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Une situation collante : l'impact du miel falsifié sur les apiculteurs

« Entre 1997 et 2001, le prix se situait autour de 1,50 $ la livre. C'était un bon prix pour les producteurs de miel. Et soudainement, en 2003, le prix a chuté. Et on commence à se poser des questions. »

Scott Plante, apiculteur québécois et ex-président du Conseil canadien du miel

« La proportion de sucre ajouté varie énormément. Dans certains cas, on trouve seulement des traces, mais dans d'autres cas, on a trouvé des taux qui étaient supérieurs à 50 %. À ce niveau-là, ce n'est plus du miel. »

Alia'a Ghiba, Gestionnaire des politiques et programmes, Direction de la salubrité des aliments et de la protection des consommateurs à l'ACIA

Êtes-vous buzzés sur le miel? Dans ce balado, nous parlons du miel falsifié avec Scott Plante, apiculteur québécois, et Alia'a Ghiba, gestionnaire de politiques à l'ACIA.

Cet épisode est une collaboration sur le miel falsifié avec le balado d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, « Les premiers 16 % ». Nous vous encourageons à écouter aussi leur épisode pour l'histoire complète : Épisode 021 – Faire la lumière sur la fraude alimentaire.

Une situation collante : l'impact du miel falsifié sur les apiculteurs - Transcription audio

Scott Plante (invité) : Où est ce qu'on a commencé vraiment à identifier ... Qu'on commençait à avoir des doutes qu'il y avait des problèmes, c'est fin des années 1900. En tout cas entre 1997 et 2001. Le prix se situait autour de 1,50 $ la livre. C'était un bon prix pour les producteurs de miel. Et soudainement, en 2003, le prix a, comme, chuté. Et on a commencé à se poser des questions.

Ali'a Ghiba (invité) : Maintenant, ce qui s'est passé, c'est qu'au cours des dernières années, l'ACIA a eu connaissance que le risque de falsification du miel avec des sucres étrangers avait possiblement augmenté au Canada.

Scott : On a eu des pertes d'emplois, il y a eu des faillites. On a vécu une période de cinq ans où est-ce que les prix étaient excessivement bas. Et il y en a plusieurs qui n'ont pas survécu à ça là.

Alia'a : Nous continuons à travailler et à surveiller la conformité du miel au Canada. D'accord, et l'ACIA continue de prendre les mesures nécessaires lorsque l'on trouve un produit qui n'est pas authentique. Puis, dans certains cas extrêmes, ça peut aller jusqu'à des poursuites judiciaires.

Michelle Strong (co-animatrice) : Salut, c'est Michelle Strong.

Greg Rogers (co-animateur) : Et c'est moi, Greg Rogers.

Michelle : Et vous écoutez Inspecter et protéger, le balado official de l'Agence canadienne d'Inspection des Aliments.

Greg : Cet épisode est créé en collaboration avec le balado distingué et primé d'Agriculture et agroalimentaire Canada : Les premiers 16 %.

Michelle : On vous conseille fortement d'écouter leur segment connexe sur le miel falsifié. Ils discutent des dernières technologies utilisées pour détecter la fraude alimentaire.

Greg : Vous pouvez trouver le lien vers leur balado dans la description de notre épisode.

Michelle : Donc, aujourd'hui, nous allons parler d'une situation assez collante. On parle du miel. Spécifiquement du miel falsifié au Canada.

Greg : D'après le site Web Insider, dans un article publié en 2020, le miel serait l'un des aliments les plus falsifiés au monde.

Michelle : Mais lorsqu'on dit 'falsifier', qu'est-ce qu'on veut dire?

Alia'a : En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que le miel est clairement défini dans la législation canadienne comme un produit fabriqué par les abeilles à partir du nectar de fleurs ou de sécrétions végétales.

Michelle : C'est la voix de Alia'a Ghiba. Elle travaille à l'ACIA, dans les politiques et programmes liés à la protection des consommateurs.

Alia'a : Donc, en fait, en vertu de la loi canadienne, le miel ne peut pas contenir de sucre ajouté, comme du sirop de maïs, des sucres de riz ou de la canne à sucre.

Greg : On va discuter avec Alia'a un peu plus tard cet épisode.

Michelle : Mais la fraude du miel n'est pas le seul défi pour les apiculteurs cette année. L'hiver de 2022 a été désastreux pour les perte d'abeilles. Les apiculteurs à travers le Canada ont souffert d'une perte d'environ 30 à 90 % de leur colonies.

