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Évaluation environnementale en vue de l'homologation au Canada du produit de Huvepharma : Vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella

Le 15 juillet 2021

L'information contenue dans cette évaluation environnementale étaient à jour au moment de sa préparation. Il se peut que la situation ait changé depuis. Si vous avez des questions, veuillez vous adresser au Centre canadien des produits biologiques vétérinaires.

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Note

Le vaccin de Clostridium perfingens de type A, vecteur vivant Salmonella, a été soumis pour l'homologation en deux formulations différentes : congelé (Code USDA 1U11.R0, Dossier CCPBV # 800BA/C1.0/H17) et lyophilisé (Code USDA 1U11.R1, Dossier CCPBV #800BA/C1.1/H17). Cette évaluation environnementale a été complétée pour l'homologation de la version congelé. Cependant, puisque les deux formulations sont dérivées de la même bactérie de Souche Mère, l'étude réalisée s'applique aux deux produits. Il s'ensuit également que toutes conclusions et conditions de cette évaluation environnementale s'applique aux deux produits.

Résumé

Le vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, est un vaccin recombinant atténué à vecteur vivant de Salmonella qui est administré chez les poussins d'au moins un jour pour obtenir une immunisation active contre la bactérie C. perfringens de type A, l'agent responsable de l'entérite nécrotique. Il est recommandé d'administrer le vaccin aux poussins âgés d'un jour par pulvérisation à grosses gouttes, et une seconde dose peut être administrée aux poussins âgés de 11 jours dans l'eau d'abreuvement. Le vaccin a été évalué par le Centre canadien des produits biologiques vétérinaires de l'Agence canadienne d'inspection des aliments en vue de son homologation au Canada. Conformément aux exigences régissant l'homologation de ce produit au Canada, une évaluation environnementale a été effectuée et un document public contenant de l'information sur les éléments suivants a été rédigé : caractéristiques moléculaires et biologiques de l'organisme vivant génétiquement modifié, innocuité pour l'animal visé et les animaux non visés, innocuité pour l'humain, considérations environnementales et mesures d'atténuation du risque.

1. Introduction

1.1 Mesure proposée

L'homologation des produits biologiques vétérinaires en vue de leur utilisation au Canada relève du Centre canadien des produits biologiques vétérinaires (CCPBV) de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Le CCPBV est habilité à réglementer les produits biologiques vétérinaires au Canada en vertu de la Loi sur la santé des animaux et du Règlement sur la santé des animaux. Tout produit biologique vétérinaire fabriqué, vendu ou présenté en vue d'une utilisation au Canada doit satisfaire aux exigences de l'ACIA en matière d'innocuité, de pureté, de puissance et d'efficacité. Huvepharma, Inc. (Lincoln, Nebraska) a présenté le vaccin suivant en vue de son homologation au Canada :

Vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella,
code de produit de l'USDA 1U11.R0, dossier du CCPBV 800BA/C1.0/H17

1.2 Contexte

Le vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, est fabriqué par Huvepharma, Inc. (permis d'établissement de produits biologiques vétérinaires américain no 605) et il est actuellement homologué aux États-Unis sous le code de produit de l'USDA 1U11. RO. Il s'agit d'un vaccin recombinant atténué à vecteur vivant de Salmonella qui exprime la toxine X (où X représente la première toxine) et la toxine Y (où Y représente la deuxième toxine) de C. perfringens. Ce vaccin est destiné à être inoculé aux poussins en santé d'au moins un jour pour l'immunisation active contre la bactérie C. perfringens de type A, l'agent responsable de l'entérite nécrotique.

L'entérite nécrotique est fréquente chez les souches à croissance rapide de poulets à griller âgés de deux à six semaines. La période de risque maximale de contracter l'entérite nécrotique se situe à l'âge de trois semaines, qui correspond à une diminution des titres d'anticorps maternels. Cette maladie entraîne des pertes considérables pour l'industrie de la volaille, tant sur le plan de la morbidité que sur celui de la mortalité des oiseaux, qui se traduisent par des coûts économiques et environnementaux importants. Les signes cliniques de la maladie sont notamment la dépression, la déshydratation, la diarrhée, un ébouriffage des plumes et une faible prise alimentaire. Les lésions macroscopiques de l'intestin grêle varient de parois fines et friables à des lésions nécrotiques franches et étendues, avec une surface épithéliale nécrotique et rugueuse typique. Le taux de mortalité peut atteindre 40 %. En outre, la forme subclinique de la maladie est associée à une réduction de l'indice de consommation et à des pertes économiques. L'entérite nécrotique est une maladie multifactorielle complexe (Moore, 2016; Prescott et coll., 2016). Certains facteurs contribuent au développement de la maladie : régime alimentaire riche en protéines, perte de l'immunité maternelle, immunosuppression, et infection à coccidies (Eimeria spp.), entre autres (Moore, 2016). Les aliments pour animaux d'élevage contenant des antibiotiques sont utilisés depuis longtemps pour le traitement ou la prévention de l'entérite nécrotique. Toutefois, un nombre croissant d'isolats de C. perfringens issus de la volaille s'est avéré résistant à au moins un des antibiotiques couramment utilisés. Au cours des dernières années, l'accent mis sur la réduction de l'utilisation d'antimicrobiens a mené à une tendance à la hausse de l'incidence de l'entérite nécrotique. L'usage d'antibiotiques en prophylaxie est interdit dans la production avicole en Europe (Butaye et coll., 2003). Des mesures sécuritaires et efficaces de lutte contre l'entérite nécrotique chez la volaille sont donc nécessaires.

