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Présence de plusieurs mycotoxines dans les produits du maïs, les craquelins, les produits à base d'autres grains, les pâtes et les produits sans gluten – 1 avril 2018 au 31 mars 2019

Chimie alimentaire – Études ciblées – Rapport final

Présence de plusieurs mycotoxines dans les produits du maïs, les craquelins, les produits à base d'autres grains, les pâtes et les produits sans gluten – 1 avril 2018 au 31 mars 2019 (PDF - 784 ko)

Résumé

Les études ciblées fournissent des renseignements sur les dangers alimentaires potentiels et contribuent à améliorer les programmes de surveillance régulière de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). Ces études permettent de recueillir des données sur la sécurité de l'approvisionnement alimentaire, de cerner les nouveaux risques éventuels ainsi que de fournir de nouveaux renseignements et de nouvelles données sur les catégories alimentaires, là où ils pourraient être limités ou inexistants. L'ACIA se sert souvent des études ciblées pour orienter ses activités de surveillance vers les domaines où le risque est le plus élevé. Les études peuvent aussi aider à identifier de nouvelles tendances et fournissent des renseignements sur la façon dont l'industrie se conforme à la réglementation canadienne.

La présente étude ciblée visait principalement à élargir les données de référence sur la présence et les concentrations de mycotoxines dans les produits du maïs, les craquelins, les produits à base d'autres grains (à l'exclusion des aliments de base), les pâtes et les produits sans gluten, ainsi qu'à comparer ces résultats avec d'autres données, si possible. Les mycotoxines sont des toxines naturelles produites par des champignons qui peuvent infecter les produits agricoles avant et après la récolte. Leurs effets sur la santé humaine sont variables; ils dépendent du type de mycotoxine et de sa concentration dans l'aliment. Le Canada n'impose pas de concentration maximale pour la plupart des mycotoxines dans les produits ciblés par la présente étude, à l'exception de l'ochratoxine A, pour laquelle le Canada a proposé une concentration maximale dans certains aliments.

Au total, 750 échantillons de produits du maïs et de pâtes, de craquelins, de produits sans gluten et d'autres produits à base d'autres grains ont été soumis à des analyses visant les mycotoxines. Des mycotoxines ont été détectées dans 388 échantillons (52 %). Au total, 17 mycotoxines distinctes ont été trouvées dans les types de produits échantillonnés dans le cadre de la présente étude. L'aflatoxine G2, le 3-acétyldéoxynivalénol (3-Ac-DON), le 15 acétyldéoxynivalénol (15-Ac-DON), le néosolaniol (NEO), le diacétoxyscirpénol (DAS), la fusarénone-X (FUS-X), l'alpha-zéranol et le bêta-zéranol n'ont été détectés dans aucun des échantillons. La mycotoxine la plus fréquemment détectée était le désoxynivalénol (DON), qui a été trouvé dans 306 échantillons (41 %).

Tous les résultats relatifs aux mycotoxines ont été évalués par le Bureau d'innocuité des produits chimiques (BIPC) de Santé Canada. Selon le BIPC, les concentrations détectées dans la présente étude ne devraient pas présenter un risque pour la santé humaine. Aucun rappel d'aliments n'a été jugé nécessaire, compte tenu de l'absence de préoccupation pour la santé humaine.

En quoi consistent les études ciblées

L'ACIA utilise des études ciblées pour concentrer ses activités de surveillance dans les domaines où le risque est le plus élevé. Grâce aux données obtenues de ces études, l'Agence peut établir des priorités parmi ses activités afin de cibler les produits alimentaires les plus préoccupants. À l'origine, les études ciblées étaient menées dans le cadre du Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires (PAASPA), mais depuis 2013 elles sont intégrées aux activités de surveillance régulières de l'ACIA. Les études ciblées constituent un outil précieux pour obtenir de l'information sur certains dangers posés par les aliments, cerner ou caractériser les dangers nouveaux ou émergents, recueillir l'information nécessaire à l'analyse des tendances, susciter ou peaufiner les évaluations des risques pour la santé, mettre en évidence d'éventuels problèmes de contamination ainsi qu'évaluer et promouvoir la conformité avec les règlements canadiens.