Greg : On voulait entendre la perspective d'un apiculteur. Et donc, nous avons communiqué avec Scott, qui travaille depuis plus de 40 ans dans le domaine.

Scott : Ok. Bonjour, je m'appelle Scott Plante. J'ai été de 2011 à 2020 au Conseil canadien du miel, dont 2 années comme président. J'ai commencé l'apiculture à neuf ans. Ça fait 41 ans que je suis dans le domaine apicole et de 9 a à 26 ans, j'étais un amateur. Puis j'ai commencé mon entreprise à l'âge de 27 ans.

Scott : On est situé sur la rive Sud de Lévy. Notre entreprise, en tant que tel, c'est une entreprise qui vise la pollinisation des petits fruits. Puis on gère à peu près, une bonne année, entre 800 et 1000 ruches. En principe, on a du miel de printemps, on a du miel de bleuetière. On s'en tient à notre bleuetière parce que, durant la floraison des bleuets, il y a d'autres plantes indigènes qui fleurissent. C'est pas juste le bleuet. Et après ça, on a du miel de trèfle, de luzerne, de framboises et de fraises qu'on offre. Oh et du sarrasin aussi.

Greg : As-tu un type de miel préféré?

Scott : Moi, c'est le miel de luzerne que je préfère. Honnêtement j'ai des ruches dans le bas du fleuve, puis il y a certaines années où, je ne sais pas pourquoi, les conditions sont juste idéales. Où le plant a assez d'eau et le temps de fleurir. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais il y a des années où est-ce que il y a du miel que je vais produire qui vient de la luzerne qui va goûter comme du … j'ai le mot anglais, cotton candy? Avez-vous le mot français pour ça?

Michelle : La barbe à papa.

Scott : Mais oui, ça, c'est un de mes miels favoris. Puis, c'est un miel qui est carrément transparent. C'est un miel, là, qui va avoir une réflexion de la lumière qui va être égale à l'eau.

Greg : Est-ce qu'on peut faire de la barbe à papa avec du miel? Je sais que j'ai déjà été, pour le sirop d'érable, il y avait un magasin qui vendait de la barbe à papa. Fait avec du sirop d'érable, mais je ne sais pas si ça marcherait ou non avec le miel.

Scott : Ça pourrait. J'ai déjà entendu parler que ça avait déjà été fait. Le plus gros problème avec la barbe à papa? Le sucre. Le sirop de sirop d'érable a le pourcentage de sucrose est différent du miel. Il y a plus de glucose, plus de fructose dans le miel, mais le fructose a tendance à absorber l'eau dans l'atmosphère, tandis que le sucrose a tendance à délaisser l'eau à l'atmosphère. il reste plus sec. Mais je ne suis pas assez calé pour dire c'est quoi le processus pour en arriver là.

Michelle : Avant l'enregistrement, on a parlé, tu avais dit qu'il y avait du miel qui donne des hallucinations. Là, je suis curieuse.

Scott : Lorsque c'est une plante spécifique, ça s'appelle un rhododendron, un truc. Dans la littérature, on nous indiquait que ça pouvait être un miel qui pouvait causer des effets secondaires, pas toujours les meilleurs chez les humains, et que ça rendait les abeilles parfois, avec des comportements en état d'ébriété.

Greg : J'ai déjà vu les différences entre les types de miel. Comme je me promène un peu partout avec ma famille et souvent on achète des petits souvenirs ici et là. Mais la variété de vente, le goût, la couleur, c'est incroyable. J'ai acheté des miels assez foncés comme, ça se peut-tu du chêne? Est-ce qu'il y a des fleurs de chêne?

Scott : Ça se peut. Il y a des fleurs... Les arbres ont tendance à fleurir.... La floraison des arbres a tendance à être plus sèche vers le printemps. Il y a beaucoup d'arbres qui vont fleurir, notamment le tilleul, la plaine, l'érable aussi. C'est tous des arbres et des arbustes qui vont aider au développement des ruches au printemps. Mais ce n'est pas quelque chose qu'on voit, à part peut-être le tilleul. Ce n'est pas, c'est pas des miels qu'on va viser pour récolter. On va plus laisser ça aux abeilles pour qu'elles se développent.

Michelle : C'est super intéressant, comme l'apiculture puis tout ça. Mais depuis quand est ce que le faux miel est discuté entre apiculteurs au Canada?

