Comprendre les dates sur nos aliments

Vous avez trouvé le courage de faire le ménage de votre réfrigérateur ou votre garde-manger, mais comment savoir ce qu'il faut garder ou jeter ? Dans ce balado, Laura Reid, experte en étiquetage, nous aide à comprendre les différentes dates sur nos aliments.

Sophie Langlois-Blouin, vice-présidente de RECYC QUÉBEC, nous parle également du gaspillage alimentaire au Canada.

« En général, lorsque nous examinons le marquage des dates ici à l'agence, nous concentrons nos efforts sur la véracité et la disponibilité des informations obligatoires, pour que les consommateurs puissent prendre des décisions. ».

Laura Reid - Gestionnaire de la section d'étiquetage des aliments à l'ACIA
Comprendre les dates sur nos aliments – Transcription audio

Laura Reid (Invitée) : ll y a beaucoup de dates différentes. Par exemple, nous avons les dates « Meilleur avant » et nous avons les dates limites d'utilisation. La date « Meilleur avant » est plutôt une question de qualité, tandis que la date limite d'utilisation concerne davantage la salubrité alimentaire. Donc si vous avez un produit avec une date limite d'utilisation, je vous conseille de ne pas consommer ces produits après la date limite d'utilisation. Cependant, pour la date « Meilleur avant », vous pouvez parfois conserver ces aliments un peu plus longtemps si vous les avez bien stockés.

Greg Rogers (co-animateur) : Bonjour, c'est Greg.

Michelle Strong (co-animatrice) : Et c'est moi Michelle. Et vous écoutez Inspecter et protéger, le balado officiel de l'Agence canadienne d'inspection des aliments.

Greg : Au sujet de la salubrité des aliments, la santé des animaux et la santé des plantes.

Michelle : Greg, est-ce que ça t'arrive des fois d'avoir un creux dans l'estomac? C'est l'heure de la collation et tu as vraiment faim. Tu ouvres ton frigo et tu te rends compte qu'il y a des choses qui sont là depuis très longtemps…trop longtemps.

Greg : Ça m'arrive souvent!

Michelle : Ok, donc ce n'est pas juste moi? Alors dans ces cas-là, je me dis qu'il est peut-être temps de faire le ménage dans mon frigo. Mais là... qu'est-ce que je fais avec toutes les dates sur ces produits? Est-ce qu'ils sont encore bons? Et ce que je dois en jeter? Et comment est-ce que je peux éviter de gaspiller ?

Greg : Ça m'arrive tous le temps. C'est un vrai défi.

Michelle : Et bien, dans cet épisode, nous avons invité Laura Reid, experte en étiquetage, pour nous aider à comprendre comment interpréter ces dates « Meilleur avant » et autres étiquettes utiles sur notre nourriture.

Laura : Mon nom est Laura Reid. Je suis gestionnaire de la section d'étiquetage des aliments dans la division de la protection des consommateurs et de l'équité du marchés de la direction à l'ACIA.

Greg : Bonjour Laura! Merci de vous joindre à nous.

Michelle : Pour commencer, pouvez-vous nous parler d'une des dates les plus communes : les dates « meilleur avant »?

Laura : Oui! Tout d'abord, vous devez savoir que les dates « Meilleur avant » indiquent des choses comme la fraîcheur et le goût et qu'elles sont requises sur les aliments préemballés dont la durée de conservation est de 90 jours ou moins. Des exemples de ces aliments seraient les viandes fraîches ou le lait. Mais pour les aliments qui ont une durée de conservation supérieure à 90 jours comme les pâtes sèches ou les conserves de fruits, elles sont optionnelles. Et donc, les fabricants peuvent volontairement ajouter une date « Meilleur avant ». Les consommateurs doivent garder à l'esprit que cette date concerne la qualité des aliments, et non leur salubrité. Elle vous indique que les produits alimentaires non-ouverts doivent conserver leur fraîcheur, leur goût, leur valeur nutritionnelle et d'autres qualités jusqu'à cette date précise. Cependant, s'ils ont été ouverts, la durée de conservation peut être réduite. Il est donc important de conserver correctement vos aliments avant et après leur ouverture. Alors, lorsque cette date est dépassée, un aliment peut perdre un peu de sa fraîcheur ou de sa saveur. Sa texture pourrait avoir changé ou il pourrait perdre un peu de sa valeur nutritionnelle. Certains aliments peuvent être consommés après la date, comme le riz ou les biscuits, par exemple. Les consommateurs doivent toutefois se rappeler que certains aliments peuvent devenir microbiologiquement dangereux sans nécessairement présenter des signes d'altération. Il n'est donc pas forcément préférable de les consommer après la date limite. Cela dit, les consommateurs peuvent utiliser la date « Meilleur avant » comme guide lorsqu'ils font le tri dans leur frigo ou leur garde-manger.

Greg : Il s'agit donc vraiment de laqualité des aliments, et non d'une question de salubrité alimentaire.