La salubrité des aliments est une responsabilité commune. L'ACIA collabore avec les paliers d'administration fédérale, provinciale, territoriale et municipale et exerce une surveillance de la conformité aux règlements visant l'industrie alimentaire pour favoriser une manipulation sûre des aliments à l'échelle de la chaîne de production alimentaire. L'industrie alimentaire et le secteur de la vente au détail au Canada sont responsables des aliments qu'ils produisent et vendent, tandis que les consommateurs sont individuellement responsables de la manipulation sécuritaire des aliments qu'ils ont en leur possession.

Pourquoi avons-nous mené cette étude

Les mycotoxines sont des toxines naturelles produites par des champignons qui peuvent infecter les plantes cultivées au champ ou après la récolteNote de bas de page 1. Ces toxines sont libérées par des moisissures qui peuvent apparaître sur les produits agricoles, notamment les céréales (par exemple le blé, l'avoine et le maïs), les légumineuses, les noix et les fruits. Le type de produit agricole, les dommages causés par les insectes ainsi que les conditions climatiques (température, humidité) durant la croissance, la transformation et l'entreposage sont parmi les facteurs pouvant avoir une incidence sur les types et les concentrations de mycotoxines présentes dans les produits offerts sur le marchéNote de bas de page 2. Leurs effets sur la santé humaine sont variables, allant de troubles gastro-intestinaux au cancer, et ils dépendent du type de mycotoxine et de sa concentration dans l'aliment.

Des études ont montré que parmi les centaines de mycotoxines associées aux produits alimentaires, seule une petite fraction a le potentiel de nuire à la santé humaine et constitue une préoccupation pour la santé à l'échelle mondialeNote de bas de page 2. La Commission du Codex Alimentarius est un organisme international créé par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et l'Organisation mondiale de la Santé pour mettre au point des normes alimentaires, des lignes directrices et des codes d'usage internationaux et harmonisés visant à protéger la santé des consommateurs et à assurer des pratiques loyales dans le commerce des aliments. La Commission du Codex a publié un code d'usages afin de réduire et prévenir la contamination par mycotoxines dans les céréales (par exemple le blé, le maïs, l'avoine et l'orge)Note de bas de page 2. Ce code d'usages reconnaît qu'une élimination totale des mycotoxines dans les aliments n'est pas possible, mais il donne des conseils sur la façon de lutter contre ces toxines et de gérer leur concentration au niveau de l'exploitation et après la récolte (p. ex. durant la transformation, l'entreposage et le transport).

Plus de 300 mycotoxines sont connues, dont les structures chimiques et les modes d'action diffèrent largement. Certaines de ces mycotoxines ciblent les reins, le foie ou le système immunitaire, et d'autres sont cancérogènes. Les mycotoxines courantes incluent les aflatoxines, l'ochratoxine A, les alcaloïdes de l'ergot, les fumonisines, les trichothécènes (comme le désoxynivalénol, également appelé « vomitoxine ») et la zéaralénoneNote de bas de page 1.

Les différentes mycotoxines incluses dans la présente étude et leurs effets sur la santé sont présentés à l'annexe A.

Quels produits ont été échantillonnés

Divers produits du maïs, craquelins, autres produits à base d'autres grains (à l'exclusion des aliments de base), pâtes et produits sans gluten d'origine canadienne ou importés ont été échantillonnés entre le 1 avril 2018 et le 31 mars 2019. Les échantillons de produits ont été prélevés dans des points de vente au détail de 6 grandes villes du Canada. Ces villes englobent 4 régions géographiques canadiennes :

Le nombre d'échantillons recueillis dans ces villes était proportionnel à la population relative des régions respectives. La durée de conservation, les conditions d'entreposage et le coût de l'aliment sur le marché ouvert n'ont pas été pris en considération dans la présente étude.

Tableau 1. Répartition des échantillons d'après leur type et leur origine
Type de produit Nbre d'échantillons canadiens Nbre d'échantillons importés Note de tableau a Nbre d'échantillons d'origine non précisée Note de tableau b Nombre total d'échantillons
Produits du maïs 12 80 44 136
Craquelins 7 41 54 102
Produits sans gluten 17 35 18 70
Autres produits à base d'autres grains 73 76 148 297
Pâtes 46 73 26 145
Grand total 155 305 290 750

Notes de tableau

Note de tableau page a

Importé d'au moins 27 pays.

Retour à la référence de la note de tableau a

Note de tableau page b

L'expression « non précisée » désigne les échantillons pour lesquels il a été impossible de déterminer le pays d'origine d'après l'étiquette du produit ou l'information disponible sur l'échantillon.