Scott : Le faux miel. Je dois vous dire. Le miel atteint… les prix du miel ont varié un peu comme des vagues sur l'océan. Ça vivote, ça monte, ça descend. C'est l'offre et la demande mondiale. Puis on voit ça depuis les années 60, depuis la deuxième guerre mondiale. Et aussitôt que les prix deviennent intéressants, plein de monde se jettent dans l'apiculture et commencent à faire des abeilles. Et là, ils font du miel. Il y a une suroffre, puis ça fait que les prix baissent. Où est ce qu'on a commencé vraiment à identifier, quand on commençait à avoir des doutes, qu'il y avait des problèmes, c'est à la fin des années 1900. En tout cas entre 1997 et 2001. Le prix se situait autour de 1,50 $ la livre. C'était un bon prix pour les producteurs de miel. Et soudainement, en 2003, le prix a chuté. Et on commence à se poser des questions. Ce qui est ressorti, c'est une contamination des miels avec des antibiotiques non autorisés. Ça a mené à la fermeture de certains marchés, comme en Europe, en Angleterre à ce moment-là, parce que ce produit d'antibiotiques là, illégal, avait un effet secondaire sur le corps humain qui pouvait causer une anémie aplasique. C'est une anémie au niveau du sang. Puis, c'étaient les débuts où on voyait vraiment de l'altération, du miel falsifié.

Greg : Peux-tu nous expliquer un peu les impacts?

Scott : Vu qu'on est un pays exportateur de miel, on est plus qu'autosuffisants dans la production de notre propre miel. Et ce qui arrive, c'est qu'on est géré par un prix international du miel qui est souvent établi. À ce moment-là au moins. 80 % de notre production de miel descendait aux É.-U. et les importateurs, à cette date-là, puisqu'ils avaient accès à du miel du Vietnam, de Thaïlande et d'autres parts, le transbordement à un très bon prix, mais ça venait affecter notre rendement. Ce qui causait de un, un effet très néfaste aux apiculteurs canadiens. De un, la rentabilité de leur entreprise est affectée. De deux, la croissance de leur entreprise est affectée. Et de trois, l'employabilité. L'industrie en tant que telle était incapable de grossir et d'assumer cette situation et même d'employer du monde.

Scott : On a dit qu'il y a eu des pertes d'emplois, il y a eu des faillites en 2008, jusqu'à 2013. C'est vraiment une période où les prix étaient à terre, où le rendement… Moi, à un moment donné, je me suis dit : je fais-tu du miel, du miel ou je m'envoie sur la pollinisation? Avoir pris la décision de rester seulement sur le miel, je n'aurai pas ma maison aujourd'hui.

Scott : On a vécu une période de cinq ans où les prix étaient excessivement bas et la compétitivité et profitabilité des entreprises était très affectées. Ils ont été pris pour vendre à perte. Et il y en a plusieurs qui n'ont pas survécu à ça là.

Michelle : D'après toi, qu'est ce qui pourrait être fait pour réduire davantage l'introduction du miel falsifié?

Scott : Ben je crois qu'il y a eu des… il a été entamé de belles choses au niveau de l'ACIA. Oui quand j'ai juste ... Parce que je vois ça chaque année maintenant vous avez un suivi. Vous avez dit ou vous échantillonner des, des lots, et vous prenez des échantillons de lots qui viennent autant de l'extérieur que ceux qui sont produits à l'intérieur du Canada. Puis c'est sûr que si l'ACIA avait la capacité monétaire et les capacités ou niveau de la main d'œuvre, si elle pouvait peut-être augmenter leur échantillonnage autant à l'importation qu'à l'exportation. Mais avec les technologies qu'on a aujourd'hui, je pense que ce n'est pas quelque chose de majeur au niveau de l'apiculture au niveau canadien, avec quand même les nouvelles technologies qu'on a.

Greg : Pourquoi penses-tu que la fraude est un problème pour le miel en particulier?

Scott : Mais je pense que le miel, c'est un aliment stable. Ce n'est pas comme des pommes ou des oranges, ou des bananes ou des fruits. Ce n'est pas comme ça. Puis ça n'a pas besoin d'être entreposé ou congelé comme la viande. C'est quelque chose un peu comme de l'huile d'olive, puis c'est quelque chose qui est mondial. Tous les pays produisent du miel. Un peu comme je vous parlais tantôt de transbordement. Tu changes l'étiquette sur le baril, puis le miel part de toi, puis vient à moi. Puis ça pourrait être une forme de blanchissement d'argent aussi, parce que c'est tellement dur à suivre. Comprenez-vous ce que je veux dire?

