Génétique du mouton et tremblante

La constitution génétique du mouton est un facteur significatif afin de déterminer leur sensibilité à l’infection par la tremblante classique. Il en résulte que le génotypage du mouton est une mesure de lutte contre la maladie utilisée par le Programme national d'éradication de la tremblante du Canada (PNET). Des analyses visant à déterminer la sensibilité des moutons à la tremblante sont régulièrement effectuées par le laboratoire national de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) et de référence de l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu'Office international des épizooties (OIE)) pour la tremblante et la maladie débilitante chronique (MDC), ainsi que par d'autres laboratoires de santé animale au Canada et aux États-Unis.

Récemment, un nombre suffisant de renseignements scientifiques sont devenus disponibles concernant la génétique chez les chèvres et la sensibilité à la tremblante, tant à l'échelle internationale qu'au Canada, permettant ainsi à l'industrie caprine d'envisager de l'utiliser comme outil de gestion du risque pour la tremblante. Par conséquent, l'ACIA conduira un projet pilote pour le génotypage des chèvres et la sensibilité à l'infection par la tremblante en tant que mesure de lutte contre la maladie, et ce, parallèlement avec les autres outils actuellement disponibles dans le PNET du Canada.

Génotypage chez le mouton

Le génotype est l'ensemble des gènes d'un individu. Comme tous les animaux, le mouton reçoit un allèle de chacun des gènes de sa mère (brebis) et de son père (bélier). Les allèles sont les différentes versions d'un gène. Le génotypage de la sensibilité à la tremblante fait référence à des analyses révélant les allèles spécifiques hérités du gène du prion des animaux qui rendent un animal plus ou moins susceptible de contracter la tremblante.

Les différents allèles hérités pour un gène du prion d'un mouton déterminent les acides aminés particuliers qui seront inclus à des emplacements précis de la protéine prion du mouton. La littérature scientifique actuelle indique que la présence de certaines combinaisons d'acides aminés à trois sites spécifiques (codons) du gène du prion du mouton a un effet sur la sensibilité relative de l'animal à la tremblante. En Amérique du Nord, les codons aux positions 136 et 171 revêtent une importance particulière pour ce qui est de la tremblante classique.

  • Le codon 136 code l'acide aminé valine (V) ou alanine (A).
  • Le codon 171 code l'acide aminé glutamine (Q) ou arginine (R).

1 des façons courantes d'exprimer par écrit le génotype du mouton est d'indiquer le numéro du codon, puis l'acide aminé correspondant : @136V pour valine ou A pour alanine, @ 171R pour arginine ou Q pour glutamine. Les combinaisons d'acides aminés possibles à ces deux endroits du gène du prion du mouton et leur effet sur la sensibilité à la tremblante sont indiqués ci-dessous.

Sensibilité à la tremblante classique d'après le génotype

Tableau 1 : Génotype et susceptibilité à la tremblante chez le mouton.
Génotype du mouton (136, 171) Sensibilité à la tremblante classique
136AA 171RR Négligeable
136AA 171QR Très faible
136AV 171QR Intermédiaire
136AA 171QQ
136AV 171QQ
136VV 171QQ
Élevée

Il est important de comprendre que le génotypage de la tremblante n'est pas un test de dépistage de la maladie. Un mouton 171QQ n'a pas automatiquement la tremblante, et il n'est pas absolument garanti qu'un mouton 171RR ne puisse pas contracter la tremblante.

  • Le génotypage de la sensibilité à la tremblante est un outil utilisé par l'ACIA lorsque des mesures de lutte contre la maladie sont prises. Tous les moutons adultes exposés à la tremblante au sein d'un troupeau infecté sont soumis à une analyse sanguine pour déterminer leur sensibilité à la tremblante. En général, seuls les moutons dont la sensibilité est moyenne ou élevée font l'objet d'une ordonnance de destruction; cela permet de réduire le nombre de moutons faisant l'objet d'une telle ordonnance dans les installations infectées par la tremblante.
  • Le génotypage de la sensibilité à la tremblante peut être utilisé par un producteur dans le cadre d'un plan de gestion globale du risque de tremblante dans son exploitation. La décision d'un éleveur d'avoir recours au génotypage de la tremblante doit être fondée sur des facteurs individuels.

Qui aurait avantage à envisager l'élevage sélectif visant la résistance génétique à la tremblante

  • Un éleveur qui fournit un grand nombre de brebis de reproduction à d'autres éleveurs.
  • Un éleveur qui achète des brebis de reproduction de différentes sources dont le statut à l'égard de la tremblante est inconnu.
  • Un éleveur ayant un nombre important d'animaux de reproduction 171RR dans son troupeau, qui pourrait ainsi facilement procéder à un élevage sélectif visant la résistance à la tremblante, relativement rapidement, sans effet important sur la sélection visant à améliorer d'autres caractères de production.

Éléments à prendre en compte

Une des façons les plus efficaces de procéder à un élevage sélectif visant la résistance à la tremblante est de ne sélectionner que des béliers de génotype 171RR. Tous les moutons issus de béliers de génotype 171RR hériteront ainsi d'au moins un codon R et ils seront plus résistants à la tremblante.

En outre, des études récentes liées à la transmission de la tremblante ont montré que le génotype du fœtus influençait l'accumulation du prion de la tremblante dans le placenta d'une brebis infectée par la tremblante. Chez une brebis 171QQ infectée par la tremblante portant un fœtus 171 QQ (sensibilité élevée), il y a accumulation dans le placenta de grandes quantités de prions de la tremblante qui seront transmis à la naissance. Cependant, lorsqu'une brebis infectée porte un fœtus 171 QR (sensibilité très faible), le prion de la tremblante ne traverse pas le placenta et la transmission du prion de la tremblante est empêchée à la naissance. L'utilisation d'un bélier 171 RR pour la reproduction peut par conséquent prévenir la propagation du prion de tremblante infectieux à la naissance lorsque la brebis est infectée.

Qui n'aurait pas avantage à envisager l'élevage sélectif visant la résistance génétique à la tremblante

  • Un éleveur dont le troupeau est fermé depuis longtemps et qui ne présente aucun signe de tremblante.
  • Un éleveur dont la race de moutons ou le troupeau compte peu ou pas d'animaux de génotype 171QR ou 171RR.
  • Un éleveur qui ne souhaite pas s'écarter de son plan d'amélioration génétique pour la sélection d'autres caractères de production.

On recommande fortement à un éleveur qui choisit de ne pas procéder à un élevage sélectif visant la résistance à la tremblante de garder son troupeau fermé ou d'acheter des brebis de reproduction provenant de troupeaux qui sont inscrits à un programme de certification à l'égard de la tremblante et de commencer à faire des tests de dépistage de la tremblante chez ses animaux adultes qui meurent.