Retour à la référence de la note de tableau b

Comment les échantillons ont-ils été analysés et évalués

Les échantillons ont été analysés par un laboratoire d'analyse des aliments certifié ISO/CEI 17025 sous contrat avec le gouvernement du Canada. Les échantillons ont été analysés « tels que vendus », sans égard à la façon dont ils auraient été consommés.

Santé Canada n'a pas établi de limite de tolérance ni de norme pour la majorité des mycotoxines dans les produits à base d'autres grains ciblés par la présente étude. En 2009, Santé Canada a proposé des seuils maximaux (SM) pour l'OTA dans une variété d'aliments. Une SM de 3 ppb a été proposée pour les grains destinés à la consommation directe et aux produits à base d'autres grains dérivés (farine, pain, céréale pour déjeuner, etc.), une SM de 7 ppb a été proposée pour le son de blé, et une DM de 0,5 ppb a été proposée pour les préparations pour nourrissons et les aliments à base de céréalesNote de bas de page 3. Ces concentrations maximales, ainsi qu'une valeur guide pour l'industrie à l'égard de l'OTA dans les grains céréaliers non transformés, sont toujours à l'étude.

En l'absence de limites de tolérance ou de normes applicables, le BIPC de Santé Canada peut effectuer des évaluations ponctuelles afin de vérifier la présence de concentrations élevées de mycotoxines en se fondant sur les données scientifiques les plus récentes, au cas par cas.

Résultats de l'étude

Plusieurs mycotoxines

Au total, 750 échantillons ont été soumis à des analyses visant les mycotoxines. Les produits échantillonnés ont été séparés en 5 types de produits : produits du maïs, craquelins, autres produits à base d'autres grains, pâtes, et produits sans gluten. Des mycotoxines ont été détectées dans 388 échantillons (52 %). Au total, 17 mycotoxines distinctes ont été trouvées dans les types de produits échantillonnés dans le cadre de la présente étude. L'aflatoxine G2, le 3-Ac-DON, le 15-Ac-DON, le NEO, le DAS, la FUS-X, l'alpha-zéranol et le bêta-zéranol n'ont été détectés dans aucun des échantillons. Le tableau 2 indique le nombre d'échantillons présentant des concentrations détectables de mycotoxines, pour chacun des types de produits. Le pourcentage le plus élevé d'échantillons contenant des concentrations détectables de mycotoxines a été obtenu pour les pâtes, et le plus faible, pour les produits sans gluten.

Tableau 2. Résultats des analyses visant de plusieurs mycotoxines dans les produits à base d'autres grains
Type de produit Nbre d'échantillons Nbre (pourcentage) d'échantillons dans lesquels une ou des mycotoxines ont été détectées Nbre (pourcentage) d'échantillons dans lesquels aucune mycotoxine n'a été détectée Nbre de mycotoxines par échantillon
Produits du maïs 136 92 (68 %) 44 (32 %) 1-9
Craquelins 102 70 (69 %) 32 (31 %) 1-2
Produits sans gluten 70 17 (24 %) 53 (76 %) 1-4
Produits à base d'autres grains 297 103 (35 %) 194 (65 %) 1-4
Pâtes 145 104 (72 %) 41 (28 %) 1-5
Total 750 386 (51 %) 364 (49 %) 1-9

Comme l'indique le tableau 2, jusqu'à 9 mycotoxines ont été détectées par échantillon. Ces mycotoxines pouvaient appartenir à une même famille (3 formes d'aflatoxine ou 3 formes de fumonisine) ou être distinctes (par exemple la stérigmatocystine). La mycotoxine la plus fréquemment détectée était le désoxynivalénol, qui a été observé dans 306 échantillons (41 %). La mycotoxine la moins fréquemment détectée était l'aflatoxine B2, qui a été détectée dans un seul échantillon. Les concentrations de mycotoxines allaient de 0,4 ppb à 2 570 ppb.

