Mesures préventives pour la production hygiénique de graines germées

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Introduction

Le présent document présente des renseignements sur les bonnes pratiques agricoles et les bonnes pratiques d'hygiène propres à la production de graines germées destinées à être consommées crues. Il contient, d'une part, des recommandations précises sur la production des germes et, d'autre part, des recommandations générales sur la culture des graines à germer.

Définitions

Aux fins du présent document, les définitions suivantes s'appliquent.

Distributeur de graines :
Personne chargée de la distribution (manipulation, entreposage et transport) de graines aux producteurs de germes. Le distributeur de graines peut traiter avec un ou plusieurs producteurs de graines ou être lui-même producteur.
Producteur de graines :
Personne chargée de la gestion des activités associées à la production primaire de graines, y compris les pratiques consécutives à la récolte.
Lot de graines :
Quantité de graines produite et manipulée (p. ex., graines cultivées selon des pratiques agricoles semblables sur la même terre et récoltées pendant la même période).
Eau d'irrigation usée :
Eau qui a coulé sur et à travers les germes.
Lot de germes :
Quantité de germes produite et manipulée dans des conditions uniformes avec le moins de variations possible (p. ex., germes issus d'un même lot de graines, produits et récoltés en même temps et soumis aux mêmes méthodes de désinfection et de culture, à l'aide du même type d'équipement).
Producteur de germes :
Personne chargée de la gestion des activités associées à la production de graines germées.
Graine germée :
Graine germée destinée à la consommation humaine. Cela inclut les graines cultivées en terre.

Production des graines à germer

Une contamination microbienne et chimique peut survenir durant la culture ou la récolte des graines au champ ou durant leur entreposage ou leur transport. La salubrité des germes est fortement liée à l'efficacité des mesures de prévention employées à la ferme pour empêcher la contamination des graines. Il est recommandé que les producteurs de graines à germer utilisent de bonnes pratiques agricoles à toutes les étapes, soit durant l'ensemencement, la culture, la récolte, le nettoyage, l'entreposage et le transport. Les producteurs de germes peuvent recommander que les producteurs de graines adoptent de bonnes pratiques agricoles et leur fournissent la preuve que le produit a été cultivé de la manière prescrite.

Engrais naturels

Le compostage et d'autres traitements (y compris les conditions environnementales) peuvent permettre la réduction des agents pathogènes dans le fumier, les biosolides et les autres engrais naturels, mais ils ne peuvent les éliminer complètement. Il est particulièrement important de prévenir la contamination microbienne au cours de la production des graines, car les agents pathogènes risquent de se multiplier par la suite durant le processus de germination.

Eau à usage agricole

L'eau utilisée pour l'irrigation et d'autres activités agricoles est une source potentielle de contamination microbienne.

  • Évaluer la source d'eau employée à la ferme (puits, canal à ciel ouvert, réservoir, eau d'irrigation recyclée, aqueduc, rivières, lacs, eaux souterraines, etc.), vérifier son innocuité et contrôler les sources potentielles de contamination.
  • Éviter d'utiliser de l'eau qui est contaminée, ou soupçonnée de l'être, par des déchets d'origine animale ou humaine.

Récolte

  • Régler l'équipement de récolte de manière à réduire le plus possible l'entrée de terre et le débarrasser des débris et de la terre accumulés avant la récolte.
  • Nettoyer et inspecter le matériel de manutention (tarières, convoyeurs, etc.).
  • Nettoyer et désinfecter les camions de transports, les wagons, etc. s'ils servent à transporter du fumier et de la terre.
  • Nettoyer les cellules d'entreposage, sacs et autres contenants et s'assurer qu'ils sont placés à l'abri des oiseaux et des rongeurs ou entreposés dans une installation visée par des mesures de lutte contre les rongeurs.
  • Éviter d'utiliser les graines endommagées ou atteintes de maladies pour la production de germes, car elles risquent d'être susceptibles à la contamination microbienne.
  • Séparer les lots de graines destinées à la production de germes des produits destinés à l'alimentation animale (p. ex. pour la production de foin).

