DGR-13-04 : Document de gestion des risques phytosanitaires consolidé pour les plantes phytoravageurs règlementées au Canada
Annexe 12A : Résumé de l'évaluation du risque phytosanitaire pour Senecio inaequidens (séneçon du cap)
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- Identité de l'organisme
- Statut de l'organisme
- Statut réglementaire actuel
- Probabilité d'introduction
- Probabilité d'établissement
- Probabilité de propagation
- Conséquences économiques potentielles
- Conséquences environnementales et sociales potentielles
- Incertitude
- Conclusion
- Considérations d'ordre technique
Identité de l'organisme
Nom : Senecio inaequidens (Asteraceae)(USDA-ARS 2009)
Synonyme(s) : Senecio burchellii (CAB International 2007)
Noms communs français : Séneçon du Cap (CAB International 2007)
Noms communs anglais : South African ragwort, narrow-leaved ragwort (CAB International 2007), fireweed, variable groundsel (Mondragón Pichardo and Vibrans 2005)
Note sur la taxonomie : Senecio inaequidens a été entouré d'une confusion taxonomique considérable, laquelle a été causée par la variation morphologique au sein de l'espèce et par une similarité superficielle entre deux groupes d'espèces (groupes de Senecio madagascariensis Poiret et de Senecio lautus) (CAB International 2007). Traditionnellement, une distinction avait été établie entre Senecio inaequidens et Senecio madagascariensis, même si le résultat de recherches récentes laissent supposer qu'ils sont de la même espèce et qu'ils ne se différencient que par le nombre de chromosomes (CAB International 2007; Lafuma et al. 2003). On a constaté qu'une forme tétraploїde a été introduite en Europe et une forme diploїde en Australie, en Argentine, au Mexique et peut-être aux États-Unis (Hawaii), même si les deux formes provenaient d'Afrique du Sud (Lafuma et al. 2003). La forme tétraploїde est appelée Senecio inaequidens et la forme diploїde peut être en réalité celle qu'on a appelée Senecio madagascariensis.
Dans l'ensemble, la distinction entre Senecio inaequidens et Senecio madagascariensis est toujours « controversée » (CAB International 2007). Pour les fins de la présente évaluation du risque, ils sont considérés comme deux taxons distincts conformément au « Germplasm Resources Information Network» (GRIN) du USDA - Ministère de l'agriculture des États-Unis - (USDA-ARS 2009), même si certaines références consultées les traitaient comme une seule et même espèce. Il convient de mentionner que la distinction entre les taxons pourrait disparaître dans l'avenir, ce qui nécessiterait une mise à jour de la taxonomie présentée dans la présente évaluation du risque. Pour l'instant, parce que Senecio madagascariensis et Senecio inaequidens ont en commun beaucoup des caractéristiques envahissantes (Lafuma et al. 2003), les risques phytosanitaires qu'ils présentent doivent probablement être traités simultanément. Senecio inaequidens et Senecio madagascariensis figurent tous les deux sur la Liste des mauvaises herbes nuisibles réglementées par le palier fédéral des États-Unis (USDA-APHIS 2006).
Description : Senecio inaequidens est un arbrisseau herbacé vivace de courte vie ayant des feuilles larges et pouvant atteindre une hauteur de 100 cm (CAB International 2007). La plante comporte des tiges dressées qui sont souvent issues de la base, des feuilles alternes de couleur vert vif qui engainent habituellement la tige et des fleurs jaunes composées de 7 à 13 fleurs ligulées femelles et de nombreuses fleurs tubulées parfaites (avec pistils et étamines) (CAB International 2007). Les fruits sont des akènes de 2 à 2,5 mm de long et comportent un pappus blanc deux à trois fois cette longueur (OEPP 2006a). L'épithète inaequidens signifie dents inégales et fait vraisemblablement référence à la variation dans la division et la largeur des lobes des feuilles (CAB International 2007).
Statut de l'organisme
Senecio inaequidens n'est pas signalé au Canada (CAB International 2007; ACIA 2008; Scoggan 1979) sauf par Heger et Böhmer (2006) lesquels font référence à Garcia-Serrano et al. (2004), toutefois, rien n'y indique que Senecio inaequidens est présente au Canada. Cette référence semble donc avoir été utilisée par erreur (peut-être parce qu'elle a été publiée dans le Journal canadien de botanique). Rien ne prouve non plus que l'espèce est cultivée au Canada (CNLA 2008; Isaacson et Allen 2007). Selon cette information, Senecio inaequidens est considéré absent de la région d'analyse des risques phytosanitaires.