Michelle : Oui, oui.

Scott : Je peux garder mon miel cinq ans à température de la pièce dans ma cave, puis le reprendre au bout de cinq ans, comme du miel de l'année.

Greg : J'ai entendu dire que le miel peut durer comme, pour toujours.

Scott : Dans de bonnes conditions. C'est sûr que si on met … En Thaïlande, ils ont un gros problème au niveau de la conservation du miel parce qu'il fait vraiment trop chaud. Et le miel qui chauffe va développer des acides. Le sucre se transforme en acide, il fait foncer le miel. Mais comme je vous dis, un miel qui est bien conservé se conserve longtemps.

Michelle : En tant que consommateur, y a-t-il des trucs qu'on peut faire pour identifier le vrai miel par rapport au faux miel?

Scott : Si vous voulez vraiment voir si c'est du vrai 1000 fois au miel, ramassez le pot et envoyez là à l'ACIA pour qu'il se fasse tester. Et eux vont être capables de vous le dire. Mais si j'avais un conseil à donner à des amateurs de miel, c'est d'établir une relation de confiance avec un producteur de miel. Allez là, faites du local, aller au marché public, rencontrer le producteur. Mais si c'est vraiment de se rendre à la source au début pour être capable de vraiment s'assurer… qu'il y a des abeilles derrière, qu'il y a un apiculteur derrière ça.

Greg : Nous avons entendu dire que cette année a été extrêmement malchanceuse pour l'apiculture en général. Peux-tu nous parler un peu de la situation?

Scott : Oui, oui, oui. Nous sommes dans une … je vous dirais une crise. On a perdu énormément de ruches. Et on ne comprend pas exactement pourquoi. Parce qu'on n'a pas encore… Il est vraiment trop tôt dans la crise pour déterminer. Plusieurs vont avancer que c'est le varroa qui est responsable.

Greg : C'est quoi un varroa?

Scott : Excusez-moi, c'est un petit parasite. C'est un insecte piqueur-suceur, un peu comme un moustique. Et puis c'est depuis 1997, à Québec, qu'il y a du varroa. Moi, personnellement… Encore là, j'ai confiance dans la science et dans les suivis qui vont être faits. Je serais bien plus confiant de dire peut être dans trois mois on va avoir une meilleure idée de qu'est-ce qui nous a frappé que d'être capable de vous dire ça présentement. Mais je pense que c'est une combinaison de facteurs. Mais ça reste une industrie dans une situation affaiblie de un. Mais moi, je suis un particulier, je suis rendu à 75 % de mes ruches qui sont mortes. C'est une hécatombe.

Michelle : Nous avons parlé longtemps avec Scott à ce sujet. C'était si intéressant, mais aussi bouleversant, qu'on a décidé d'y dédier un épisode au complet. On vise à le publier plus tard cet été.

Greg : Si vous êtes intéressé d'entendre le reste de notre discussion avec Scott, soyez à l'affût pour nos prochains épisodes.

Greg : Merci de nous avoir parlé. Aujourd'hui, c'était super intéressant et on vous souhaite bonne chance avec vos abeilles pour un récupération, c'est très important, évidemment, mais merci beaucoup.

Scott : Merci beaucoup aussi de m'avoir écouté. Et nous, on est dans le mode « Reconstruisons mieux ».

Michelle : Après avoir parlé avec Scott, on voulait mieux comprendre comment l'ACIA traite la fraude du miel.

Greg : Voici Alia'a. Vous avez entendu sa voix plus tôt dans cet épisode.

Alia'a : Eh bien, bonjour à tous. Moi c'est Alia'a Ghiba! Je suis gestionnaire des politiques et des programmes à la Direction de la salubrité des aliments et de la protection des consommateurs à l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Greg : Bienvenue Alia'a.

Michelle : Bonjour, merci de vous joindre à nous. On va parler du miel.

Greg : Mmmmm.

Michelle : Mmm.

Greg : J'aime ça.

Michelle : Alors Alia'a, à quel moment le miel falsifié a-t-il commencé à apparaître sur le radar de l'ACIA?

