Pesticides et métaux dans les produits de légumineuses et les huiles végétales – 1 avril 2019 au 31 mars 2020

L'ACIA utilise des études ciblées pour concentrer ses activités de surveillance dans les domaines où le risque est le plus élevé. Grâce aux données obtenues de ces études, l'Agence peut établir des priorités parmi ses activités afin de cibler les produits alimentaires les plus préoccupants. À l'origine, les études ciblées étaient menées dans le cadre du Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires (PAASPA), mais depuis 2013 elles sont intégrées aux activités de surveillance régulières de l'ACIA. Les études ciblées constituent un outil précieux pour obtenir de l'information sur certains dangers posés par les aliments, cerner ou caractériser les dangers nouveaux ou émergents, recueillir l'information nécessaire à l'analyse des tendances, susciter ou peaufiner les évaluations des risques pour la santé, mettre en évidence d'éventuels problèmes de contamination ainsi qu'évaluer et promouvoir la conformité avec les règlements canadiens.

La salubrité des aliments est une responsabilité commune. On collabore avec les paliers d'administration fédérale, provinciale, territoriale et municipale et exerce une surveillance de la conformité aux règlements visant l'industrie alimentaire pour favoriser une manipulation sûre des aliments à l'échelle de la chaîne de production alimentaire. L'industrie alimentaire et le secteur de la vente au détail au Canada sont responsables des aliments qu'ils produisent et vendent, tandis que les consommateurs sont individuellement responsables de la manipulation sécuritaire des aliments qu'ils ont en leur possession.

Les contaminants chimiques dans les aliments peuvent provenir de différentes sources. Les pesticides peuvent se trouver dans l'environnement à titre de contaminants, ou ils peuvent être délibérément utilisés par les producteurs pour protéger les aliments et les cultures des ravageurs. Différentes pressions associées aux ravageurs et aux conditions climatiques dans les pays exportateurs d'aliments peuvent potentiellement entraîner l'utilisation de pesticides dont l'utilisation n'est pas approuvée au Canada, ou une teneur en résidus de pesticides ne respectant pas les limites maximales de résidus (LMR) imposées pour être vendus légalement au Canada^{Note de bas de page 3}. Une utilisation inappropriée des pesticides peut représenter un risque pour la santé des consommateurs; le risque varie selon le pesticide, sa concentration, ses effets sur le corps humain et la durée de l'exposition du consommateur.

Les métaux sont des éléments d'origine naturelle qui peuvent être présents en très petites quantités dans le roc, l'eau, le sol ou l'air. La présence de ces substances dans les produits alimentaires n'est donc pas inattendue, car des traces de celles-ci en reflètent habituellement l'accumulation normale dans l'environnement. Elles peuvent être présentes dans les ingrédients utilisés pour la fabrication des aliments finis et/ou être accidentellement introduites tout au long de la chaîne de production alimentaire.

Un certain nombre de métaux peuvent être préoccupants pour la santé humaine, selon le niveau d'exposition. Il a notamment été démontré que l'arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure avaient des effets sur la santé humaine, même à de faibles niveaux d'exposition. Seuls les résultats d'analyse aux fins de dépistage de ces métaux les plus préoccupants sont présentés dans le rapport.

Les aliments à base de légumineuses et de légumes sont des produits d'origine agricole pouvant contenir des résidus des pesticides présents dans l'environnement ou dans les cultures si celles-ci ont été traitées avec des pesticides au champ, durant le transport et/ou durant l'entreposage afin de prévenir les dommages causés par les insectes, les moisissures ou d'autres ravageurs. L'objectif de la présente étude ciblée était d'obtenir des données de base additionnelles sur les concentrations de pesticides, d'arsenic, de cadmium, de plomb et de mercure dans ces types de produits disponibles sur le marché canadien et de comparer le taux de détection des pesticides dans les aliments de la présente étude à ceux d'études ciblées précédentes.

Divers produits canadiens et importés, soit des produits à base de légumineuses (haricot, pois chiche, lentille et pois), des croustilles de légumineuses et des huiles et graisses végétales, offerts sur le marché canadien ont été échantillonnés du 1er avril 2019 au 31 mars 2020. Les échantillons ont été prélevés dans des épiceries locales et régionales situées dans 6 grandes villes du Canada. Ces villes englobaient 4 régions géographiques:

• Atlantique (Halifax)
• Québec (Montréal)
• Ontario (Toronto, Ottawa)
• Ouest (Vancouver, Calgary)

Le nombre d'échantillons prélevés dans ces villes était proportionnel à la population relative des régions respectives. La durée de conservation, les conditions d'entreposage et le coût des aliments sur le marché libre n'ont pas été examinés dans le cadre de l'étude.