Que signifient les résultats de l'étude

Les taux de détection de mycotoxines dans divers types d'aliments à base de grain sont comparables à ceux des années antérieuresNote de bas de page 4,Note de bas de page 5,Note de bas de page 6,Note de bas de page 7, sauf dans le cas de l'acide cyclopiazonique et de la zéaralénone et ses dérivés (tableau 3). Ce phénomène pourrait être attribuable à des différences quant aux types de produits analysés, aux conditions connues au cours d'une année de culture donnée et aux sources de grains. Santé Canada n'a pas établi ou proposé de limite de tolérance pour les mycotoxines ciblées par la présente étude, à l'exception de l'OTA. Le taux de conformité des produits à base de grain à l'égard de l'OTA (99,1 %) était comparable à celui observé les années antérieures (97,3 % à 99,6 %). Comme dans le cadre des études antérieures, la mycotoxine la plus fréquemment détectée était le DON. SC a déterminé que les concentrations de mycotoxines détectées dans les produits à base de grain dans la présente étude ne devraient pas présenter un risque pour la santé humaine, et il n'y a donc eu aucun rappel à la suite de l'étude.

Tableau 3. Résultats des analyses visant les mycotoxines dans les produits à base d'autres grains obtenus au cours de diverses années d'étude
Auteur de l'étude Année Analyte Nbre d'échantillons Nbre d'échantillons présentant des concentrations détectables de mycotoxines (pourcentage) Concentration max. de myco. (ppb) Concentration moy-enne* de myco. (ppb)
ACIA 2018 Aflatoxines B1, B2 et G1 75011 (1,5) 30 4,4
ACIA 2017 Aflatoxines B1, B2 et G1 7484 (0,5) 4,6 4,3
ACIA 2016 Aflatoxines B1, B2 et G1 7514 (0,5) 7,6 5,0
ACIA 2015 Aflatoxines B1, B2 et G1 745 6 (0,8) 1,4 0,9
ACIA 2013 à 2015 Aflatoxines B1, B2 et G1 2235 57 (2,5) 17 3,6
ACIA 2015 à 2019 3- et 15-acétyldéoxyniva-lénolenol 2994 0 (0) - -
ACIA 2013 à 2015 3- et 15-acétyldéoxyniva-lénolenol 2235 8 (0,004) 53 35,25
ACIA 2018 Désoxynivalénol 750 306 (41) 2570 282
ACIA 2017 Désoxynivalénol 748 440 (59) 1000 160
ACIA 2016 Désoxynivalénol 751 245 (33) 1360 176
ACIA 2015 Désoxynivalénol 745 203 (27) 3900 232
ACIA 2013 à 2015 Désoxynivalénol 2235 1044 (46) 2330 176
ACIA 2018 Diacétoxyscirpénol 7500 (0) - -
ACIA 2017 Diacétoxyscirpénol 7480 (0) - -
ACIA 2016 Diacétoxyscirpénol 7511 (0,1) 10 10
ACIA 2015 Diacétoxyscirpénol 7454 (0,5) 250 115
ACIA 2013 à 2015 Diacétoxyscirpénol 22350 (0,0) - -
    Fusarénone-X 750 0 (0) - -
ACIA 2017Fusarénone-X 7480 (0) - -
ACIA 2016Fusarénone-X 7511 (0,1) 23 23
ACIA 2015Fusarénone-X 7450 (0) - -
ACIA 2013 à 2015Fusarénone-X 22350 (0,0)- -
    Néosolaniol 750 0 (0,0) - -
ACIA 2017Néosolaniol 748 1 (0,1) 20 20
ACIA 2016Néosolaniol 751 0 (0) - -
ACIA 2015Néosolaniol 745 0 (0) - -
ACIA 2013 à 2015 Néosolaniol 2235 1 (0,0004) 30 30
ACIA 2018Nivalénol7507 (0,9)8622
ACIA 2017Nivalénol7486 (0,8)4728
ACIA 2016Nivaléno7510 (0)--
ACIA 2015Nivalénol7451 (0,1)1717
ACIA 2013 à 2015Nivalénol22354 (0,002)9842
ACIA 2018Alcaloïdes d'ergot75046 (6,1)66479
ACIA 2017Alcaloïdes d'ergot748231 (31)106060
ACIA 2016Alcaloïdes d'ergot75163 (8,4)1530138
ACIA 2015Alcaloïdes d'ergot74585 (11)1145110
ACIA 2013 à 2015 Alcaloïdes d'ergot2235 478 (21,4)1078 62
ACIA 2018Fumonisins B1, B2 et B3750105 (14)3503280
ACIA 2017Fumonisins B1, B2 et B374821 (2,8)86490
ACIA 2016Fumonisins B1, B2 et B375148 (6,4)2209430
ACIA 2015Fumonisins B1, B2 et B374530 (4,0)1142214
ACIA 2013 à 2015 Fumonisins B1, B2 et B32235233 (10)2062187
ACIA 2011Fumonisins B1 et B2274161 (59)4442253
ACIA 2018Toxines HT-2 et T-27508 (1,1)9837
ACIA 2017Toxines HT-2 et T-27488 (1,1)9815
ACIA 2016Toxines HT-2 et T-275119 (2,5)8521
ACIA 2015Toxines HT-2 et T-274511 (1,5)3217
ACIA 2013 à 2015 Toxines HT-2 et T-2223566 (2,9)27128
ACIA 2018Acide cyclopiazonique75018 (2,4)4711
ACIA 2017Acide cyclopiazonique7484 (0,5)6,52,5
ACIA 2016Acide cyclopiazonique7511 (0,1)2,52,5
ACIA 2015Acide cyclopiazonique7455 (0,7)3,11,9
ACIA 2013 à 2015 Acide cyclopiazonique223535 (1,5)8,32,7
ACIA2018Ochratoxine A 75020 (2,7) 34 4,2
ACIA2017Ochratoxine A74835 (4,7) 26710
ACIA2016Ochratoxine A75120 (2,7) 202,7
ACIA2015Ochratoxine A74536 (4,8) 364,8
ACIA 2013 à 2015 Ochratoxine A2235128 (5,7)34 2,6
ACIA2018Stérigmatocystine75012 (1,6) 12 2,7
ACIA2017Stérigmatocystine 74826 (3,5) 12 2,8
ACIA2016Stérigmatocystine75140 (5,3) 34 3,0
ACIA2015Stérigmatocystine74532 (4,3) 28 5,7
ACIA2013 à 2015Stérigmatocystine2235 41 (1,8) 183,1
ACIA2018Zéaralénone, α-zéaralénol et β-zéaralénol75034 (4,5)45044
ACIA2017Zéaralénone, α-zéaralénol et β-zéaralénol74812 (1,6)19946
ACIA2016Zéaralénone, α-zéaralénol et β-zéaralénol75123 (3,1)14539
ACIA2015Zéaralénone, α-zéaralénol et β-zéaralénol74523 (3,1)47788
ACIA2013 à 2015Zéaralénone, α-zéaralénol et β-zéaralénol2235 93 (4,0)577 50