2. Objet et nécessité de la mesure proposée

2.1 Importance

L'étiquetage du vaccin contre C. perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, indique que le produit est recommandé pour la vaccination de poussins d'au moins un (1) jour pour l'immunisation active contre C. perfringens de type A, l'agent responsable de l'entérite nécrotique.

2.2 Justification

Le CCPBV évalue les demandes d'homologation de produits biologiques vétérinaires en vertu de la Loi sur la santé des animaux et du Règlement sur la santé des animaux. Les critères d'homologation généraux sont les suivants : a) le produit doit être pur, sûr, puissant et efficace; b) les composants du vaccin doivent être adaptés aux caractéristiques de la maladie au Canada; c) un produit étranger doit être homologué dans son pays d'origine; et d) le produit doit être fabriqué et vérifié conformément aux « bonnes pratiques de fabrication » généralement reconnues. Le vaccin susnommé, fabriqué aux États-Unis, remplit ces critères généraux; le CCPBV a donc entrepris de l'évaluer en vue de son homologation.

3. Mesures possibles

Les deux mesures envisagées sont les suivantes :

  1. délivrer un Permis d'importation de produits biologiques vétérinaires à Huvepharma Canada Corporation, Inc. (Ottawa, Ontario) autorisant l'importation du vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, si ce vaccin satisfait à toutes les exigences d'homologation; ou
  2. ne pas délivrer de Permis d'importation de produits biologiques vétérinaires pour ce vaccin s'il ne satisfait pas aux exigences d'homologation.

4. Caractéristiques moléculaires et biologiques des organismes parentaux et recombinants

4.1 Identification, provenance et souches des organismes parentaux

La souche vaccinale est un vecteur hôte bactérienrecombinant de Salmonella enterica de sérovar Typhimurium portant un plasmide, qui comprend une construction codant pour la toxine X et la toxine Y de C. perfringens. La souche vaccinale a pour nom RASV-Cp/01 (pour Recombinant Attenuated Salmonella Vaccine, vaccin contenant une souche de Salmonella recombinante atténuée). Le RASV‑Cp/01 contient un vecteur bactérien dérivé d'un isolat obtenu par inoculation de poulet d'une souche très virulente de S. enterica de sérovar Typhimurium isolée d'un cheval infecté. Les vaccins dérivés de la souche parentale ont déjà été homologués pour une utilisation dans la volaille aux États-Unis et au Canada.

4.2 Provenance, description et fonction du matériel génétique exogène

Les séquences d'ADN correspondant aux toxines de C. perfringens ont été synthétisées in vitro. La toxine X est considérée comme un important facteur de virulence dans le développement de l'entérite nécrotique chez le poulet et est également connue pour stimuler l'immunité protectrice (Prescott JF et coll., 2016; Jiang Y et coll., 2015). La toxine Y n'est plus considérée comme un facteur de virulence essentiel de l'entérite nécrotique chez le poulet (Timbermont et coll., 2011). Toutefois, son rôle ou mécanisme précis dans la stimulation de l'immunité protectrice n'est pas entièrement connu (Cooper KK et coll., 2009; Wilde S et coll., 2019; Jiang Y et coll., 2015).

4.3 Méthode de modification génétique

Les séquences d'ADN correspondant à la toxine X et la toxine Y de C. perfringens ont été insérées dans un plasmide d'expression. Le vecteur bactérien est conçu avec diverses mutations par délétion et par délétion-insertion de la souche parentale de S. enterica de sérovar Typhimurium, ce qui a contribué aux propriétés suivantes : 1) lyse régulée retardée; 2) synthèse de lipopolysaccharides (LPS) complets régulée et retardée; et 3) expression des antigènes régulée retardée. Le plasmide a été inséré dans le vecteur bactérien pour produire le RASV-Cp/01.

Le RASV-Cp/01 a été entièrement caractérisé à chaque étape de sa construction. Des méthodes normalisées d'isolement de l'ADN, de digestion par des enzymes de restriction et de clonage de l'ADN ont été utilisées, en plus de la PCR pour la construction et la vérification du vecteur. La construction du plasmide a été évaluée par séquençage de l'ADN et sa capacité de synthétiser des protéines hétérologues a été confirmée par électrophorèse sur gel et par immunobuvardage de type Western. Les détails des méthodes de modification génétique et de construction du plasmide et du RASV se trouvent dans les dossiers du CCPBV.

4.4 Stabilité génétique et phénotypique de l'organisme vaccinal

Le fabricant a confirmé la stabilité génétique et phénotypique de la bactérie de la Souche Mère (BSM) jusqu'à 10 inoculations (BSM + 10) in vitro. Les paramètres suivants ont servi à déterminer la stabilité génétique : la rétention du plasmide par le vecteur bactérien, la comparaison d'extraits de plasmides au moyen de la digestion par des enzymes de restriction, le séquençage du plasmide extrait et la confirmation de l'expression de protéines (toxines X et Y) (par immunobuvardage de type Western) aux étapes pré-BSM, BSM et BSM + 10. Le phénotype de la BSM et de la BSM + 10 inoculations a été confirmé par une coloration de Gram, un test d'agglutination sur lame, un test sur bandelette API 20E et la dépendance à une source de carbone en particulier. Ces études ont démontré la stabilité du plasmide portant les toxines X et Y de C. perfringens de type A jusqu'à 10 inoculations in vitro. Les données appuient la stabilité génétique et phénotypique de la bactérie recombinante.