Conditionnement

Les graines destinées à la germination doivent, dans la mesure du possible, être exemptes de matières étrangères, notamment la terre, les fragments d'insectes, les déjections d'oiseaux et de rongeurs ainsi que les fragments de métal et de verre. Pour le conditionnement, on utilise une variété de pièces d'équipement pour débarrasser les graines de la terre, des graines de mauvaises herbes et d'autres débris. Il faut conditionner les graines de manière hygiénique en employant des méthodes permettant de minimiser les sources potentielles de contamination.

  • L'équipement est facile à nettoyer et, au besoin, à désinfecter.
  • L'équipement est protégé des ravageurs.
  • Tout l'équipement est séché à fond (air comprimé, brosses, etc.) entre les lots et désinfecté, au besoin.
  • Les responsables des établissements de conditionnement des graines s'assurent que l'équipement n'a pas été employé pour manipuler des produits animaux. Le cas échéant, il est nettoyé et désinfecté à fond avant le nettoyage des graines.

Emballage

L'emballage des graines destinées à la germination est effectué d'une manière hygiénique.

  • L'équipement est facile à nettoyer et, au besoin, à désinfecter.
  • L'équipement est protégé des ravageurs.
  • Des sacs solides sont utilisés (il ne faut pas utiliser de sacs à mailles lâches).
  • Il faut éviter d'utiliser des sacs contaminés ou recyclés.
  • Chaque emballage porte une étiquette indiquant la source et le lot. Si les graines ont été traitées, l'étiquette comporte une mention claire à cet effet.
  • Les graines emballées sont entreposées dans un endroit propre et sec, à l'abri de la vermine et des ravageurs.

Analyses, documents et registres

Les distributeurs de graines doivent analyser chaque lot pour s'assurer qu'il est exempt d'agents pathogènes microbiens comme Salmonella spp. et E. coli O157:H7, en employant des méthodes d'analyse acceptées à l'échelle internationale. L'analyse microbienne des graines peut aider à repérer les lots fortement contaminés. Les producteurs de graines et les producteurs de germes doivent être conscients du fait que, en raison des limites des méthodes d'échantillonnage et d'analyse, l'obtention de résultats négatifs ne garantit pas que les graines sont exemptes d'agents pathogènes microbiens. Il importe d'utiliser des techniques d'échantillonnage aléatoire et de prélever des échantillons de taille suffisante et un nombre suffisant de sous-échantillons afin de représenter le lot le mieux possible.

  • Dans le cas de lots de graines contaminés, éviter d'utiliser les graines pour la production de germes. En outre, il ne faut pas utiliser les autres lots produits dans des conditions semblables (sur les mêmes terres ou avec les mêmes intrants agricoles) et présentant un danger semblable pour la germination. Retenir ces lots jusqu'à ce qu'on puisse les éliminer correctement.

Les producteurs de graines doivent tenir à jour tous les registres concernant leurs activités agricoles (lieu de production, information fournie par les fournisseurs sur les intrants agricoles, numéros de lot des intrants agricoles, données sur l'irrigation, utilisation faite des engrais et des produits chimiques agricoles, données sur la qualité de l'eau, calendriers de nettoyage des locaux, des installations, de l'équipement et des conteneurs et détails sur l'élimination des lots rejetés).

Contrôle de la production des germes

Prévention de la contamination croisée

Durant la production de germes, des mesures efficaces doivent être prises pour prévenir la contamination croisée des graines et des germes. Pour prévenir la contamination croisée, les producteurs de germes peuvent tenir compte des recommandations suivantes :

  • Les circuits empruntés par les employés doivent être conçus de façon à prévenir la contamination croisée des germes. Par exemple, les employés évitent d'effectuer un va-et-vient entre les différentes aires de production. Les employés ne vont pas d'une aire potentiellement contaminée à une aire de germination ou d'emballage, à moins qu'ils ne se soient lavé les mains ou qu'ils n'aient endossé des vêtements protecteurs propres. Des postes de désinfection des bottes sont situés à l'entrée des aires de germination et d'emballage.
  • Les vêtements protecteurs (p. ex., blouses, tabliers) doivent être laissés dans les aires de germination ou d'emballage lorsque l'employé quitte ces aires (p. ex., avant les pauses).