*Moyenne établie à partir des résultats positifs uniquement.

Annexe A

1 Aflatoxines

Les aflatoxines appartiennent à une famille de métabolites secondaires toxiques d'origine naturelle produits par les champignons Aspergillus flavus et A. parasiticus Note de tableau 8. Les champignons qui produisent des aflatoxines peuvent contaminer les produits agricoles (comme le maïs, les noix, les épices, les fruits séchés) qui poussent ou qui sont transportés, conservés ou transformés dans des conditions chaudes et humides pendant des périodes prolongées, ou qui sont abîmés ou lésés par des parasites Note de tableau 8, Note de tableau 9. La pression de la sécheresse sur le maïs est également un facteur de risque majeur d'apparition d'aflatoxines sur le terrain Note de tableau 8, Note de tableau 9, Note de tableau 10. En raison du climat frais, les produits d'agriculture qui poussent au Canada (et leurs produits dérivés) sont moins susceptibles de contenir des aflatoxines que les produits importés de pays au climat plus chaud. Les aflatoxines ne sont pas détruites par la chaleur, la cuisson, ni la plupart des autres méthodes de transformation Note de tableau 11.

L'aflatoxine B1, une des formes d'aflatoxines, est parmi les agents naturels cancérogènes pour le foie les plus puissants Note de tableau 12. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les aflatoxines comme un agent cancérogène (groupe 1) pour les humains Note de tableau 13. L'exposition chronique aux aflatoxines a également été associée à l'inhibition de la croissance des enfants vivant dans des pays en développement où l'exposition à cette substance est relativement élevée. Les aflatoxines ont eu un effet immunosuppresseur chez les animaux de laboratoire Note de tableau 14, Note de tableau 15, Note de tableau 16, Note de tableau 17. Chez les humains, l'exposition à court terme à une concentration élevée d'aflatoxines peut causer l'aflatoxicose, maladie manifestée par des vomissements, des douleurs abdominales, des convulsions, un coma et même la mort. L'aflatoxicose est très rare dans les pays développés Note de tableau 18. La présente étude incluait les aflatoxines B1, B2, G1 et G2.

