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La biologie de Borago officinalis L. (bourrache)

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Document de biologie BIO2023-02 : cahier parallèle à la Directive 94-08 (Dir94-08), Critères d'évaluation du risque environnemental associé aux végétaux à caractères nouveaux.

Sur cette page

1. Renseignements administratifs généraux

1.1 Contexte

L'Unité d'évaluation des risques des végétaux et des produits issus de la biotechnologie (UERVPB) de l'Agence canadienne d'inspection des aliments est chargée d'évaluer les risques posés par la libération de végétaux à caractères nouveaux (VCN) dans l'environnement canadien.

Les évaluations de risque menées par l'UERVPB nécessitent des données biologiques sur les espèces de plantes évaluées. Ces évaluations peuvent donc être faites à l'aide de documents sur la biologie d'espèces spécifiques qui fournissent les données nécessaires. Lors de l'évaluation d'un VCN, ces documents sont employés en conjonction avec la Directive 94-08 : Critères d'évaluation du risque environnemental associé aux végétaux à caractères nouveaux.

1.2 Portée

Le présent document vise à fournir des renseignements de base sur la biologie de Borago officinalis, notamment sur :

Ces renseignements serviront à caractériser le risque potentiel de la libération de bourrache tolérante aux herbicides dans l'environnement canadien en ce qui concerne :

2. Identité

2.1 Nom

Borago officinalis L.Note de bas de page 1

2.2 Famille

La famille des Boraginacées, appelée couramment la famille de la bourracheNote de bas de page 1.

2.3 Taxonomie et génétique

B. officinalis possède 2n =2x = 16 chromosomesNote de bas de page 2.

Rang taxonomiqueNote de bas de page 3Note de bas de page 4

Taxon Nom scientifique et nom commun
Règne Plantae (plantes)
Sous-règne Tracheobionta (plantes vasculaires)
Superdivision Spermatophyta (plantes à graines)
Division Magnoliophyta (plantes à fleurs)
Classe Magnoliopsida (dicotylédones)
Sous-classe Asteridae
Ordre Lamiales
Famille Boraginaceae Juss. (famille de la bourrache)
Genre Borago L. (bourrache)
Espèce Borago officinalis L. (bourrache)

Différents noms communs sont utilisés dans la littérature pour désigner B. officinalis, comme bourrache, bourrache officinale. Dans le présent document, le terme bourrache est utilisé pour désigner cette espèce.

3. Répartition géographique

L'aire de répartition naturelle de la bourrache comprend l'Afrique du Nord, la région tempérée de l'Asie et l'EuropeNote de bas de page 3Note de bas de page 5. La bourrache est cultivée en :

3.1 Aire de répartition potentielle en Amérique du Nord

L'aire de répartition potentielle de la bourrache comprend toutes les provinces canadiennes. La bourrache s'est naturalisée à la suite d'activités humaines entreprises en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et au Nouveau-BrunswickNote de bas de page 6. Elle ne s'est pas établie de façon permanente en Ontario, au Québec, en Nouvelle-Écosse, à l'Île-du-Prince-Édouard ou à Terre‑Neuve-et-LabradorNote de bas de page 6. La bourrache peut être trouvée en nature sur une base quasi annuelle, en général à proximité de cultures agricoles ou de jardins où elle a déjà été plantée de manière intentionnelle.

4. Biologie

4.1 Biologie reproductive

La bourrache présente un abondant déploiement floral et dépend fortement des pollinisateurs, en particulier les abeilles, pour former des graines en abondanceNote de bas de page 7Note de bas de page 8. Les fleurs de bourrache sont protérandres, ce qui signifie que les organes reproducteurs mâles arrivent à maturité avant les organes femellesNote de bas de page 9. Il manque de données précises sur la biologie de la reproduction de la bourrache, et certaines informations disponibles sont contradictoires (consulter la discussion dans Montaner et al. (2010)Note de bas de page 10). La bourrache a été rapportée comme étant à la fois une espèce auto-incompatibleNote de bas de page 11 et une espèce auto-compatibleNote de bas de page 10. Jusqu'à présent, la plupart des cultures de bourrache et des programmes de sélection ont été gérés en partant du principe que la bourrache est une espèce principalement allogameNote de bas de page 2.