Graines reçues de l'extérieur

En tant que producteur de germes :

  • Recommander aux producteurs de graines d'adopter de bonnes pratiques agricoles.
  • Obtenir des certificats d'analyse relatifs aux agents pathogènes microbiens préoccupants pour les producteurs ou distributeurs de graines pour chaque lot entrant.
  • Tenir à jour des antécédents documentés du respect des exigences par les fournisseurs de graines (p. ex., résultats d'analyse, dossiers de bonnes pratiques agricoles).
  • S'assurer que le nom du producteur ou distributeur de graines, le numéro de lot et le pays d'origine figurent sur l'étiquette de chaque sac de graines. Ces renseignements doivent également être accessibles pour chaque constituant des mélanges de graines.
  • Tenir des registres pour faciliter le retraçage et les procédures de rappels.

Contrôle des graines reçues de l'extérieur

Il faut examiner chaque sac à son arrivée pour minimiser les risques d'introduction de contaminants évidents dans l'établissement. Si des certificats d'analyse ne sont pas fournis par les producteurs ou les distributeurs de graines, les producteurs de germes doivent analyser les lots de graines pour s'assurer qu'ils sont exempts d'agents pathogènes microbiens préoccupants, conformément à la section Analyses, documents et registres ci-dessus.

  • Examiner chaque sac à l'arrivée pour déceler la présence de dommages physiques (p. ex., trous percés par les rongeurs) et de signes de contamination (p. ex., taches, rongeurs, insectes, matières fécales, urine, matières étrangères). Si un sac est endommagé et contaminé ou potentiellement contaminé, son contenu ne doit pas être utilisé pour la production de germes.
  • Lorsque des lots de graines font l'objet d'une analyse visant à déceler la présence d'agents pathogènes microbiens préoccupants, éviter de les utiliser avant que les résultats d'analyse ne soient connus. Les lots de graines pour lesquels des résultats positifs sont obtenus ne doivent pas être utilisés pour la production de germes.
  • Documenter les résultats des analyses et l'élimination des graines contaminées.
  • Utiliser des méthodes d'échantillonnage statistiquement valables.

Entreposage des graines

L'aire d'entreposage des graines doit être propre, sèche, protégée contre les ravageurs et séparée du reste de l'installation. Elle ne doit pas servir à entreposer de l'équipement, des produits chimiques ou des effets personnels.

  • Manipuler et entreposer les graines de manière à empêcher tout dommage et toute contamination.
  • Entreposer les sacs à une certaine distance du plancher et des murs dans des conditions adéquates, de manière à prévenir la prolifération des moisissures et des bactéries et à faciliter les inspections menées aux fins de lutte contre les ravageurs.
  • Entreposer les sacs ouverts dans des contenants fermés ou autrement protégés contre la contamination.

Étapes particulières de la production des germes

Toutes les étapes du traitement antimicrobien des graines (p. ex., rinçage initial et désinfection) doivent se dérouler dans une aire séparée des aires de germination et d'emballage et être conçues de manière à empêcher la contamination des germes par des graines non désinfectées ou par des agents d'assainissement chimiques.

Rinçage initial

Les graines doivent être rincées à fond avant le traitement antimicrobien, de manière à enlever les saletés et à accroître l'efficacité du traitement.

  • Rincer et agiter les graines dans des volumes importants d'eau potable. Répéter l'opération avec de l'eau potable jusqu'à ce que la plus grande partie de la saleté soit enlevée et que l'eau de rinçage demeure claire.
  • Effectuer le processus de rinçage de manière à accroître au maximum la surface de contact avec l'eau (en utilisant des seaux d'eau et des tamis de grande dimension).

Traitement antimicrobien pour les graines

Lorsque les graines destinées à la germination ont été cultivées selon de bonnes pratiques agricoles, puis entreposées et transportées dans des contenants fermés, les risques de contamination par des bactéries pathogènes sont atténués, sans toutefois être éliminés. Les graines doivent subir un traitement antimicrobien visant à réduire le nombre de microorganismes pathogènes. Cependant, il n'existe actuellement aucun traitement qui garantisse l'élimination complète des microorganismes pathogènes dans les graines. Il faut envisager pour les graines un traitement antimicrobien permettant de réduire d'au moins 3 log la quantité d'agents pathogènes microbiens qui sont préoccupants. Parmi les traitements possibles, mentionnons l'exposition à 2 000 ppm d'hypochlorite de calcium ou d'hypochlorite de sodium pendant 15 à 20 minutes ou à du peroxyde d'hydrogène de 6 % à 10 % pendant 10 minutes. La Direction des aliments de la Direction générale des produits de santé et des aliments de Santé Canada pourra évaluer d'autres traitements antimicrobiens pour les graines, si des données suffisantes sont fournies.