Statut réglementaire actuel
outefois réglementé comme mauvaise herbe nuisible par le palier fédéral des États-Unis. Il n'est réglementé dans aucun des États américains. Senecio inaequidens n'est réglementé actuellement par aucun pays européen (OEPP, 2006), mais il figure sur la Liste des plantes exotiques envahissantes de l'OEPP (en anglais seulement)) de par la menace importante qu'il présente pour la santé des végétaux, l'environnement et la biodiversité de la région de l'OEPP. Senecio madagascariensis, taxon étroitement apparenté, est répertorié comme étant une mauvaise herbe nuisible à Hawaii (HEAR 2003), et en Australie, en Nouvelle-Galles du Sud, dans l'ouest de l'Australie, dans Queensland et dans le territoire de la capitale australienne (Australian Weeds Committee 2008; OEPP 2006) et au Mexique.
Probabilité d'introduction
Bien que la dispersion naturelle de Senecio inaequidens soit importante dans sa zone de distribution actuelle, il n'est pas susceptible de s'introduire dans le Canada (Tableau 1). Toutefois, il existe bon nombre de filières d'entrée par lesquelles Senecio inaequidens pourrait s'introduire dans le Canada, tel que par les importations de laine, de foin, de grains contaminés ou, comme contaminant général, par les voyageurs et sur les surfaces.
Type de voie d'entrée | Voies d'entrée spécifiques |
---|---|
Dispersion naturelle |
Le risque de dispersion naturelle dans le Canada est improbable en raison du fait qu'il n'existe pas de population de la plante près des frontières canadiennes. |
Introduction intentionnelle | Aucune n'a été relevée. |
Introduction non intentionnelle |
Ces voies d'entrée accidentelles présentent peu de risques. |
Probabilité d'établissement
Senecio inaequidens est indigène dans le sud de l'Afrique (Lesotho, Afrique du Sud, Swaziland, Mozambique, Botswana et Namibie) et il est naturalisé ailleurs (CAB International 2007) (Figure 1). Sa zone de distribution varie selon les sources en raison de la confusion taxonomique expliquée plus haut. On le trouve actuellement dans beaucoup de pays européens, de l'Espagne à la Pologne et dans les pays nordiques que sont la Norvège et la Suède (CAB International 2007; Heger et Böhmer 2006). Bien qu'on l'ait signalé en Finlande, il ne semble pas s'y être établi (Heger et Böhmer 2006). L'espèce a aussi été découverte récemment à Taїwan (Jung et al. 2005). Des mentions de la présence de Senecio inaequidens au Mexique, en Argentine (Figure 1) et peut-être en Colombie, pouvaient faire référence à Senecio madagascariensis (Lafuma et al. 2003).
Dans le sud de l'Afrique, Senecio inaequidens pousse dans les pâturages de grande élévation (de 1400 à 2800 m), sur les marges de cours d'eau régulièrement inondés et dans les habitats rudéraux (CAB International 2007). En Europe, cette espèce s'établit dans une grande diversité d'habitats et de sols, bien qu'elle préfère les endroits chauds, secs et perturbés avec sols bien drainés (CAB International 2007). Parmi ces habitats, on compte les lignes de chemin de fer, les bordures des routes, les bandes de séparation des autoroutes, les ports fluviaux, les toits plats, les bacs à fleurs, les sites d'exploitation forestière, les forêts endommagées par les tempêtes, les terres incendiées, les zones industriels, les carrières abandonnées, les sites rocheux, les dunes côtières, les cultures et les pâturages, et ce, depuis le niveau de la mer jusqu'environ 600 m (OEPP 2006; Heger et Böhmer 2006).
Il est possible que Senecio inaequidens s'établisse dans la zone d'ARP en raison de sa nature opportuniste et de sa capacité à s'établir dans les climats tempérés. Une fiche de renseignement de l'OEPP sur Senecio inaequidens la décrit comme rustique et bien adaptée à la zone 7 (OEPP 2006) (faisant probablement référence à la zone de rusticité des plantes 7 du USDA - Ministère de l'agriculture des États-Unis). Selon la carte NAPPFAST, l'espèce semble capable de s'établir aussi dans la zone 6, si on en croit les signalements en Norvège, en Suède (GBIF 2008) et en Suisse (Heger et Böhmer 2006). Dans la zone d'ARP, les zones 6 et plus comprennent les côtes de la Colombie-Britannique et l'île de Vancouver, une petite région de l'extrême sud de l'Ontario et certaines des régions côtières de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve (Figure 2).
