. Cela fera progresser la recherche, les priorités et les initiatives dans le domaine des sciences de la protection des végétaux au Canada et à l'étranger.

Une cérémonie de bénédiction du site, tenue le 21 septembre 2022, a renforcé l'engagement de l'ACIA à honorer les communautés locales des Premières nations. Des artistes des Premières Nations locales intégreront des histoires Salish du littoral dans la conception et les œuvres d'art du site et des bâtiments, et les plantes utilisées dans l'aménagement paysager seront des espèces indigènes ou adaptées localement qui s'inspirent des histoires autochtones et des utilisations traditionnelles. Des représentants des peuples W̱sáneć ont également supervisé les travaux d'excavation de la construction pour aider à protéger les intérêts autochtones et à établir des relations. Des discussions sont également en cours pour mieux comprendre comment la science, les connaissances et les traditions autochtones peuvent contribuer aux travaux en cours du Centre dans le domaine de la science phytosanitaire.

Les nouvelles installations s'appuieront sur la célèbre histoire du Centre pour la protection des végétaux et offriront des outils et une infrastructure modernes pour aider les nouvelles générations de scientifiques à faire progresser les sciences de la protection des végétaux au Canada. Ce prochain chapitre continuera à renforcer l'importance du Centre pour les communautés locales et les Canadiens partout au pays.

Les joueurs de tambour W̱SÁNEĆ
Les joueurs de tambour W̱sáneć interprètent un chant de célébration lors de la cérémonie de bénédiction du site. Source : Matthew Niizeki.
Conception de la nouvelle installation du Centre pour la protection des végétaux de Sidney, vue aérienne du nord-ouest.

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