Durant le traitement antimicrobien, les producteurs de germes peuvent tenir compte des exigences suivantes :

  • Utiliser une nouvelle solution désinfectante pour chaque lot de germes.
  • S'assurer que les graines sont bien agitées dans des volumes importants de solution désinfectante afin d'accroître au maximum la surface de contact. Le volume de solution désinfectante doit être au moins cinq fois plus important que la quantité de graines (p. ex., pour chaque 5 kg de graines, au moins 25 L de solution désinfectante sont utilisés).
  • Utiliser des désinfectants dont l'utilisation est autorisée sur les aliments.
  • Mesurer et consigner correctement la durée du traitement et la concentration de la solution désinfectante utilisée.
  • Mettre des mesures rigoureuses en place pour prévenir la recontamination des graines après le traitement antimicrobien.
  • Les agents d'assainissement chimiques peuvent être dangereux. Les personnes qui manipulent des produits chimiques doivent suivre les instructions figurant sur l'étiquette et prendre les précautions appropriées.
  • S'assurer de porter un équipement de protection, notamment des gants imperméables à l'eau, des chaussures et bas résistants aux produits chimiques, des vêtements protecteurs (comme des combinaisons portées sur une chemise à manches longues et des pantalons), des lunettes de protection et un couvre-chef résistant aux produits chimiques lorsque les produits doivent être utilisés au-dessus de la tête.

Rinçage après le traitement antimicrobien

Rincer les graines à fond avec de l'eau potable après le traitement antimicrobien. Répéter le rinçage à l'eau potable suffisamment de fois jusqu'à ce que tout le désinfectant soit éliminé.

Trempage avant la germination

Un trempage est souvent nécessaire pour améliorer la germination. À l'étape du trempage, le producteur de germes peut tenir compte des mesures suivantes :

  • Désinfecter tous les contenants servant au trempage avant leur utilisation.
  • Faire tremper les graines dans l'eau pendant une courte période afin de minimiser la prolifération microbienne.
  • Cette étape peut aussi inclure un traitement antimicrobien additionnel.
  • Après le trempage, rincer les graines à fond avec de l'eau potable.

Germination

Durant la germination, il est essentiel de garder l'environnement et l'équipement propres pour éviter toute contamination. Tout l'équipement doit être nettoyé et désinfecté avant la germination de chaque nouveau lot.

  • Séparer physiquement les aires de germination, de récolte et d'emballage des aires de réception.
  • Protéger les aires d'entreposage et d'assainissement des contaminants de l'extérieur.
  • Utiliser uniquement de l'eau potable. Si de l'eau de recirculation est utilisée, mettre en place des traitements appropriés de l'eau pour maintenir la potabilité de l'eau. Des systèmes de surveillance doivent également être mis en place pour assurer l'efficacité du traitement.
  • Si de la terre est utilisée, s'assurer qu'elle est exempte d'agents pathogènes.
  • Afin de déterminer si des agents pathogènes sont présents dans le produit fini, il est recommandé de recueillir de l'eau d'irrigation usée après 48 heures de germination et de l'analyser aux fins de dépistage d'agents pathogènes microbiens.

Récolte

Tout l'équipement doit être nettoyé et désinfecté avant la récolte de chaque nouveau lot. La récolte doit être faite au moyen d'outils nettoyés et désinfectés qui sont réservés à cette fin.

Rinçage final et refroidissement

Le rinçage final élimine les téguments et peut réduire les risques de contamination microbienne des germes. L'eau froide diminue la température des germes et ralentit toute prolifération microbienne. Au moment du rinçage final, on peut tenir compte des exigences suivantes :

  • Rincer les germes à l'eau potable froide.
  • Changer l'eau au besoin (entre les lots, par exemple), pour prévenir la contamination croisée.
  • S'il y a lieu, drainer les germes au moyen d'un séchoir centrifuge de qualité alimentaire ayant été désinfecté.

Refroidissement en vrac

  • Placer les germes dans une chambre froide, ce qui permet d'abaisser encore plus leur température.
  • Utiliser des petits contenants peu profonds pour assurer un refroidissement rapide et pour minimiser toute prolifération potentielle d'agents pathogènes.