Une étude de réinoculation a été menée chez des poulets exempts d'agents pathogènes spécifiques pour évaluer la réversion de la virulence et la stabilité génotypique et phénotypique de l'organisme vaccinal. La BSM du RASV-Cp/01, au plus faible niveau d'inoculation (environ 108 UFC de la BSM), a été inoculée par voie orale à des poussins au jour de l'éclosion. Les cæca et les tissus reproducteurs des oiseaux euthanasiés ont été prélevés et homogénéisés. Pour le deuxième passage, les oiseaux éclos ont été inoculés avec l'homogénat de tissus provenant des oiseaux inoculés au premier passage. Quelques jours après l'inoculation, certains oiseaux ont été euthanasiés aux fins de prélèvement de tissus et les oiseaux restants ont été conservés aux fins d'observation. La procédure a été répétée, pour un total de 5 passages. Le RASV-Cp/01 a été récupéré avec succès des homogénats de tissus (cæca et tissus reproducteurs) des oiseaux inoculés au premier passage, ce qui a été confirmé par une culture bactérienne. Il n'a pas été isolé des passages subséquents, à l'exception d'un oiseau inoculé au troisième passage. Cet oiseau est mort deux jours après l'inoculation et le RASV-Cp/01 a été récupéré avec succès. Le fabricant a mené des études appronfondies pour démontrer que la mortalité précoce des poussins était la cause de décès. Hormis un cas de mortalité, aucune anomalie clinique n'a été observée chez les oiseaux tout au long de l'étude. Dans l'ensemble, la caractérisation génotypique et phénotypique de l'isolat effectuée dans le cadre de l'étude de réinoculation a démontré que les inoculations in vivo n'ont entraîné aucune altération détectable dans l'organisme vaccinal.

4.5 Transfert horizontal de gènes et possibilités de recombinaison

Il est établi que les espèces bactériennes ont la capacité de transférer du matériel génétique d'une bactérie à l'autre par trois mécanismes connus, à savoir la transformation, la transduction la conjugaison. Les études présentées par le fabricant ont révélé que le potentiel de transfert horizontal de gènes ou de recombinaison est faible, car l'organisme vaccinal ne se retrouvera pas en grandes quantités, que ce soit dans l'hôte ou dans l'environnement. La raison est que l'organisme vaccinal dépend de la présence de certaines sources de carbone pour sa croissance, qui ne sont pas facilement accessibles in vivo ou dans l'environnement. Il ne persiste que de manière transitoire chez les espèces animales visées et non visées, ce qui en fait un donneur ou un receveur peu probable.

Si une recombinaison devait se produire, elle n'introduirait probablement pas de nouveau gène dans l'environnement, car des gènes donneurs sous forme de séquences complètes ont été retrouvés dans l'environnement en tant que portion normale du génome de C. perfringens. Au cours de l'ingénierie génétique du RASV Cp/01, plusieurs gènes ont été supprimés et d'autres ont été placés sous le contrôle d'un promoteur qui a besoin d'une source de carbone particulière qui permet l'expression des gènes. Par conséquent, même si la probabilité d'une recombinaison entre la souche vaccinale et une bactérie de type sauvage est jugée très faible, cette situation pourrait nuire à l'organisme receveur si cela lui confère une telle dépendance pour l'expression adéquate des gènes.

Le fabricant a fait appel à une approche in silico d'analyse de la BSM pour détecter la présence de gènes de résistance aux antimicrobiens (RAM). Les résultats ont révélé que le vecteur de Salmonella au niveau génomique ne contient aucun gène de RAM acquis, ce qui semble indiquer que le RASV-Cp/01 ne pourrait pas servir de donneur de gènes qui entraîneraient une augmentation de la RAM chez les oiseaux et les animaux ou dans l'environnement.

4.6 Éventail d'hôtes, spécificité, tropisme tissulaire et capacités de propagation et d'excrétion virale

Pour déterminer le tropisme tissulaire et les capacités d'excrétion et de propagation virale, des poulets exempts d'agents pathogènes spécifique au jour de l'éclosion ont été inoculés avec la BSM du RASV Cp/01. Plusieurs tissus ont été prélevés des oiseaux vaccinés à divers moments après l'inoculation. L'organisme vaccinal a colonisé à la fois les intestins et les organes des systèmes. Le tropisme tissulaire maximal a été observé 1 jour suivant l'inoculation dans les cæca et les tissus reproducteurs. L'excrétion virale dans les fèces n'a pas fait l'objet d'un examen. Le vaccin a été récupéré dans les tissus des poulets vaccinés pendant 6 jours après l'inoculation, mais pas par la suite. La persistance à court terme a été attribuée à la nature fortement atténuée de la souche vaccinale et à sa dépendance envers des sources de carbone pour sa croissance et sa virulence, qui ne sont pas facilement accessibles in vivo ou dans l'environnement. La persistance de la souche vaccinale dans les tissus était plus courte que celle des souches parentales ou d'autres souches mutantes qui ont démontré leur persistance dans les cæca de poussins pendant au moins 5 semaines (le dernier moment évalué) après les vaccinations (Hassan et Curtis, 1990; Porter et coll., 1993; Hassan et Curtiss, 1996).

Les oiseaux vaccinés et les oiseaux non vaccinés ont été regroupés aux fins de l'étude de la propagation de l'organisme vaccinal chez les oiseaux naïfs (non vaccinés). Le vaccin a été retrouvé, de manière sporadique, les jours 2, 3, 5 et 6, dans les échantillons groupés d'écouvillonnage cloacal prélevés chez les poulets sentinelles non vaccinés qui étaient logés avec des poulets vaccinés. Toutefois, le RASV-Cp/01 n'a pas été cultivé à partir des organes (cerveau, rate, organe reproducteur et cæcum) de poulets non vaccinés naïfs au jour 3, 7 et 14 après l'inoculation. Le fabricant n'a pas tenté de mettre en culture l'organisme vaccinal à partir des organes de poulets non vaccinés naïfs les jours 1, 2, 5 et 6 après l'infection. L'étude appuie la transmission ou la propagation limitée aux poulets non vaccinés qui se trouvent à proximité de poulets vaccinés.