2 Acide cyclopiazonique

L'acide cyclopiazonique (CPA) est produit par le Penicillium cyclopium, d'autres espèces du genre Penicillium (par exemple le P. commune et le P. camembertii), l'Aspergillus flavus et l'A. versicolor. Il a été détecté dans le maïs, le millet, les arachides, les légumineuses, le fromage, le jambon, la saucisse, les saucisses à hot dog, les tomates et le lait Note de tableau 19.

Il y a peu d'information sur les effets potentiels sur la santé humaine associés au CPA. Cet acide a toutefois été associé à des empoisonnements associés à l'ingestion de grains de millet contaminés en Inde (« kodua poisoning »). Les symptômes de cet empoisonnement incluaient la somnolence, des tremblements et des étourdissements durant 1 à 3 jours et étaient suivis d'un rétablissement complet Note de tableau 20. Des études sur des animaux de laboratoire indiquent que le CPA n'est toxique que lorsqu'il est ingéré à de fortes concentrations. L'exposition répétée à de fortes doses d'acide cyclopiazonique a donné lieu à un éventail d'effets comme la neurotoxicité, des lésions au foie et aux reins, une perte de poids, la diarrhée, la déshydratation, des convulsions et la mort chez plusieurs espèces Note de tableau 21.

3 Alcaloïdes d'ergot

Les alcaloïdes d'ergot sont produits par les espèces de champignons du genre Claviceps, particulièrement le C. purpurea. Ces champignons parasitent les épis des plantes céréalières et entraînent le remplacement des grains par des structures fongiques de couleur distincte (violet foncé ou noires) nommées sclérotes ou ergots. Les principaux alcaloïdes d'ergot présents dans ces structures sont l'ergométrine, l'ergotamine, l'ergosine, l'ergocristine, l'ergocryptine et l'ergocornine (seulement l'ergosine, l'ergocristine et l'ergocryptine ont pu être incluses dans la présente méthode ciblant de plusieurs mycotoxines). Le type et la concentration de ces alcaloïdes dans les ergots varient considérablement selon la souche de champignon, l'espèce d'hôte, les conditions météorologiques et la région géographique. Une température et un sol humides favorisent la croissance des ergots, qui sont récoltés avec les céréales et peuvent ainsi contaminer les aliments de consommation humaine et les aliments du bétail à base de céréales. Les méthodes de nettoyage appliquées durant la transformation des grains retirent habituellement les ergots du grain Note de tableau 22.

À long terme, l'exposition aux alcaloïdes de l'ergot cause l'ergotisme, aussi appelé « empoisonnement à l'ergot » ou « maladie de St-Antoine » Note de tableau 23, Note de tableau 24. Les symptômes de cette maladie peuvent inclure la fièvre, des hallucinations, l'enflure ou la rigidité des membres, et une inflammation grave parfois suivie de la perte des tissus touchés et de la mort Note de tableau 25. Des études sur des animaux de laboratoire indiquent que les alcaloïdes de l'ergot agissent sur un certain nombre de récepteurs des neurotransmetteurs, ce qui, à des doses répétées, ralentit le débit sanguin, en particulier dans les membres, cause une perte de poids et modifie la concentration de certaines hormones chez le rat Note de tableau 26. La présente étude incluait uniquement l'ergosine, l'ergocristine et l'ergocryptine.

4 Fumonisines

Le Fusarium moniliforme et le Fusarium proliferatum sont des phytopathogènes communs dans les régions du monde productrices de céréales. Ces agents pathogènes peuvent infecter les céréales dans le champ (pré-récolte) ou durant l'entreposage (post-récolte). Ils peuvent proliférer lorsque le grain est cultivé dans des conditions chaudes et sèches suivies de conditions très humides. L'entreposage des grains dans des conditions humides favorise également la prolifération des moisissures. Ces phytopathogènes produisent des mycotoxines appelées fumonisines. Le maïs est la plante céréalière la plus vulnérable à la contamination par la fumonisine Note de tableau 27. Les concentrations de fumonisines peuvent être assez élevées même en l'absence de signes visibles de prolifération de moisissures Note de tableau 28. Il existe plusieurs types de fumonisines; les fumonisines B1, B2 et B3 sont les plus fréquentes. Les études ont mis l'accent sur la fumonisine B1, mais les données disponibles laissent croire que les fumonisines B2 et B3 ont un profil toxicologue similaire Note de tableau 29, Note de tableau 30, Note de tableau 31, Note de tableau 32. Les fumonisines résistent à des températures allant jusqu'à 150 °C et ne sont pas altérées par les forces mécaniques (comme le broyage); elles peuvent cependant être réduites par un traitement alcalin (manière traditionnelle de préparer la farine de maïs et d'autres produits du maïs comme les tacos) Note de tableau 33.