Les informations disponibles dans la littérature scientifique sur la viabilité ou la dispersion du pollen sont limitées. Une étude a démontré que les grains de pollen demeurent viables pendant seulement 48 heures après l'ouverture des fleursNote de bas de page 12.

4.2 Pratiques culturales et utilisations

Utilisations : La bourrache est une annuelle cultivée à des fins médicinales et alimentairesNote de bas de page 13. Elle est également cultivée commercialement pour la production de graines dont on extrait de l'huile. L'huile de bourrache est la source végétale la plus riche en acide gamma-linoléique (AGL), un acide gras essentiel et peu commun. Les atouts santé de l'huile de bourrache pourraient comprendre le soulagement de l'eczéma atopique et de l'arthrite rhumatoïde ainsi que la régulation des taux de cholestérol élevés et de l'hypertensionNote de bas de page 2Note de bas de page 14. Le volume mondial de graines de bourrache commercialisées chaque année est variable, et est estimé entre 500 et 2000 tonnesNote de bas de page 13Note de bas de page 15.

Pratiques culturales : Comme la bourrache est une plante à floraison indéterminée, il est possible de faire 2 récoltes dans une même saison de croissance lorsque les conditions sont favorables, mais il est peu fréquent qu'une double récolte soit faite la même année au CanadaNote de bas de page 4Note de bas de page 16. La période de floraison étendue et la maturation non uniforme des graines, lesquelles deviennent déhiscentes à maturité, sont des caractéristiques de la bourrache qui limitent sa cultureNote de bas de page 2Note de bas de page 17.

Il existe peu de recommandations sur la culture de la bourrache et les bonnes pratiques de gestion ne sont pas encore bien définiesNote de bas de page 13. La publication Promo-cultures : une ressource pour les cultures spéciales. Bourrache du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario (MAAARO) discute de quelques pratiques culturales recommandées (par exemple, semis, fertilisation, récolte, etc.) pour la production de bourracheNote de bas de page 4.

Mauvaises herbes : L'Agence de réglementation en matière de lutte antiparasitaire de Santé Canada tient une base de données sur les herbicides approuvés. Pour obtenir des informations à jour sur les herbicides homologués pour le désherbage de la bourrache, veuillez consulter cette base de données. Il se peut que l'homologation de certains herbicides s'applique uniquement à leur utilisation et à leur vente dans certaines provinces. Certains herbicides peuvent également être homologués uniquement pour un usage limitéNote de bas de page 18.

Il est difficile de désherber des cultures mineures telles que la bourrache en raison de la disponibilité limitée ou de l'absence d'herbicides homologués spécifiquement pour ces culturesNote de bas de page 19. La mise au point de variétés tolérantes aux herbicides pourrait éventuellement élargir la gamme d'herbicides disponibles pour la culture de la bourracheNote de bas de page 20. Voici certains herbicides qui sont homologués pour la bourrache :

Pour le contrôle des adventices annuelles, les producteurs de bourrache disposent de moyens de lutte tels que le choix d'une date de semis convenable, la technique du faux semis sur planches d'ensemencement ou le désherbage mécaniqueNote de bas de page 20.

4.3 Plants spontanés de bourrache dans d'autres cultures

Le taux élevé d'égrenage reste problématique dans la culture de la bourracheNote de bas de page 21. Le taux d'égrenage est plus important lorsque la densité de peuplement est faible, car les plantes sont alors plus secouées par le ventNote de bas de page 4. Une étude a rapporté que la bourrache perd de nombreuses graines qui sont susceptibles de produire des plants spontanés l'année suivanteNote de bas de page 22. Un autre rapport signale que les semences de bourrache peuvent germer et pousser spontanément au moins 2 ans après l'année de la culture, mais qu'il est facile de détruire ces plants spontanés par désherbage mécaniqueNote de bas de page 21.