Les échantillons ont été analysés par un laboratoire d'analyse des aliments certifié ISO/CEI 17 025 sous contrat avec le gouvernement du Canada. Se reporter à l'annexe A pour une liste des pesticides inclus dans la méthode d'analyse multirésidus de pesticides. Dans le cadre de la présente étude, le glyphosate et son métabolite, l'acide aminométhylphosphonique (AMPA), ont fait l'objet d'analyses fondées sur une méthode distincte, et les échantillons d'huiles et de graisses alimentaires ont été exclus de cette analyse. Les échantillons ont également été soumis à une méthode d'analyse permettant de dépister 20 métaux. Seules les données sur les métaux les plus préoccupants pour la santé humaine à de faibles niveaux d'exposition figurent dans le présent rapport; il s'agit de l'arsenic, du cadmium, du plomb et du mercure. Les résultats sont fondés sur les produits alimentaires tels qu'ils sont vendus, et non nécessairement comme ils seraient consommés.

Les LMR pour les pesticides sont établies par l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de SC et elles figurent dans sa base de données sur les LMR^{Note de bas de page 3}. Les LMR de pesticide s'appliquent au produit agricole brut spécifié, ainsi qu'à tout produit alimentaire transformé contenant ce produit agricole, à moins d'indications contraires. Conformément à l'article B.15.002 (1) du Règlement sur les aliments et drogues (RAD), en l'absence d'une LMR spécifique, les résidus d'un pesticide ou d'un autre produit chimique agricole ne doivent pas dépasser la LMR générale de 0,1 ppm.

Les contaminants et les autres substances adultérantes dans les aliments sont soumis aux concentrations maximales réglementaires établies par SC. En l'absence d'une concentration maximale particulière, les concentrations d'arsenic, de cadmium, de mercure et de plomb sont établies au cas par cas d'après les données scientifiques les plus récentes.

Pesticides

Au total, 2 849 échantillons de produits de légumineuses et d'huiles végétales d'origine canadienne et importés ont été soumis à des analyses évaluant la présence de 480 pesticides dans le cadre de la présente étude ciblée. Aucun résidu de pesticide n'a été détecté dans 1 403 (49 %) échantillons. Parmi les échantillons contenant des concentrations détectables de résidus de pesticide, 99 % renfermaient 1 à 3 résidus de pesticides. Le nombre maximal de résidus de pesticides (12) a été relevé dans un échantillon de farine de pois chiche. Les résultats selon le type de produit sont présentés au tableau 2.

Une évaluation par type de produit montre que le pourcentage d'échantillons présentant des concentrations détectables de résidus de pesticides va de 81 % pour les croustilles et craquelins à base de légumineuses à 22 % pour les huiles et graisses alimentaires. Le glyphosate était le pesticide le plus fréquemment détecté dans la plupart des types de produits. Dans les huiles et graisses alimentaires (qui n'ont pas fait l'objet d'analyses ciblant le glyphosate), le butoxyde de pipéronyle et le chlorpyrifos étaient associés aux taux de détection les plus élevés. Le taux de conformité global quant aux pesticides dans les produits analysés était de 97,1 %. La conformité a été évaluée en fonction de la LMR en vigueur au moment de l'étude; 83 résultats non conformes associés à 73 échantillons ont été obtenus. Dans le cas de 31 échantillons jugés non conformes, les résidus de pesticide dépassaient la LMR générale de 0,1 ppm, et 52 échantillons présentaient des concentrations de pesticides dépassant la LMR spécifique établie (0,1 à 5 ppm). Dans les échantillons non conformes dépassant la LMR générale, une concentration moyenne de résidus de 0,69 ppm a été mesurée.

Parmi les 2 849 produits analysés, 2 450 échantillons étaient issus de la culture conventionnelle, et 399 produits portaient la mention « biologique » sur leur étiquette. Les taux de détection étaient de 54 % dans les produits conventionnels, et de 29 % dans les produits biologiques. Une comparaison des taux de détection de résidus de pesticides dans les produits biologiques et conventionnels est présentée au tableau 3. La concentration moyenne des résidus de pesticides détectés était de 0,93 ppm dans les produits conventionnels et de 0,23 ppm dans les produits biologiques. Parmi les 73 échantillons non conformes, 13 étaient biologiques.

