Le Canada est l'un des rares pays encore exempts d'un certain nombre de maladies susceptibles de provoquer de graves épizooties. Pour l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), il est primordial de reconnaitre et d'éradiquer rapidement les maladies animales exotiques (MAE), notamment celles qui se transmettent rapidement d'un animal à l'autre,comme c'est le cas de la fièvre aphteuse.
Les capacités d'intervention d'un pays dépendent en grande partie du temps qui s'écoule entre l'introduction d'un agent pathogène particulièrement contagieux dans une population d'animaux et sa détection. La détection rapide par les vétérinaires et les laboratoires contribuent à limiter l'ampleur d'une éclosion en permettant de l'endiguer et de l'éradiquer rapidement.
Les vétérinaires en pratique privée sont très probablement les premiers à rencontrer et à reconnaître une MAE dès son apparition au Canada. La détection rapide par les vétérinaires, suivie de la déclaration d'un cas suspect, est essentielle à la prévention de la dissémination à grande échelle et des coûts élevés qui s'ensuivent pour la population canadienne. Les vétérinaires jouent aussi un rôle important dans la prévention de la propagation de telles maladies en appliquant des mesures strictes de bioconfinement et en informant le propriétaire des animaux des risques de transmission.
Quand doit-on soupçonner une maladie animale exotique
Les MAE qui inquiètent particulièrement l'ACIA sont celles qui pourraient avoir de graves conséquences pour l'économie et la santé publique au Canada. Bien qu'il soit peu probable que les cliniciens décèlent des MAE ici au Canada, il est possible de constater la présence de maladies qui leur ressemblent. Quand on ne peut écarter la présence de MAE, on devrait en tenir compte dans les diagnostics différentiels.
Un historique de contacts récents possibles avec des visiteurs, des gens ou du bétail revenant de l'étranger, devrait soulever des soupçons d'une MAE. On devrait poser des questions sur la provenance des aliments donnés aux animaux. Un syndrome qui ne suit pas l'évolution clinique ou la réponse à un traitement prévue devrait aussi être considéré comme suspect.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une liste exhaustive, voici quelques exemples qui pourraient servir d'aide-mémoire pour certaines des maladies animales exotiques préoccupantes au Canada.
Species | Clinical signs | Possible foreign animal disease |
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Porc | Boiterie prononcée et réticence à se déplacer; blanchiment des bandes coronaires; vésicules et érosions sur le groin ou les lèvres. |
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Porc | Maladie systémique grave; morbidité élevée ou faible mais à la hausse (insidieux). Un historique et une nécropsie sommaire pourraient être utiles. |
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Porc | Problèmes de reproduction chez des truies. |
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Porc | Signes cliniques d'origine neurologique ou respiratoire chez les porcelets à la mamelle, en pouponnière et en engraissement. |
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Équidés | Vésicules ou papules sur la langue. |
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Équidés | De nombreuses juments éprouvent un retour en chaleur après la saillie avec écoulements vaginaux mucopurulents et les cultures sont négatives. |
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Bovins | Salivation excessive; chute de la production de lait; vésicules sur la langue et les lèvres, dans lagueule, sur les trayons et entre les onglons; boiterie. |
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Bovins | Épidémie d'avortements; chute de la production de lait. |
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Volailles | Dépression; signes neurologiques; œdèmede la tête; diarrhée; morbidité et mortalité variables; entérite hémorragique; chute du taux de ponte. |
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Volailles | Si les signes ci-dessus sont seulement retrouvés chez les poussins et les dindonneaux. |
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Ovins | Erosions sur la langue et les gencives pouvant se regrouper en larges zones croûteuses, boiterie |
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On peut consulter la liste des maladies à déclaration obligatoire et les fiches techniques de l'ACIA sur la page Web des maladies à déclaration obligatoire.
Rôle du vétérinaire praticien
Détection
Il est de votre responsabilité comme vétérinaire en pratique privée d'actualiser vos connaissances sur les MAE qui pourraient être introduites au Canada. Le site Web de l'ACIA renferme les renseignements et les fiches techniques de ces maladies. Soyez à l'affût des signes cliniques et des résultats d'autopsie qui devraient éveiller des soupçons. Prenez l'habitude d'envisager la possibilité d'une MAE dans vos diagnostics différentiels.
Déclaration
- Conformément à la Loi (voir les paragraphes 5(1) et 5(2) de la Loi sur la santé des animaux), les vétérinaires doivent sans délai avertir le vétérinaire de district s'il y a soupçon d'une maladie à déclaration obligatoire
- Les vétérinaires devraient connaître les coordonnées du bureau de district de l'ACIA dans leur localité
- Il est conseillé au vétérinaire praticien de garder une liste à jour des personnes avec lesquelles il peut communiquer s'il ne peut joindre le vétérinaire de son district (par exemple le vétérinaire du district voisin ou le numéro à composer après les heures de bureau s'il en existe un dans sa province)
- Selon le niveau de suspicion, le praticien peut être tenu de rester sur le lieu suspect jusqu'à l'arrivée du vétérinaire de l'ACIA
Vous devez bien considérer les risques associés à une exposition continue avec du bétail dans d'autres exploitations sans vous désinfecter correctement et sans désinfecter à fond votre matériel et votre véhicule. Le risque de transmission de maladies par le vétérinaire qui se rend d'une exploitation à l'autre est bien réel et doit être reconnu, compte tenu des conséquences tragiques qui peuvent en découler. Le vétérinaire pourrait être tenu responsable dans le cas d'un tel incident.
Mesures de contrôle
- Informez le propriétaire de vos soupçons quant à la présence d'une maladie animale exotique, sans préciser le nom de la maladie
Employez par exemple le terme « maladie vésiculaire » au lieu de « fièvre aphteuse ». Expliquez brièvement les obligations de déclaration et les conséquences possibles d'un diagnostic positif - Encouragez le propriétaire du lieu suspect d'appliquer volontairement des mesures de mise en quarantaine : limiter au strict nécessaire la présence de visiteurs et de véhicules sur le lieu, reporter à plus tard les visites non essentielles et augmenter les mesures de biosécurité de l'exploitation.
- À l'arrivée du vétérinaire de district de l'ACIA, celui-ci pourrait vous demander de l'aider à documenter l'historique des signes cliniques suspects et à prélever des échantillons sur des animaux.
- Lorsque vous quitterez le lieu suspect, vous devriez consulter le vétérinaire de district afin de déterminer quels produits sont acceptables pour vous désinfecter, ainsi que votre matériel et votre véhicule.
Les désinfectants que vous utilisez normalement pourraient ne pas être efficaces contre l'agent infectieux d'une de ces maladies. - Dans le cas d'une éclosion d'une MAE, une équipe d'intervention désignée serait mobilisée afin d'endiguer et éradiquer la maladie. Cette équipe est composée d'unités dont les tâches sont précises : diagnostic, traçage, contrôle des déplacements, évaluation, destruction, élimination et nettoyage et désinfection. On pourrait vous demander en tant que vétérinaire praticien de venir en aide dans l'un de ces domaines
Ressources importantes
- Influenza aviaire (IA) – Ce à quoi vous attendre si vos animaux sont infectés
- Fièvre aphteuse – Ce à quoi vous attendre lorsque vos animaux sont potentiellement infectés
- Indemnisation zoosanitaire – À quoi s'attendre lorsqu'un animal fait l'objet d'un ordre de destruction
- Coordonnées des bureaux de district de l'ACIA
- D'autres renseignements, comme des photos de lésions associées à de nombreuses MAE, peuvent être consultés en ligne au Center for Food Security and Public Health (anglais seulement)