Probabilité de propagation
Senecio inaequidens est un prolifique producteur de semences, lesquelles sont dispersées naturellement par le vent et accidentellement par les humains en association avec les vêtements, les chaussures, le mouvement de la terre, les véhicules routiers et ferroviaires, les matériaux de construction, le foin, les grains, les plantes ornementales, le bétail et la laine (CAB International 2007; OEPP 2006; Heger et Böhmer 2006). En Europe, Senecio inaequidens s'est introduit initialement avec des importations de laine de mouton. Il s'est dispersé rapidement le long des constructions humaines de transport, en particulier les lignes de chemin de fer et les autoroutes (Heger et Böhmer 2006). Il pousse vigoureusement et s'adapte facilement à une grande diversité d'environnements (OEPP 2006).
Conséquences économiques potentielles
À partir de divers foyers d'introduction en Europe, Senecio inaequidens a commencé à se propager et, dès 1970, il était considéré envahissant dans beaucoup de pays européens (OEPP 2006). Aujourd'hui, il continue d'élargir sa zone de distribution et les taux d'infestation tendent à être très élevés (OEPP 2006). Senecio inaequidens colonise les vignobles et réduit la valeur des pâturages (OEPP 2006). Les plantes contiennent des alcaloїdes du type pyrrolizidine, toxiques pour les animaux d'élevage et les êtres humains (OEPP 2006) et peut nuire à la demande des consommateurs pour le lait et le miel (OEPP 2006).
La lutte et l'éradication en Europe sont ardues et coûteuses (OEPP 2006). Les chemins de fer allemands ont signalé des conséquences économiques négatives liées à la résistance aux herbicides se chiffrant à 100 000 Euros par année (Heger et Böhmer 2006; Reinhardt et al. 2003). L'analyse des risques phytosanitaires qu'a effectuée l'OEPP sur cette espèce indique qu'elle présente des risques économiques qui vont de moyens à élevés (OEPP 2006). [Il est à noter qu'il existe une disparité entre cette source et CAB International (2007), qui a évalué que les répercussions économiques seraient minimales]. L'introduction de Senecio inaequidens dans la zone d'ARP nuirait aussi à la capacité du Canada d'exporter des marchandises aux États-Unis (où la plante est désignée comme une mauvaise herbe nuisible de ressort fédéral) et peut-être ailleurs. Les akènes de l'espèce ont une taille semblable à ceux de Senecio vulgaris L. (sénéçon vulgaire), contaminant connu des fourrages et des graminées au Canada.
Conséquences environnementales et sociales potentielles
Senecio inaequidens envahit les habitats naturels (dunes, falaises, mares temporaires) et peut menacer la biodiversité (OEPP 2006). On considère qu'il est capable de modifier les paysages et qu'il est un « colonisateur inesthétique des terrains rudéraux » (OEPP 2006). L'analyse des risques phytosanitaires de l'OEPP indique que les risques environnementaux vont de moyens à élevés et que les risques sociaux varient entre faibles et moyens (OEPP 2006). Il est à noter encore une fois qu'il y a une disparité entre cette source et CAB International (2007), qui a évalué que les impacts environnementaux seraient minimaux.
Incertitude
Senecio inaequidens ne peut qu'être marginalement rustique dans la zone NAPPFAST numéro 6. Il est certainement répandu dans la zone 7 en Europe, mais s'il ne pouvait survivre que dans la zone 7, sa zone de distribution potentielle au Canada serait limitée aux côtes et au sud-ouest de la Colombie-Britannique.
Bien que Senecio inaequidens ait la réputation d'avoir des répercussions négatives sur les cultures et les pâturages, on trouve peu de renseignements sur leur gravité ou même sur les cultures que Senecio inaequidens envahit (autres que les vignobles).
Conclusion
Selon le résultat de l'évaluation des risques phytosanitaires, on peut affirmer que Senecio inaequidens deviendrait probablement envahissant ou adventice dans certaines parties du Canada si elle y était introduite, y compris le sud et les côtes de la Colombie-Britannique, l'extrême sud de l'Ontario et certaines régions des Maritimes.
Considérations d'ordre technique
Senecio madagascariensis est distingué par ses petits akènes (de 1,5 mm à 2,0 mm) et par les poils confinés aux sillons des akènes. En comparaison, les akènes de Senecio inaequidens sont longs (2,5 mm) et entièrement recouverts de poils. Ces différences doivent être traitées avec précaution étant donné qu'elles se fondent sur un échantillon limité (CAB International 2007; Radford et al. 2000)
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