Remarque : la désignation « biologique » est fondée uniquement sur l'information présentée sur l'étiquette du produit

Tous les résultats non conformes relevés dans le cadre de l'étude ont été transmis au Bureau de la salubrité et des rappels des aliments (BSRA) de l'ACIA. L'ACIA a procédé aux activités de suivi qui s'imposaient afin d'améliorer la conformité, et a notamment procédé à d'autres analyses de produits semblables au cours des années subséquentes.

Métaux

Les 2 849 échantillons prélevés ont été analysés pour y mesurer les concentrations d'éléments traces. Seuls les résultats concernant les métaux les plus préoccupants pour la santé humaine sont présentés dans le rapport : arsenic, cadmium, plomb et mercure (tableau 4). Seulement 26 % des échantillons à l'étude contenaient un ou plusieurs des quatre métaux, et 6 % des échantillons présentaient des traces de 2 ou 3 métaux; aucun échantillon ne contenait les 4 métaux.

<LD = inférieur à la limite de détection (0,0001 – 0,02 ppm, selon le laboratoire et l'élément analysé)

Remarque : les valeurs moyennes ont été calculées uniquement à partir des échantillons présentant des concentrations de métaux quantifiables.

S.O. : non détecté

Le tableau 4 présente les concentrations de ces métaux mesurées dans les produits analysés. Le taux de détection global le plus faible était associé au plomb et le plus élevé associé au cadmium. Les huiles et les graisses alimentaires étaient associées au plus faible taux de détection, alors que les croustilles et craquelins à base de légumineuses sont les produits dans lesquels des concentrations mesurables de métaux ont été le plus fréquemment détectées. Comme prévu, les concentrations d'arsenic les plus élevées ont été observées chez les produits contenant du riz, puisque le riz accumule ce métal^{Note de bas de page 4}. Bien que des concentrations de métaux maximales légèrement plus élevées aient été mesurées dans certains types de produits, les concentrations moyennes de métaux étaient semblables dans l'ensemble des catégories de produits. Ces concentrations moyennes correspondaient aux concentrations moyennes de ces métaux généralement présentes dans le sol^{Note de bas de page 5}. Il n'existe aucun règlement au Canada quant aux concentrations de ces métaux dans les produits analysés. Santé Canada a déterminé qu'aucun des produits ne présentait de risque pour la santé des consommateurs.

Le tableau 5 présente une comparaison des résultats de la présente étude et d'études ciblées antérieures quant aux résidus de pesticide dans les produits de légumineuses et les huiles et produits à forte teneur en matières grasses^{Note de bas de page 6}, ^{Note de bas de page 7}, ^{Note de bas de page 8}, ^{Note de bas de page 9}. Les taux de détection et de non-conformité obtenus dans le cadre de la présente étude sont plus élevés que par le passé, mais ces différences sont attribuables à une augmentation de la sensibilité de la méthode et à une augmentation du nombre d'analytes. La liste des analytes est passée de 144 ou 298 (les années précédentes) à 485 en 2015 et au cours du présent exercice. De plus, le glyphosate, pesticide le plus fréquemment détecté dans le cadre de la présente étude, ne faisait pas partie des analyses les années précédentes. Le glyphosate, largement utilisé au Canada et ailleurs dans le monde, représentait sans surprise 43 à 90 % des résultats positifs obtenus pour divers types de produits inclus dans la présente étude^{Note de bas de page 10}. Une fois toutes ces différences prises en compte, les résultats de la présente étude concordent avec ceux des études des années précédentes. Certaines des différences observées pourraient aussi être attribuables à une divergence de la taille des échantillons et au type de produit analysé.

Dans divers produits de légumineuses analysés dans le cadre de la présente étude, les concentrations de résidus de pesticides les plus élevées ont été observées pour le glyphosate, suivi du butoxyde de pipéronyle. De plus, des concentrations élevées de certains pesticides ont été mesurées dans des huiles de lin et de pépin de raisin de diverses marques. La présence de ces pesticides est autorisée dans les produits bruts (graines de lin et raisins), mais dans certains cas les concentrations détectées étaient supérieures à la LMR, ce qui pourrait être attribuable à un phénomène de concentration durant le traitement ou à une application excessive de pesticides au champ ou en cours d'entreposage. Le taux global de détection de pesticides était tout de même faible pour ce produit, et plus faible que le taux de détection observé dans le cadre des études des années précédentes pour les produits à base d'huile, comme les vinaigrettes à base d'huile et les condiments (mayonnaise).