La contamination par fumonisine est surtout observée dans le maïs, mais certaines études scientifiques ont révélé la présence de fumonisines dans le vin rouge Note de tableau 34, le sorgho Note de tableau 35, le haricot blanc, le blé Note de tableau 29, l'orge Note de tableau 29, le soja Note de tableau 29, la figue Note de tableau 29, le riz Note de tableau 36, le thé noir Note de tableau 29 et des herbes médicinales Note de tableau 29.

L'ingestion d'aliments contenant des fumonisines peut être nocive pour la santé humaine. Les effets sur la santé observés dans des populations précises au sein desquelles le maïs est un élément important de l'alimentation et où le climat peut favoriser la prolifération des fumonisines incluent le cancer de l'œsophage en Afrique du Sud et en Chine Note de tableau 28, Note de tableau 37 , et des anomalies du tube neural en Amérique centrale et dans le sud-ouest des États-Unis Note de tableau 32. Les effets biologiques précis des fumonisines sont complexes et sont liés à l'interférence des mycotoxines avec le métabolisme cellulaire Note de tableau 27. Des études sur des animaux de laboratoire ont révélé que les fumonisines causaient des dommages au foie et aux reins chez de nombreuses espèces Note de tableau 38. La fumonisine B1 a été classée par le CIRC comme probablement cancérogène pour les humains d'après des éléments de preuve issus d'études sur des animaux de laboratoire Note de tableau 39. La présente étude incluait les fumonisines B1, B2 et B3.

5 Ochratoxine A (OTA)

L'OTA est un métabolite naturel des champignons des genres Aspergillus et Penicillium. En présence d'un taux d'humidité et de températures favorables, ces champignons peuvent se multiplier sur la matière entreposée et produire de l'OTA Note de tableau 40. L'OTA a été largement détectée dans les grains céréaliers (blé, maïs, avoine et orge), le café vert, le jus de raisin, la bière, le vin, le cacao, les fruits séchés et les noix Note de tableau 41. L'OTA est thermostable, et n'est détruite que partiellement dans des conditions normales de transformation ou de cuisson Note de tableau 42.

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé l'OTA parmi les agents cancérigènes possibles pour les humains, principalement en se fondant sur des données d'études sur les animaux Note de tableau 43. Le mécanisme par lequel l'OTA provoque des tumeurs rénales chez les rongeurs n'est pas encore parfaitement compris. Dans des études menées sur les animaux, l'OTA avait également des effets sur les reins, le développement du fœtus et le système immunitaire. Santé Canada a procédé à une évaluation du risque lié à l'OTA et a ensuite proposé une concentration maximale d'OTA pour diverses denrées alimentaires Note de tableau 3, ainsi qu'une valeur guide pour l'industrie concernant l'OTA dans les grains céréaliers non transformés Note de tableau 3.

6 Stérigmatocystine

La stérigmatocystine est une mycotoxine produite principalement par diverses espèces du genre Aspergillus. Elle peut également être produite par des espèces d'autres genres, dont Bipolaris, Chaetomium et Emiricella. Elle a été détectée dans les grains, le maïs, le pain, le fromage, les épices, la fève de café, le soja et la pistache. Les conditions humides et chaudes favorisent la production de stérigmatocystine Note de tableau 44.

Le CIRC a classé la stérigmatocystine parmi les agents cancérogènes possibles pour les humains Note de tableau 45. La stérigmatocystine peut également causer des mutations de l'ADN. Elle est très toxique pour les animaux, dont elle cible principalement le foie et les reins. Cette toxine présente une structure semblable à celle de l'aflatoxine; cependant, des essais sur des rats ont montré qu'elle est 10 fois moins létale après une exposition aiguë à de fortes doses et 10 à 100 fois moins efficace pour causer le cancer du foie Note de tableau 41. Ses effets sur la santé humaine n'ont pas fait l'objet d'études approfondies.