4.7 Comparaison des organismes modifiés et des organismes parentaux

Le RASV-Cp/01 contient un vecteur de vaccin bactérien portant un plasmide, qui comprend une construction codant pour les toxines X et Y de C. perfringens de type A. Le vecteur de vaccin bactérien est dérivé de la souche de S. enterica de sérovar Typhimurium, qui est un isolat résultant de passages sur poulet d'une souche très virulente. La souche parentale a subi une modification génétique produisant un phénotype ayant les propriétés suivantes : une lyse régulée retardée, une synthèse de LPS complets régulée et retardée, et une expression des antigènes régulée retardée. En résumé, les gènes asd et murA (qui codent pour les constituants de la paroi cellulaire) ont été supprimés du chromosome et inserés sur un plasmide sous le contrôle d'un promoteur, entraînant ainsi une dépendance pour sa croissance. D'autres altérations génétiques comprennent notamment la suppression de la phosphomannose isomérase entraînant une dépendance supplémentaire pour la synthèse complet du LPS. En l'absence de ces gènes, l'organisme vaccinal est lysé et meurt ou il est incapable de synthétiser du LPS complet, ce qui les rend vulnérables à la lyse médiée par le complément. Toutes ces caractéristiques en font une souche fortement atténuée in vivo par rapport à la souche parentale. Les RASV fondés sur un concept similaire ont été traités en détail ailleurs (Clark-Curtiss et Curtiss, 2018; Kong W et coll., 2012).

La présence de mutations supplémentaires dans l'organisme vaccinal, le RASV-Cp/01, l'empêche de former des biofilms. L'absence de ces mutations dans la souche parentale lui permet de former des biofilms, qui constituent une source persistante d'infections et contribuent également à la résistance aux traitements antibiotiques. Les gènes donneurs ajoutés à l'ADN plasmidique n'influent pas sur ses propriétés de virulence, car l'expression des gènes donneurs est régulée de telle sorte que l'expression ne se produit qu'en l'absence d'une source de carbone, qui est en revanche nécessaire à la croissance du vecteur de Salmonella (hôte).

4.8 Voie d'administration ou de transmission

Le vaccin contre C. perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, doit être administré par pulvérisation à grosses gouttes aux poussins âgés d'un jour, et une seconde dose peut être administrée aux poussins âgés de 11 jours dans l'eau d'abreuvement.

5. Innocuité pour l'humain

5.1 Données antérieures sur l'innocuité

L'organisme vaccinal RASV-Cp/01 n'a jamais été inoculé directement à un humain. On ne recense aucun cas signalé ou connu de maladie ou d'événement indésirable chez l'humain qui a été associé à l'utilisation du vaccin en laboratoire ou dans le cadre d'études cliniques. Un vecteur du RASV produisant la protéine de surface A de Streptococcus pneumoniae et ayant en commun des modifications génétiques avec le RASV-Cp/01 a été utilisé à titre expérimental chez des volontaires humains. Le vaccin, administré par voie orale, s'est avéré sécuritaire (Frey et coll., 2013).

En raison de la modification génétique précise et des faibles risques pour la biosécurité associés au vaccin recombinant génétiquement modifié, le bureau de la biotechnologie du National Institute of Health (NIH) a permis que toutes les études, même les immunisations, avec les souches de RASV mises au point dans le laboratoire du Dr Roy Curtis soient menées dans des conditions de confinement NB-1/NBSA-1, dans les milieux agricoles commerciaux et même chez des volontaires humains en consultation externe. La souche vaccinale RASV-Cp/01 a été mise au point avec une technologie similaire dans le laboratoire du Dr Curtis.

5.2 Risque d'exposition pour l'humain

Chez l'humain, le risque d'exposition à l'organisme vaccinal lui-même se limitera vraisemblablement aux employés de l'établissement de fabrication, aux vétérinaires, aux techniciens en santé animale, aux exploitants de ferme avicole et aux employés d'abattoirs. Les exploitants de ferme avicole qui administrent le vaccin ou qui travaillent à proximité des oiseaux sont les plus exposés. Toutefois, le risque réel pour ceux qui administrent le vaccin à la ferme sera minime, puisque l'application par pulvérisation sera effectuée dans une enceinte fermée et que la dose de rappel sera administrée dans l'eau d'abreuvement, réduisant ainsi l'aérosolisation du vaccin. La probabilité d'exposition de l'humain par l'intermédiaire des oiseaux vaccinés sera limitée, car l'organisme vaccinal a une réplication limitée et ne persiste que pendant une courte durée.

5.3 Conséquences possibles de l'exposition chez l'humain

L'innocuité de l'organisme vaccinal n'a pas été évaluée chez l'humain. Compte tenu de la modification génétique de l'organisme vaccinal, l'exposition humaine au RASV-Cp/01 ne devrait pas constituer une préoccupation importante pour la santé ni se traduire par des signes cliniques détectables. Selon les études menées par le fabricant, l'organisme vaccinal est sensible à divers antibiotiques : la gentamicine, l'acide nalidixique, la tétracycline, l'oxytétracycline, ainsi que le ceftiofur, la ceftriaxone, l'amoxicilline avec acide clavulanique, la ciprofloxacine, le chloramphénicol et l'ampicilline. Ces antibiotiques d'usage courant peuvent efficacement servir à limiter les effets indésirables en cas d'accident d'exposition humaine.