Alia'a : En fait, ça a toujours été sur notre radar. Donc, finalement, je dirais que vraiment, depuis sa création en 1997, l'Agence a toujours eu des programmes de surveillance pour détecter les miels falsifiés. D'accord. Maintenant, ce qui s'est passé, c'est qu'au cours des dernières années, l'ACIA a eu connaissance que le risque de falsification du miel avec des sucres étrangers avait possiblement augmenté au Canada. Puis, cela a été mis en évidence à travers nos programmes de surveillance, mais aussi, et ça c'est intéressant, à travers de l'information qui a été partagée par l'industrie, y compris le Conseil canadien du miel. Donc, ce qui fait que depuis 2019, l'ACIA commençait d'abord à mettre à jour ses outils, puis ses méthodes scientifiques pour tester le miel. Puis on a aussi mis en place une surveillance accrue de l'authenticité du miel. Et puis ce qu'on a fait aussi depuis 2018, c'est qu'on publie nos rapports dans lesquels on trouve nos résultats d'analyse et nos mesures d'applications de la loi, parce qu'on pense que c'est important qu'on sensibilise le public à cette problématique.

Greg : On sait que le miel est présent dans beaucoup de produits. Est-ce que le miel falsifié, c'est un problème pour les produits qui ont du miel dans la liste des ingrédients aussi, par exemple, comme les barres granola ou les boîtes de céréales?

Alia'a : Ah oui. Alors oui, ça peut être un problème. Ce qu'il faut savoir, c'est que nous, à l'Agence, nous testons seulement le miel. D'accord, donc, on teste pas les aliments qui contiennent du miel. Par contre, ce qu'on fait, c'est qu'on prélève des échantillons de miel en vrac qui lui va être destiné pour une transformation ultérieure. Donc, ça veut dire qu'il peut être destiné à être utilisé comme ingrédient dans une barre granola. Et puis, il faut savoir qu'effectivement, malheureusement, certains des échantillons insatisfaisants sur lequel l'ACIA a pris des mesures concernaient du miel qui était destiné à être utilisé comme ingrédient. Donc oui, ça peut être un problème.

Michelle : Dans le fond, quelle proportion du miel falsifié est constituée de miel pur?

Alia'a : Ben, ça peut varier. Ça peut varier énormément. Ce qu'il faut savoir... ce qui est intéressant aussi, c'est de savoir qu'on a deux méthodes d'analyse, d'accord, de laboratoire. Donc la première, ça s'appelle la résonance magnétique nucléaire. Puis cette méthode , elle détecte l'ajout de sucre étranger. En comparant l'échantillon de miel au profil d'un miel authentique. Puis on a une deuxième méthode. C'est vraiment une méthode qui détecte l'ajout de sucre étranger en pourcentage. Ça s'appelle l'analyse du rapport isotopique stable.

Michelle : Si, comme moi, vous êtes fascinés par la science et la technologie qui entoure la fraude alimentaire, je crois que vous aimeriez l'épisode de notre partenaire, « Les premiers 16 % ». Ils vont vraiment en profondeur à ce sujet.

Alia'a : Donc ce qu'on a remarqué, c'est que la proportion de sucre ajouté varie énormément. Donc dans certains cas, on trouve seulement des traces de sucre étranger. Mais dans d'autres cas, on a trouvé des taux qui étaient supérieurs à 50 %. Puis on est d'accord que, quand un miel contient plus que 50 % de sucre étranger…

Michelle : C'est pas du miel.

Alia'a : C'est pas du miel, non, à ce niveau-là, c'est plus du miel.

Michelle : Pouvez-vous nous donner les dernières nouvelles ou constatations en ce qui concerne la situation du miel falsifié au Canada?

Alia'a : Oui, bien sûr. Alors, on a travaillé à partir de deux angles, d'accord. Le premier, on a fait une surveillance des produits vendus au détail, donc une surveillance aléatoire.

Michelle : Alia'a nous explique que, dans la surveillance la plus récente, des échantillons de miel ont été choisis au hasard. 95 % de ceux-ci ont été jugés satisfaisants.

Greg : Ils ont aussi fait ce qu'on appelle un échantillonnage dirigé. C'est lorsqu'on vise spécifiquement des groupes qui auraient commercialisé du miel falsifié dans le passé. Dans ce groupe, environ 74 % du miel a été jugé satisfaisant.

Michelle : Au total, 182 échantillons ont été analysés.

Greg : 21 de ces échantillons ont été jugés avoir un certain niveau de sucre ajouté, et donc d'être altéré.

Michelle : 16 des échantillons non-satisfaisant provenait d'importations, tandis que les autres 5 provenait de miel domestique.

Michelle : Est-ce possible que l'échantillon suggère que le problème concerne principalement le miel importé? Savons-nous d'où?