Emballage

Les emballages et les matériaux d'emballage doivent être conçus pour protéger adéquatement les germes contre toute contamination possible, prévenir les dommages et permettre un étiquetage adéquat. Les matériaux d'emballage doivent être propres et non toxiques et ne doivent pas compromettre la salubrité et l'innocuité des germes dans les conditions d'entreposage et d'utilisation précisées. Il ne doit pas y avoir de délais inutiles entre la récolte et l'emballage.

Entreposage du produit fini

La salle servant à l'entreposage à froid des germes doit être conçue de façon à faciliter son entretien et son nettoyage, à empêcher les ravageurs d'y entrer ou de s'y réfugier et à offrir, en permanence, un environnement qui ne favorise pas la prolifération microbienne (p. ex., contrôle de la température et circulation de l'air).

  • Entreposer les germes dans une chambre froide afin de minimiser la prolifération microbienne.
  • Installer un thermomètre et vérifier la température de la salle d'entreposage chaque jour.

Analyse de l'eau d'irrigation usée et du produit fini

Les producteurs de germes doivent établir un plan d'échantillonnage pour assurer le prélèvement uniforme et approprié des échantillons. L'eau d'irrigation usée est l'eau qui a coulé sur et à travers les germes. Elle constitue un bon indicateur du type de microorganismes qui se trouvent dans les germes. Elle doit être analysée aux fins de dépistage d'agents pathogènes microbiens préoccupants au moyen du prélèvement d'un échantillon représentatif de chaque lot de production. Des échantillons de produit fini peuvent également être prélevés et analysés.

Prélèvement d'échantillons et analyse de l'eau d'irrigation usée et des germes

L'analyse microbiologique de l'eau d'irrigation usée est considérée comme une des techniques les plus pratiques et acceptables à l'heure actuelle. Santé Canada recommande aux producteurs de germes d'analyser régulièrement l'eau d'irrigation usée, parce que cette eau, qui a coulé sur et à travers les germes, constitue un bon indicateur des types de microorganismes qui se trouvent dans les germes, par exemple des agents pathogènes microbiens préoccupants (Salmonella spp. et E. coli O157:H7). Il ne faut pas analyser les germes à la place de l'eau d'irrigation usée, sauf si les méthodes de production de germes rendent impossible l'analyse de cette eau. Toutefois, la recommandation d'analyser l'eau d'irrigation usée n'empêche pas de procéder à des analyses additionnelles des germes (qu'il s'agisse de germes prélevés au cours de la production ou encore du produit fini). Il faut prélever des échantillons représentatifs de chaque lot de production et les analyser aux fins de dépistage d'agents pathogènes microbiens préoccupants.

Davantage de lignes directrices à propos des techniques générales d'échantillonnage se trouvent dans la section Procédures de prélèvement d'échantillons.

Matériel et contenants d'échantillonnage

L'équipement et les contenants utilisés pour le prélèvement des échantillons doivent être propres et stériles. On peut acheter des contenants préstérilisés ou les stériliser soi-même en autoclave à 121 °C (250 °F) pendant 30 minutes avant de les utiliser. Le matériel thermorésistant sec peut être stérilisé au four à chaleur sèche à 140 °C (284 °F) pendant 3 heures. Une fois stérilisés, l'équipement et les contenants d'échantillonnage doivent être protégés contre la contamination en tout temps avant et pendant l'utilisation. Il faut veiller à ce que l'équipement et les contenants ayant servi à des prélèvements et les échantillons prélevés ne contaminent pas l'équipement et les contenants stériles restants.

Le type de contenants d'échantillonnage à utiliser dépend du genre d'échantillon que l'on prélève, c'est-à-dire de l'eau d'irrigation usée ou des germes. Parmi les types de contenants préstérilisés offerts sur le marché, mentionnons les suivants : sacs en plastique, bouteilles, tubes, gobelet et fioles. Ils doivent être secs et étanches, avoir une large ouverture et être suffisamment grands pour les échantillons auxquels ils sont destinés. Ils doivent également pouvoir être scellés de manière à assurer l'intégrité de l'échantillon. Il faut étiqueter correctement les contenants avant de prélever les échantillons.