5.4 Pathogénicité pour l'humain des microorganismes parentaux

Il arrive que des expositions humaines à une souche sauvage de Salmonella enterica sérovar Typhimurium se produisent au champ, par la consommation d'aliments et en laboratoire. La salmonellose chez l'humain cause généralement des symptômes gastro-intestinaux, tels que la diarrhée, des crampes abdominales, des vomissements, des nausées, de la fièvre, etc. Ces symptômes durent habituellement 4 à 7 jours, et la plupart des gens se rétablissent sans traitement. Les enfants de 5 ans et moins, les adultes d'un certain âge, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli risquent davantage de contracter une maladie grave. Chez l'humain, la maladie peut se propager aussi longtemps que la bactérie est excrétée dans les matières fécales. Des renseignements supplémentaires se trouvent dans le site Web du Agence de la santé publique du Canada.

5.5 Effet des manipulations génétiques sur la pathogénicité pour l'humain

La pathogénicité de l'organisme vaccinal RASV-Cp/01 pour l'humain est inconnue. Il n'a jamais été inoculé à un humain. Selon le fabricant, les employés qui participent à la fabrication et aux essais du vaccin à l'Université Washington de Saint-Louis au Missouri, à l'Université d'État de l'Arizona à Phoenix, à l'Université de la Floride à Gainesville, au Southern Poultry Research Group d'Athens en Géorgie, chez Curtiss Healthcare à Alachua en Floride et chez Huvepharma à Lincoln au Nebraska n'ont signalé aucun événement indésirable à ce jour.

La modification génétique de la souche parentale a produit un phénotype qui dépend de certaines sources de carbone pour sa croissance et pour la synthèse de lipopolysaccharides (LPS) complets. En l'absence de ces sources de carbone, l'organisme vaccinal est lysé et meurt ou se trouve dans l'incapacité de synthétiser des LPS complets et est alors susceptible de subir une lyse médiée par le complément. Ainsi, l'organisme vaccinal est fortement atténué et ne devrait pas avoir d'action pathogène chez l'humain.

5.6 Risques associés à l'utilisation généralisée du vaccin

Aucun risque n'a jusqu'ici été associé à l'utilisation généralisée du vaccin. Le risque d'exposition accidentelle et, à la suite de celle-ci, d'établissement généralisé de la souche vaccinale est faible étant donné la modification génétique de la souche vaccinale.

6. Innocuité pour l'animal

6.1 Données antérieures sur l'innocuité

L'étude d'innocuité sur le terrain pour le schéma à une dose et pour le schéma à deux doses a été menée par le fabricant chez 244 268 poulets à griller d'élevage commercial. Les poulets ont été vaccinés conformément aux recommandations du fabricant, puis surveillés respectivement durant 21 jours et 35 jours après la provocation selon qu'ils avaient reçu une dose ou deux doses. Le taux de mortalité des troupeaux de poulets vaccinés de tous les sites a été semblable à celui du groupe témoin. L'étude n'a révélé aucun signalement d'événement indésirable lié au vaccin.

Le fabricant a aussi mené une étude de réversion de la virulence chez l'espèce visée (voir la section 4.4). Aucune réaction indésirable n'a été observée au cours des passages ni pendant les 21 jours qui ont suivi l'inoculation au dernier groupe d'oiseaux des homogénats tissulaires provenant du groupe d'oiseaux précédent (4e passage). Les études menées confirment l'innocuité du vaccin dans la population visée.

L'innocuité du vaccin recombinant a aussi fait l'objet d'essais chez les espèces non visées qui suivent : dindon, caille, pigeon, souris et veau. Les animaux et les oiseaux vaccinés ont été observés durant 21 jours à la suite de l'inoculation. Aucun signe clinique, aucune lésion macroscopique et aucune réaction indésirable n'ont été observés chez aucune des espèces non visées, ce qui est indicatif de l'innocuité du vaccin en cas d'exposition accidentelle de ces espèces non visées.

La souche parentale du RASV-Cp/01 est la souche parentale d'autres vaccins commerciaux visant la volaille qui sont distribués à l'échelle mondiale, et ces derniers ont fait leurs preuves en matière d'innocuité aux États-Unis et au Canada. Des vaccins de type RASV issus de modifications génétiques similaires et utilisant des gènes d'autres agents pathogènes ont déjà été utilisés sécuritairement chez les souris et les poulets (Wilde S et coll. 2019; Jiang Y et coll., 2015; Wang S et coll., 2010; Ameiss K et coll., 2010; Ashraf S et coll., 2011; Juarez-Rodriques MD et coll., 2012; Wang S et coll., 2013).

6.2 Devenir du vaccin chez les espèces visées et non visées

Selon les données du fabricant, la souche vaccinale a pu être détectée durant 6 jours dans certains tissus des poulets vaccinés, mais elle n'a pas été retrouvée au-delà de ce délai, peut être en raison du fait que la souche vaccinale est fortement atténuée et dépend pour sa croissance et sa virulence de sources de carbone qui sont peu présentes in vivo.

L'organisme vaccinal n'a pas été détecté par culture dans aucun écouvillon cloacal (matières fécales) ni dans aucun tissu des espèces non visées, sauf chez la caille (détecté dans les écouvillons cloacaux au plus tard 7 jours après l'inoculation). Les études du fabricant ont révélé que la souche vaccinale ne persiste pas à long terme ni chez l'espèce visée ni chez les espèces non visées.