Dormance des semences

Aucune étude portant spécialement sur l'évaluation de la durée pendant laquelle les semences de bourrache peuvent demeurer viables dans la banque de semences du sol n'a été trouvée dans la littérature. Toutefois, Osborne (1999)Note de bas de page 22 suggère que les semences de bourrache peuvent germer la saison suivante, alors que Rhoades (2020)Note de bas de page 21 note que les graines peuvent germer au cours de la seconde saison de croissance.

Potentiel invasif

B. officinalis peut pousser hors des champs cultivés dans toutes les provinces canadiennesNote de bas de page 6. Toutefois, il n'y existe aucun rapport selon lequel la bourrache serait une mauvaise herbe problématique dans des écosystèmes aménagés au Canada ou ailleurs dans le monde, ou selon lequel elle envahirait des écosystèmes naturels. De plus, la bourrache ne figure pas dans la liste des mauvaises herbes nuisibles ou de graines de mauvaises herbes nuisibles du Canada dans l'Arrêté de 2016 sur les graines de mauvaises herbes.

4.3.1 Lutte culturale ou mécanique

Pour minimiser la présence de plants spontanés de bourrache, il faut employer tous les moyens pour réduire les pertes de graines par égrenage et lors de la récolte. Pour ce faire, il est recommandé d'augmenter la densité de semisNote de bas de page 4, de cultiver des variétés résistantes à l'égrenage, de bien régler la moissonneuse-batteuse et de colmater toute fuite possible sur l'équipement. Les plants spontanés peuvent être éliminés par désherbage mécaniqueNote de bas de page 21.

4.3.2 Lutte chimique

Actuellement, aucun herbicide n'est homologué pour lutter spécifiquement contre les plants spontanés de bourrache dans d'autres cultures; toutefois, ces plants spontanés peuvent être éliminés par des herbicides homologués pour ces culturesNote de bas de page 18.

4.3.3 Lutte intégrée contre les mauvaises herbes

La lutte intégrée contre les mauvaises herbes consiste à employer une combinaison d'approches de désherbage, comme des moyens de lutte culturale, mécanique et chimique, pour contrôler les diverses populations de mauvaises herbes et maximiser le rendement des cultures. Des stratégies de lutte intégrée pour l'élimination des plants spontanés de bourrache n'ont pas encore été mises au point, mais cela serait utile. Des pratiques comme un semis hâtif, des taux de semis accrus et l'utilisation de cultivars compétitifs seront des moyens applicables.

4.4 Moyens de dispersion

Les mécanismes de déplacement et de dispersion des semences de bourrache sont méconnus. Les semences peuvent être disséminées par le vent, mais aucune donnée spécifique n'a été trouvée concernant la distance de dissémination. Les semences peuvent être dispersées par des organismes qui en consomment, mais le rôle des animaux dans la dispersion de la bourrache n'est pas bien caractérisé.

4.5 Flux génétique associé à la production commerciale de graines et de biomasse

Un flux génétique peut avoir lieu entre plants de bourrache poussant à proximité. L'Association canadienne des producteurs de semences (ACPS) a établi des normes pour la production de semences de B. officinalis des classes Fondation, Enregistrées et CertifiéesNote de bas de page 23.

5. Espèces apparentées à Borago officinalis

Comme mentionné à la section 1.3, B. officinalis appartient à la famille des Boraginacées. Des espèces de cette famille sont trouvées au Canada et certaines sont considérées comme des mauvaises herbes. Les espèces adventices de la famille des Boraginacées comprennent  :

La section suivante donne des précisions sur la répartition géographique et l'habitat de chacune de ces espèces au Canada.