7 Trichothécènes

Les mycotoxines de cette grande famille se retrouvent habituellement dans les céréales (notamment dans le blé, l'orge et le maïs), et elles ont été détectées dans leurs produits dérivés (farines, semoules, son, gruau, céréales et bières). Ces toxines sont produites par diverses espèces du genre Fusarium chez certaines plantes cultivées, avant la récolte. Elles sont observées dans les grains atteints de fusariose de l'épi au champ. Les conditions chaudes et humides au champ favorisent le développement de la fusariose de l'épi et, par conséquent, la production des trichothécènes Note de tableau 46. Les trichothécènes résistent à la chaleur et ne sont que partiellement détruites sous des conditions normales de cuisson et de transformation Note de tableau 47. La trichothécène la plus commune est le DON.

Les effets sur la santé humaine du nivalénol Note de tableau 48, de la fusarénone Note de tableau 49, du 3-Ac-DON Note de tableau 46, du 15-Ac-DON Note de tableau 46, du néosolaniol (NEO) Note de tableau 46 et du DAS Note de tableau 46 n'ont pas été aussi abondamment étudiés que ceux du DON. Le DON ne serait pas cancérogène, mais a été associé à des effets aigus et chroniques sur la santé. Des éclosions en Asie, attribuées à la consommation de grains contenant des concentrations élevées de DON, sont associées à une maladie humaine de courte durée, durant laquelle le malade éprouve des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, des maux de tête et des étourdissements. Dans des études sur des animaux de laboratoire, les expositions à long terme à de faibles concentrations de DON ont été associées à une diminution de la prise alimentaire, à une perte de poids et à des effets sur le système immunitaire Note de tableau 50.

Les toxines T-2 et HT-2 apparaissent lorsque le grain récolté reste au champ durant de longues périodes après sa récolte, en particulier lorsqu'il fait froid, ou dans le grain qui devient mouillé au cours de son entreposage. Elles ont été détectées dans le blé, le maïs, l'avoine, l'orge, le riz, les légumineuses et le soja, et dans certains produits à base de céréale. L'avoine est la céréale la plus susceptible de contenir ces toxines, mais celles-ci ont aussi souvent été détectées, à des concentrations plus faibles, dans l'orge. Le blé n'est que rarement contaminé par ces toxines Note de tableau 51.

Les effets sur la santé humaine d'une exposition chronique aux toxines HT-2 et T-2 ne sont pas connus. Chez les animaux, ces toxines inhibent la synthèse de l'ADN, de l'ARN et des protéines et elles sont cytotoxiques. Le CIRC considère que les toxines HT-2 et T-2 ne peuvent être classées, puisque leur caractère cancérogène est fondé sur des données insuffisantes quant à leur danger pour les humains et sur des éléments de preuve limités tirés d'essais sur des animaux de laboratoire Note de tableau 52, Note de tableau 53. La présente étude ciblait le nivalénol, la fusarénone, le 3-Ac-DON, le 15-Ac-DON, le NEO, le DAS, le DON, le HT-2 et le T-2.

8 Zéaralénone et composés connexes

La zéaralénone (ZEN) est une mycotoxine produite principalement par les espèces du genre Fusarium. Elle a été détectée dans le blé, l'orge, le riz, le maïs et certaines autres céréales. Elle est résistante à la chaleur et peut se trouver dans les produits finis à base d'autres grains. La ZEN est métabolisée en α-zéaralénol (α-ZOL) et en β-zéaralénol (β-ZOL) Note de tableau 54, Note de tableau 55, Note de tableau 56.

La ZEN n'est pas une toxine aiguë. Elle est un composé œstrogénique dont les principaux métabolites sont des composés œstrogéniques plus puissants. Il cause l'infertilité chez le mouton, les bovins et le porc, et peut hâter la maturation sexuelle chez certains animaux. Des études sur des animaux de laboratoire ont montré que des doses orales élevées de ZEN se sont également révélées génotoxiques et toxiques pour le foie, et qu'elles avaient un effet sur le sang et le système immunitaire Note de tableau 53, Note de tableau 57. Le CIRC a conclu qu'il existait peu de preuves du caractère cancérogène de la ZEN Note de tableau 58. On a soupçonné la ZEN d'avoir contribué aux éclosions de puberté précoce chez des milliers de filles à Puerto Rico et d'avoir joué un rôle dans les cas de cancer du sein et de cancer cervical chez les populations humaines très exposées Note de tableau 52.

La présente étude ciblait la ZEN, l'α-ZOL et le β-ZOL.

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