6.3 Risque d'excrétion et/ou de propagation par suite de contacts entre des animaux vaccinés et les animaux visés ou non visés

Le fabricant a mené une étude visant à déterminer l'excrétion et la propagation du RASV-Cp/01, qui consistait à faire cohabiter des poussins naïfs (non vaccinés) et des poussins vaccinés. On a retrouvé le vaccin dans les tissus de poussins vaccinés 1, 2, 3, 4, 5 et 6 jours après l'inoculation, mais pas par la suite. Au cours de l'étude, les excréments des oiseaux vaccinés n'ont pas été examinés. Le vaccin a été sporadiquement récupéré aux jours 2, 3, 5 et 6 à partir des groupes d'écouvillons cloacaux prélevés chez les poulets sentinelles non vaccinés qui étaient logés avec les poulets vaccinés. L'organisme vaccinal n'a pas été retrouvé dans les écouvillons cloacaux au-delà de 7 jours après l'exposition. En outre, aucune trace détectable du vaccin n'a été retrouvée dans les échantillons de tissus cérébraux et cæcaux, de la rate et des organes reproducteurs prélevés chez les poulets sentinelles non vaccinés 3, 7 et 14 jours après l'inoculation.

Le fabricant a aussi quantifié les cultures de tous les échantillons de tissus positifs (cæcum, organes reproducteurs, rate et cerveau) au moyen de la méthode de mesure du nombre le plus probable (NPP), et les résultats ont révélé que le nombre d'organismes dans les tissus de chaque type était très faible. La méthode du NPP ne fournit qu'une approximation du nombre d'organismes présents. Selon l'étude, le RASV-Cp/01 peut ainsi se propager des oiseaux vaccinés aux poulets non vaccinés et probablement à des animaux non visés; toutefois, l'excrétion et la propagation sont de courte durée.

6.4 Réversion de la virulence par suite de la réinoculation chez les animaux

Le fabricant a effectué une étude de réinoculation afin d'évaluer la réversion de la virulence, ainsi que la stabilité génotypique et phénotypique de la construction vaccinale. Selon les observations, cinq réinoculations à des poulets ne modifient pas les caractéristiques phénotypiques et génotypiques du RASV-Cp/01. En effet, l'organisme vaccinal n'a entraîné ni morbidité et ni mortalité lors des réinoculations. Ainsi, les propriétés atténuées du vaccin ont été conservées aux réinoculations in vivo, et la souche du vaccin ne devrait donc pas retrouver sa virulence.

6.5 Effet d'un surdosage chez les espèces visées et les espèces non visées

Le vaccin a été administré oralement aux poussins le jour de l'éclosion à une dose correspondant à environ 29 fois celle du vaccin commercial. Le vaccin s'est avéré sans danger chez l'espèce visée et n'a entraîné aucune mortalité et aucune réaction indésirable locale ou générale, selon les observations effectuées 5, 7 et 12 jours après l'inoculation. L'étude de surdosage n'a pas été effectuée chez les espèces non visées. Néanmoins, en fonction d'autres études menées chez les espèces non visées et du fait que l'organisme vaccinal est issu du génie génétique, un surdosage du vaccin ne devrait constituer aucun danger important pour la santé des animaux et des oiseaux non visés. Si, par mégarde, le vaccin était administré par voie parentérale à une dose supérieure à la dose prévue, alors les animaux ou oiseaux concernés pourraient être traités au moyen d'antibiotiques adéquats, la souche vaccinale étant sensible aux antibiotiques.

6.6 Éventail d'hôtes et possibilité de dissémination du vecteur

L'organisme parental de la souche vaccinale a la capacité d'infecter un large éventail d'hôtes, dont les porcs, les veaux, les chevaux, etc. Rien n'indique que l'éventail d'hôtes de la souche vaccinale serait différent de celui de l'organisme parental. Cependant, selon les études menées par le fabricant, la souche vaccinale, malgré son pouvoir infectieux, ne persiste ni chez les espèces visées ni chez les espèces non visées, et les possibilités d'excrétion et de propagation de la souche sont limitées. On a isolé l'organisme vaccinal à partir de tissus ou d'écouvillons cloacaux de poulets et de cailles vaccinés, mais pas d'autres espèces aviaires, par exemple le dindon et le pigeon. Les raisons ou les mécanismes exacts à l'origine de cette différence sont inconnus.

7. Environnement touché

7.1 Étendue de la dissémination dans l'environnement

La vaste majorité des poulets vaccinés seront logés à l'intérieur, dans des installations biosécurisées, et auront donc très peu de contacts directs avec l'environnement. Cependant, une faible quantité de l'organisme vaccinal pourrait être libérée pendant le nettoyage des poulaillers ou encore par le système d'aération. Cela dit, même s'il se dissémine, l'organisme vaccinal ne s'amplifiera probablement pas, car il lui faut pour se reproduire des compléments particuliers qui sont absents des établissements destinés à la volaille commerciale et de leur environnement ou s'y trouvent en quantité limitée.

7.2 Persistance du vecteur dans l'environnement et répercussions cumulatives

Le fabricant a mené des études visant à démontrer le faible potentiel qu'a l'organisme vaccinal de survivre dans l'environnement. La possibilité de survie de l'organisme vaccinal a été évaluée dans un environnement imitant un poulailler, c'est-à-dire dans de la litière de volaille. Le titre de l'organisme vaccinal dans de la litière propre a connu une baisse rapide dans les 6 premières heures, et l'organisme n'était plus détectable au bout de 96 heures, ce qui semble indiquer qu'il ne pourrait pas survivre et s'accumuler dans les poulaillers, lieux principaux d'utilisation du vaccin. De plus, on peut facilement inactiver l'organisme vaccinal au moyen de produits désinfectants courants, tels que Virkon, l'eau de Javel (à 1 %) et l'éthanol, que l'on utilise déjà communément à des fins de biosécurité dans les poulaillers et les fermes avicoles.