Moment de l'échantillonnage

Les échantillons d'eau d'irrigation usée peuvent être prélevés dès 48 heures après le début de la germination. Si les graines ont fait l'objet d'un prétrempage (trempées dans de l'eau pendant une courte période avant d'être transférées aux unités de germination), il faut tenir compte du temps de trempage. Les premiers résultats permettent aux producteurs de germes de prendre des mesures correctives plus tôt et d'ainsi réduire le risque de contamination des autres lots par un lot de germes.

Procédures de prélèvement des échantillons

Le prélèvement des échantillons d'eau d'irrigation usée et de germes doit être fait sur place par du personnel qualifié. Il faut utiliser des méthodes de prélèvement aseptiques pour éviter de contaminer les échantillons prélevés ainsi que le produit échantillonné.

Les membres du personnel doivent porter une blouse de laboratoire propre, une résille et des gants stériles. Ils doivent se laver les mains immédiatement avant de mettre leurs gants stériles. Ceux-ci doivent être enfilés de manière à ne pas en contaminer l'extérieur. Pendant le prélèvement des échantillons, les mains doivent être tenues loin de la bouche, du nez, des yeux et du visage. Après le prélèvement, les gants doivent être éliminés de manière adéquate.

Le contenant d'échantillonnage stérile doit uniquement être ouvert suffisamment pour permettre d'y introduire l'échantillon. L'échantillon prélevé doit être placé directement dans le contenant. Dès que l'échantillon a été prélevé, le contenant doit immédiatement être fermé et scellé. Si les échantillons sont prélevés dans des contenants avec couvercle, ce dernier ne doit pas être retiré complètement. Il ne doit pas être tenu séparément ni déposé sur un comptoir.

Le contenant d'échantillonnage doit être rempli aux trois quarts (¾) seulement pour éviter tout débordement. Il ne faut pas non plus faire sortir l'air du contenant avant de le sceller, surtout s'il s'agit de sacs en plastique.

Une fois prélevés, les échantillons doivent être acheminés au laboratoire sans délai. Ils doivent être maintenus à une température adéquate, de préférence entre 0 °C et 4 °C (32 °F à 40 °F). Pour éviter la contamination croisée par la glace fondue, il vaut mieux utiliser des sachets réfrigérants scellés.
La mise en commun d'échantillons de germes de lots différents peut permettre de réduire le nombre d'analyses en laboratoire à effectuer. Cependant, en cas de résultat présumé positif, tous les lots de germes représentés dans l'échantillon commun sont considérés comme suspects. Il faut éliminer les lots suspects ou analyser chaque lot de germes séparément afin de déterminer quels lots sont contaminés.

Taille de l'échantillon

Les volumes indiqués ci-dessous pour l'eau d'irrigation usée et les germes sont suffisants pour les analyses de dépistage des agents pathogènes microbiens préoccupants (soit Salmonella spp. et E. coli O157:H7).

A. Eau d'irrigation usée

Il faut prélever de façon aseptique un (1) litre de l'eau qui quitte le baril ou les plateaux de germination durant le cycle d'irrigation. Les échantillons d'eau d'irrigation usée doivent être prélevés directement dans des contenants propres, stériles et préalablement étiquetés.

Barils

On peut prélever un (1) litre d'eau d'irrigation usée dans un baril.

Plateaux avec récipient de déversement commun

On peut prélever un (1) litre d'eau d'irrigation usée dans le récipient commun.

Plateaux sans récipient de déversement commun

S'il n'y a pas de récipient commun, il faut prélever des échantillons d'eau d'irrigation usée à partir de plateaux individuels et les mettre en commun. S'il s'agit de grands plateaux, il faut prélever des échantillons à différents endroits du plateau.

Si un lot de production est constitué de dix (10) plateaux ou moins, il faut prélever des volumes d'eau d'irrigation usée approximativement égaux de chacun des dix plateaux de manière à obtenir un (1) litre d'échantillon total. Par exemple :

  • Dix (10) plateaux : Prélever 100 ml d'eau d'irrigation usée de chaque plateau de manière à obtenir un échantillon total d'un (1) litre.
  • Huit (8) plateaux : Prélever 125 ml d'eau d'irrigation usée de chaque plateau de manière à obtenir un échantillon total d'un (1) litre.