Alia'a : Oui, ben en fait d'où? Je dirais un peu partout. C'est intéressant en fait. Notre échantillon de 2020-2021 a révélé que le miel non-conforme importé venait d'Égypte, d'Allemagne. Ça venait de la Grèce, de Taïwan, de l'Inde. Des fois, c'était aussi des mélanges de miels, donc importés, ou même des mélanges de miels importés et canadiens.

Greg : Et comment parvient-il à entrer au Canada malgré les réglementations?

Alia'a : Ouais, ben c'est une question que tout le monde se pose, mais écoutez, c'est très, très difficile d'inspecter ou d'échantillonner tous les produits qui arrivent au Canada. D'accord, c'est quasiment impossible. Donc, ceci étant dit, de nombreux aliments importés sont échantillonnés ou inspectés par l'ACIA après leur arrivée au Canada. Donc, l'ACIA utilise les données sur les expéditions entrantes qui sont fournies par l'Agence des services frontaliers du Canada. Et puis, en compilant ces données avec nos propres outils et notre expertise à l'interne, on filtre et on identifie des chargements à haut risque qui seront ensuite éventuellement inspectés ou échantillonnés. L'ACIA aussi continue d'inspecter certains titulaires de licence qui ne se conforment pas aux exigences réglementaires. Et dans ce cas-là, lorsque des violations sont constatées, l'ACIA prend des mesures d'application de la loi.

Michelle : Qu'est ce qui arrive lorsqu'on trouve des produits qui sont non-conformes?

Alia'a : Ben là, lorsque l'on trouve des produits non conformes ou lorsqu'une partie réglementée ne se conforme pas aux exigences, l'ACIA a pas mal de mesures de contrôle et d'application de la loi. D'accord, mais elles sont généralement, c'est examiné au cas par cas, parce qu'on tient compte du préjudice causé par la non-conformité. On tient compte des antécédents de la partie réglementée. Et puis aussi, on tient compte de l'intention de violer les exigences fédérales. Donc, je vous dirai encore une fois que c'est du cas par cas. Puis les options, ça peut aller de la détention des produits, de l'élimination. Ça peut aussi être réexporter, donc un renvoi en dehors du Canada. Puis, dans certains cas extrêmes, ça peut aller jusqu'à des poursuites judiciaires.

Michelle : Si vous voulez en apprendre davantage, on publie beaucoup d'informations à ce sujet dans notre site Web, y compris un bulletin de poursuite judiciaire. On a placé les liens vers ces pages dans notre description.

Alia'a : Si vous voulez savoir pour l'année 2020 -2021, l'ACIA a empêché la vente d'environ 18 000 kilogrammes de miel sur le marché canadien. Alors ça, ça comprend du miel qui a été détruit, quelques barils qui ont été retenus? Mais la majorité a été réexpédié, donc retiré du Canada.

Michelle : Alia'a, quelles sont les prochaines étapes pour l'ACIA et nos partenaires en ce qui concerne la fraude du miel?

Alia'a : Nous continuons à travailler et à surveiller la conformité du miel au Canada. D'accord, et l'ACIA continue de prendre les mesures nécessaires lorsque l'on trouve un produit qui n'est pas authentique. Mais l'ACIA travaille aussi avec l'industrie parce qu'il est important de lui rappeler sa responsabilité de se conformer à la réglementation canadienne. Et on travaille aussi avec les autorités étrangères compétentes dans les pays qui exportent leur miel au Canada. Donc, en fait, on espère que dans l'ensemble, cela continuera à protéger les consommateurs contre les représentations trompeuses de miel falsifié. Et on espère aussi qu'on va contribuer à soutenir au fond un marché équitable pour toutes les parties prenantes.

Greg : Eh bien, merci beaucoup Alia'a d'avoir jasé avec nous.

Alia'a : Bien, merci de m'avoir reçue.

Greg : Cet épisode est une collaboration avec Kirk et Sara, co-animateurs du balado d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Si nous n'êtes pas abonné à leur balado « Les premiers 16 % », je vous le recommande!

Michelle : Ils ont aussi lancé un épisode sur le miel falsifié. Ils discutent des dernières technologies utilisé pour détecter la fraude alimentaire – souvent une course entre nos scientifiques et les fraudeurs pour prendre le dessus.

Michelle : Restez à l'écoute pour nos prochains épisodes!

Greg : Vous écoutez Inspecter et protéger, le balado officiel de l'ACIA. À bientôt!

[Fin de l'enregistrement]

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