De façon générale, les souches naturelles de Salmonella se trouvent déjà en grande quantité dans l'environnement et la nature. Il est peu probable que le RASV-Cp/01 puisse faire concurrence aux salmonelles de type sauvage pour les niches environnementales communes et y persister.

7.3 Degré d'exposition des espèces non visées

L'éventail d'hôtes de l'organisme vaccinal devrait être semblable à celui de la souche parentale, qui, on le sait, peut infecter diverses espèces et s'y reproduire; il y a par conséquent risque de propagation de l'organisme vaccinal à des espèces non visées. Cependant, l'ampleur de l'exposition réelle des espèces non visées devrait être restreinte par le fait que le vaccin sera principalement administré à des volailles domestiques gardées en poulailler, sans accès à l'extérieur. D'autres espèces aviaires, si elles sont logées à proximité du poulailler où a lieu la vaccination, et des oiseaux sauvages, s'ils accèdent à celui-ci, risquent, dans une certaine mesure, d'être exposés. Néanmoins, dans la majorité des poulaillers du Canada, on applique des mesures de biosécurité de base, qui devraient réduire le risque de propagation à des espèces non visées.

7.4 Comportement du vecteur et des microorganismes parentaux chez les espèces non visées

On sait que la souche parentale exerce une action pathogène chez la volaille, les souris, les chevaux, les porcs, les veaux et d'autres espèces (Zhang X et coll., 1999; Curtiss et Hassan, 1996; Blankenship LC, 1991). La souche vaccinale étant très atténuée, elle ne devrait pas, quant à elle, constituer un danger pour la sécurité des espèces non visées, comme le démontrent les études expérimentales menées chez le dindon, la caille, le pigeon, la souris et le veau.

8. Incidences sur l'environnement

8.1 Risques et avantages

On sait que l'entérite nécrotique et les maladies subcliniques apparentées sont la cause de considérables pertes économiques pour le secteur canadien des poulets à griller. La bactérie C. perfringens de type A est aussi associée à des maladies d'origine alimentaire chez l'humain. À l'heure actuelle, les vétérinaires utilisent des antibiotiques en prévention de l'entérite nécrotique induite par C. perfringens, ce qui augmente le potentiel de résistance antimicrobienne et d'inefficacité ultérieure des antibiotiques dans le traitement d'affections humaines et animales. Aucun vaccin contre C. perfringens dont pourrait bénéficier le secteur canadien de la volaille n'a encore été homologué au pays. L'avantage potentiel du vaccin sur lequel porte la présente évaluation est qu'il pourrait, en protégeant les poulets contre les maladies causées par la bactérie C. perfringens de type A, contribuer à l'amélioration de la santé animale et, en conséquence, réduire le risque de zoonose. Le vaccin constituera une solution de remplacement des antibiotiques, améliorera la santé de la volaille et favorisera la production agricole.

Selon les études menées par le fabricant, il existe une capacité limitée de reproduction de l'organisme vaccinal chez le poulet et la caille et d'excrétion de l'organisme par ceux-ci. Il est en outre possible que, comme le poulet et la caille, des espèces aviaires ou animales que le fabricant n'a pas étudiées excrètent l'organisme vaccinal. Toutefois, le risque de propagation et de persistance dans l'environnement est faible, les études du fabricant ayant indiqué que l'état optimal de l'organisme vaccinal dépend de multiples sources de carbone. Le transfert horizontal de gènes et la recombinaison sont quant à eux très improbables en raison des modifications génétiques auxquelles a été soumise la souche vaccinale.

Dans l'ensemble, nous croyons donc que les avantages du vaccin pour la santé des poulets surpassent les risques de répercussions environnementales associés à son administration.

8.2 Innocuité relative en comparaison d'autres vaccins

À l'heure actuelle, il n'y a aucun autre vaccin offert au Canada contre la bactérie C. perfringens de type A. L'étude menée par le fabricant n'a révélé aucun signalement d'événement indésirable lié au vaccin. Présentement, deux vaccins vivants contre Salmonella destinés à la volaille issus de la même souche parentale sont homologués aux États-Unis et au Canada. À notre connaissance, leur utilisation n'a eu aucune répercussion environnementale néfaste d'importance. Nous estimons que le RASV Cp/01 sera sans danger pour les oiseaux et pour l'environnement.

La réaction immunitaire au vecteur hôte d'origine bactérienne (Salmonella) n'a pas été évaluée, et il est possible que le vaccin nuise aux programmes de surveillance de Salmonella ou à d'autres vaccins contre Salmonella utilisés chez la volaille. C'est pourquoi le fabricant a inclus sur l'étiquette du vaccin la mise en garde suivante : « Le risque que le vaccin nuise aux épreuves de dépistage de la pullorose et de la typhose aviaire n'a pas été évalué et pourrait exister. »