S'il y a plus de dix (10) plateaux, prélever dix (10) échantillons d'eau d'irrigation usée de l'ensemble du lot de production. Par exemple, si le lot de production compte 20 plateaux, prélever des échantillons d'un plateau sur deux, du haut vers le bas, d'un côté vers l'autre et de l'avant vers l'arrière.

B. Germes

Il faut prélever de manière aseptique cinq (5) unités d'échantillonnage d'environ 200 grammes chacune de différents endroits dans le baril ou les plateaux de germination, afin d'assurer le prélèvement d'un échantillon représentatif du lot. Les unités d'échantillonnage doivent être prélevées partout dans le lot de production, c'est-à-dire du haut vers le bas, d'un côté vers l'autre et de l'avant vers l'arrière des barils ou des plateaux. Chaque unité d'échantillonnage de 200 grammes doit être placée directement dans un contenant individuel propre, stérile et préalablement étiqueté.

Procédures d'analyse microbienne

Toutes les analyses microbiennes visant le dépistage d'agents pathogènes doivent être réalisées dans un laboratoire externe, indépendant et certifié, et il faut tenir compte des critères suivants :

  • Le laboratoire est physiquement séparé de l'installation de production alimentaire afin d'éviter toute contamination croisée.
  • Le personnel du laboratoire est qualifié et expérimenté dans les techniques d'analyses microbiennes pour veiller à ce que les analyses soient effectuées correctement et que toutes les mesures de sécurité qui s'imposent, dont l'élimination adéquate des déchets, soient respectées.
  • Le laboratoire dispose des ressources appropriées et est en mesure de démontrer qu'il applique un système de gestion de la qualité.
  • Si les analyses microbiennes sont effectuées par le producteur de germes, les installations et le personnel de laboratoire ainsi que le système de gestion de la qualité satisfont aux critères susmentionnés afin d'assurer la fiabilité des résultats et de ne pas générer de risques pour la salubrité des aliments.

Les méthodes d'analyse décrites ci-dessous peuvent être utilisées pour obtenir des résultats de manière simple et rapide sur la présence ou l'absence d'agents pathogènes microbiens préoccupants (Salmonella spp. et Escherichia coli O157:H7). Ces méthodes sont énoncées dans le Compendium de méthodes de Santé Canada.

N'oubliez pas que des différences saisonnières ou régionales dans la qualité de l'eau et le type de graines que l'on fait germer de même que des variations des conditions d'échantillonnage et d'analyse peuvent avoir une incidence sur l'efficacité des analyses de dépistage.

Trousses d'analyses

Escherichia coli O157:H7

  1. MFLP-87 VIP EHEC. Biocontrol Systems, Inc., Bellview, WA.
  2. MFLP-94/95 Reveal E. coli O157:H7, Neogen Corp., Lansing, MI.
  3. MFLP-91 Tecra UVA, méthode pour E. coli O157:H7
  4. Toute autre méthode indiquée dans le Compendium pour E. coli O157:H7.

Salmonella spp.

  1. MFHPB-24 méthode Vidas SLM, Biomerieux, Montréal.
  2. MFLP-96 trousse Reveal pour Salmonella.
  3. MFLP-97 trousse Alert pour Salmonella.
  4. MFLP-35 Tecra VIA pour Salmonella.
  5. Toute autre méthode indiquée dans le Compendium pour Salmonella spp.

Directives générales de laboratoire

Suivre les instructions précisées dans chaque méthode.

Répartition des échantillons en unités d'échantillonnage aux fins d'analyse

Eau d'irrigation usée

En tout, un (1) litre d'eau d'irrigation usée doit être prélevé. Deux (2) unités d'échantillonnage de 100 ml chacune doivent être analysées aux fins de dépistage de la présence d'E. coli O157:H7. Deux (2) unités d'échantillonnage de 375 ml chacune doivent être analysées aux fins de dépistage de la présence de Salmonella spp. Toute portion d'eau d'irrigation usée non utilisée doit être entreposée au réfrigérateur en attendant l'achèvement des analyses.

Germes

En tout, cinq (5) unités d'échantillonnage de 200 g chacune doivent être prélevées. Il faut analyser 25 g de chaque unité d'échantillonnage aux fins de la détection d'E. coli O157:H7 et 25 g aux fins de la détection de Salmonella spp. Toute portion d'unités d'échantillonnage de germes non utilisée doit être entreposée au réfrigérateur en attendant l'achèvement des analyses.