Du genre Echium :

E. vulgare (vipérine commune) est une espèce introduite en Colombie-Britannique, en Alberta, au Manitoba, en Saskatchewan, en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle Écosse et à Terre-Neuve-et-LabradorNote de bas de page 6. Elle est aussi présente comme espèce éphémère à l'Île-du-Prince-ÉdouardNote de bas de page 6. C'est une mauvaise herbe bisannuelle, parfois annuelle ou vivace à courte durée de vie, qui est abondante dans l'intérieur des terres dans l'Est du pays, mais rare ailleursNote de bas de page 24. Elle colonise les pâturages permanents rocheux, les champs abandonnés, les prés et les bords de cheminsNote de bas de page 24. Elle est considérée comme une mauvaise herbe nuisible en Nouvelle Écosse, au Québec, au Manitoba, en Alberta et dans certaines parties de la Colombie BritanniqueNote de bas de page 25Note de bas de page 26.

E. plantagineum (vipérine à feuilles de plantain, vipérine faux-plantain) est une espèce qui a été introduite au Canada, mais qui n'a jamais survécu dans l'environnement canadienNote de bas de page 6Note de bas de page 27. C'est une plante annuelle ou bisannuelle qui est devenue envahissante dans d'autres parties du globeNote de bas de page 27. C'est une mauvaise herbe nuisible interdite de classe 1 selon l'Arrêté de 2016 sur les graines de mauvaises herbes du Canada pris en vertu de la Loi sur les semences. La vipérine à feuilles de plantain figure dans la Liste des organismes nuisibles réglementés par le Canada et est réglementée comme organisme nuisible au Canada en application de la Loi sur la protection des végétauxNote de bas de page 27.

Du genre Hackelia :

H. virginiana (hackélia de Virginie) est présente comme espèce indigène en Ontario et au QuébecNote de bas de page 6. Cette espèce est une mauvaise herbe bisannuelle qui est présente dans les forêts claires, les fourrés et les terres incultesNote de bas de page 24.

Du genre Lappula :

L. squarrosa (bardanette épineuse) est une espèce introduite qui se trouve partout au Canada, sauf au NunavutNote de bas de page 6. Cette mauvaise herbe est une plante annuelle ou annuelle d'hiver qui se trouve dans les champs de céréales, les pâturages, les voies ferrées et les terres incultesNote de bas de page 24.

Du genre Anchusa :

A. officinalis (common bugloss) est une espèce introduite en Colombie-Britannique et en Ontario, mais elle est considérée comme une mauvaise herbe nuisible régionale seulement en Colombie Britannique. Cette mauvaise herbe est parfois confondue avec Echium vulgareNote de bas de page 28.

Du genre Cynoglossum :

C. officinale (cynoglosse officinale) est une espèce introduite dans toutes les provinces du Canada, sauf à l'Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador. Cette mauvaise herbe est une plante bisannuelle ou une vivace de courte durée de vie qui colonise les parcours naturels, les pâturages, les milieux forestiers, les bords de chemin et les fossésNote de bas de page 28Note de bas de page 29. Elle est considérée comme une mauvaise herbe nuisible provinciale en Colombie Britannique et en AlbertaNote de bas de page 28Note de bas de page 29.

Du genre Buglossoides :

B. arvensis Johnston (grémil des champs, herbe aux perles, herbe aux yeux) est une espèce introduite en Colombie Britannique, au Manitoba, en Ontario, au Québec et en Nouvelle ÉcosseNote de bas de page 6Note de bas de page 30. C'est une mauvaise herbe annuelle commune dans les champs agricolesNote de bas de page 30Note de bas de page 31.

Du genre Borago :

B. officinalis est la seule espèce connue du genre Borago au CanadaNote de bas de page 6.

Il n'existe aucune information sur la capacité d'hybridation de B. officinalis avec n'importe laquelle des espèces susmentionnées qui sont présentes au Canada.

Aucune mention n'a été trouvée dans la littérature concernant l'existence de flux génétiques naturels entre B. officinalis et d'autres plantes cultivées, mauvaises herbes ou espèces sauvages. Le potentiel d'introgression d'informations génétiques depuis B. officinalis vers des espèces sauvages apparentées est indéterminé.

6. Références

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