9. Mesures d'atténuation

9.1 Innocuité pour le travailleur

Le vaccin sera fabriqué dans un établissement disposant d'un permis de l'USDA (établissement 605), à Lincoln, au Nebraska. Les personnes qui manipulent le vaccin, comme les employés de l'établissement de fabrication, ainsi que les vétérinaires, les techniciens en santé animale et les employés qui administrent le vaccin, de même que les exploitants de ferme avicole, peuvent être exposées à l'organisme génétiquement modifié RASV-Cp/01. Les employés qui administrent le vaccin seront les personnes les plus exposées et donc celles pour qui le risque sera le plus élevé. Les exploitants de ferme avicole doivent suivre les recommandations de l'étiquette quant à la préparation et à l'utilisation du vaccin. L'exposition directe au vaccin sera minimale, parce que l'application par pulvérisation aura lieu en enceinte fermée et que la dose de rappel sera administrée dans l'eau d'abreuvement, ce qui limitera l'aérosolisation du vaccin et l'exposition humaine. Les fermes avicoles doivent mettre en œuvre et respecter des principes de biosécurité de base afin de réduire l'exposition directe au vaccin par l'intermédiaire des oiseaux vaccinés, qui pourrait se produire à la ferme. Si le vaccin (qui est de forme liquide) est renversé, il faut l'inactiver au moyen des agents habituels de nettoyage et de désinfection. L'excrétion et la propagation qui auraient pour origine les oiseaux vaccinés étant limitées, l'exposition humaine par l'intermédiaire d'excrétions d'oiseau sera d'autant plus limitée. Le vaccin ne contenant aucun adjuvant, il n'y a aucun risque de problèmes cliniques liés à l'auto-injection accidentelle d'un adjuvant.

9.2 Manipulation d'animaux vaccinés ou ayant été exposés

Selon l'étiquette du vaccin, celui-ci doit être utilisé chez les poussins le jour de l'éclosion, puis facultativement une seconde fois lorsque ceux-ci ont 11 jours. D'après les études du fabricant, le vaccin n'est excrété que pendant quelques jours après la vaccination et ne devrait donc pas être excrété par des poussins de plus de 18 jours. Les poussins vaccinés seront élevés dans des installations biosécurisées; de plus, en bas âge, ils sont rarement manipulés par des humains. En outre, les employés des fermes avicoles étant habituellement tenus de prendre des mesures de biosécurité adéquates, l'exposition par la manipulation des poussins vaccinés sera limitée. L'élimination rapide des matières fécales des oiseaux vaccinés est importante pour réduire la propagation de l'organisme vaccinal et l'exposition des espèces non visées et des préposés manipulant la volaille. Au besoin, des agents de désinfection courants peuvent aussi être utilisés. Aucune autre précaution particulière n'est nécessaire à la manipulation des animaux et des oiseaux vaccinés ou exposés.

10. Surveillance

10.1 Mesures d'ordre général

Conformément à la réglementation visant l'homologation des vaccins au Canada, les fabricants doivent informer l'ACIA de toute réaction indésirable importante soupçonnée dans les 15 jours suivant le signalement d'une telle réaction par un propriétaire ou un vétérinaire. Les vétérinaires peuvent également signaler directement à l'ACIA les cas de réaction indésirable soupçonnée. Si le CCPBV reçoit une plainte relative à une réaction indésirable, il demande au fabricant de mener une enquête et de préparer un rapport à l'intention de l'ACIA et du vétérinaire qui s'occupe de l'animal. Si le problème est résolu à la satisfaction du vétérinaire ou du client, le CCPBV n'exige habituellement aucune autre mesure. Cependant, si les résultats de l'enquête ne sont pas satisfaisants, le CCPBV peut prendre des mesures réglementaires, lesquelles peuvent consister, selon le cas, à exiger des études d'innocuité supplémentaires, à cesser temporairement la vente du produit ou à retirer celui-ci du marché.

10.2 Mesures visant les humains

On ne procédera à aucune surveillance particulière de l'innocuité du produit à l'égard des humains.

10.3 Mesures visant les animaux

Les vétérinaires, les personnes effectuant la vaccination et les producteurs doivent signaler toute réaction indésirable soupçonnée au CCPBV conformément aux dispositions énoncées ci-dessus. Les réactions indésirables soupçonnées doivent être signalées au moyen du formulaire CFIA/ACIA 2205 – Déclaration des événements indésirables soupçonnés à l'égard des produits biologiques vétérinaires.

11. Consultation et personnes-ressources

Fabricant : Huvepharma Inc., 520 West Industrial Lake Drive, Lincoln, Nebraska USA 68528

Importateur : Huvepharma Canada Corporation, Inc., 275, rue Slater, bureau 900, Ottawa (Ontario) K1P 5H9

12. Conclusions et mesures à prendre

À la lumière des résultats de notre évaluation des renseignements disponibles, le CCPBV conclut que l'importation et l'utilisation au Canada du vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, ne devraient pas avoir d'effet indésirable important sur l'environnement, si le produit est fabriqué et testé conformément au protocole de production approuvé et utilisé selon les indications figurant sur l'étiquette.

À la suite de la présente évaluation et du processus d'homologation d'un produit biologique vétérinaire au Canada, le Permis d'importation de produits biologiques vétérinaires de la société Huvepharama Canada Corporation, Inc peut être modifié de manière à lui permettre d'importer et de distribuer le produit suivant au Canada :

Vaccin contre Clostridium perfringens de type A, vecteur vivant de Salmonella, (version surgelé - code de l'USDA 1U11.R0, dossier du CCPBV 800BA/C1.0/H17 et version lyophilisé – Code USDA 1U11.R1, Dossier CCPBV #800BA/C1.1/H17).

Toutes les séries de ce produit doivent être autorisées par l'USDA avant leur importation au Canada. Toutes les conditions décrites dans le Permis d'importation de produits biologiques vétérinaires doivent être respectées pour ce qui est de l'importation et de la vente de ce produit.

13. Références

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