Laura : Exactement. Oui.

Michelle : Donc, si nous avons dans notre dans notre frigo des aliments dont la date « Meilleur avant » est dépassée, nous ne devrions pas nous juger les uns les autres?

Laura : Exactement. Non, j'ai sûrement quelques produits périmés dans mon garde-manger. Mais il existe une distinction entre les dates « Meilleur avant » et les dates limite d'utilisation. Et nous avons beaucoup d'autres dates au Canada.

Michelle : Pouvez-vous nous parler de ces autres dates?

Laura : Je vais commencer avec les dates limite d'utilisation. Celles-ci sont donc exigées pour un petit nombre d'aliments spécifiques comme les préparations pour nourrissons et les substituts de repas. Ces aliments ont des spécifications strictes en matière de composition et de nutrition qui peuvent ne pas être respectées après leur date.

Ensuite, il y a la date « employez avant » qui est exigée sur les levures fraîches préemballées.

Certains produits carnés et certains fruits de mer comme les palourdes, les huîtres doivent avoir une date de production ou de récolte. C'est le cas aussi pour la vente de mollusques et crustacés.

Il y a aussi les dates de congélation qui vous indique qu'un produit doit être congelé pour maintenir sa qualité s'il n'est pas consommé avant cette date.

Et puis sur certains autres aliments, vous pouvez voir d'autres dates qui sont requises. Nous constatons cependant sur le marché que les consommateurs souhaitent vraiment voir des dates sur leurs aliments, de sorte que les fabricants peuvent volontairement ajouter ces dates.

Michelle : Oui ok. Est-ce qu'ils y a des règles pour quand et comment ces dates doivent être utilisées ?

Laura : Oui, absolument. Ces dates doivent être véridiques et non trompeuses, et si elles sont ajoutées volontairement, elles ne peuvent pas prendre la place d'une date limite de consommation obligatoire. Dans les cas où l'étiquetage de la date est requis, il existe des règles d'affichage telles que la langue, le format, la lisibilité et l'emplacement. En plus des dates, nous avons également des codes de lot qui fournissent des informations sur la date de fabrication de l'aliment, ce qui est utile pour les consommateurs, les fabricants et les détaillants, car ces codes de lot facilitent la traçabilité, notamment en cas de rappel. Donc, pour résumer, de nombreux aliments ont des dates. Certaines sont tenues de porter des dates, mais même lorsqu'elles sont ajoutées volontairement, elles doivent être véridiques et non trompeuses. Et il y a des règles pour savoir comment les utiliser. En général, lorsque nous examinons le marquage des dates ici à l'agence, nous concentrons nos efforts sur la véracité et la disponibilité des informations obligatoires, pour que les consommateurs puissent prendre des décisions.

Greg : Peux-tu nous parler un peu de lorsque c'est écrit « réfrigérer après l'ouverture » ? Avez-vous des conseils pour savoir s'il est encore possible de le consommer sans danger ou s'agit-il d'une situation à éviter?

Laura : Je dirais qu'en général, lorsqu'on ajoute des informations sur les conditions de conservation sur l'étiquette d'un aliment, il vaut mieux suivre ces instructions car on ne peut pas garantir que l'aliment sera sûr s'il n'est pas conservé correctement. Je dirais généralement des choses comme de la confiture ou du sirop d'érable ou le beurre wow que j'ai dans mon garde-manger, j'essaie de les remettre au réfrigérateur après leur ouverture. Ils semblent rester plus longtemps comme ça.

Greg : Je pense au vin, vous savez, vous êtes censé consommer du vin à l'intérieur d'une semaine de l'ouverture. Mais, il me semble que c'est toujours aussi bon après ce temps.

Laura : C'est sûr. Et si le goût n'est pas celui que vous attendiez, vous pouvez toujours cuisiner avec au lieu!

Michelle : Bon point. C'est un bon conseil. Contrairement à la salsa qui semble être mon produit périmé de choix.Quel autre produit semble être souvent gaspiller, d'après-vous?

Laura : Chez moi, je dirais que ce sont les légumes verts.

Michelle : Après avoir parlé à Laura, nous avons fait quelques recherches à ce sujet. Selon le Conseil national zéro déchet du Canada, les aliments les plus fréquemment gaspillés sont : les légumes et les fruits, les restants, le pain et la boulangerie, les produits laitiers et les œufs.

Greg : Les légumes et les fruits sont de loin les principaux coupables. Calculés par leur poids, ils représentent 45 % des aliments gaspillés au Canada.

Greg : Laura, est-ce que vous avez un garde-manger séparé qui est rempli d'aliments? Comme en style préparation pour l'apocalypse.

Laura : Mon garde-manger est assez rempli, je dirais. Ouais, s'il y a une apocalypse à Barrhaven, vous pourriez venir chez moi et je pourrais probablement nourrir un certain nombre de personnes pour une période de temps. Bien que je ne puisse pas promettre que tout sera délicieux… Mais oui. J'ai tendance à avoir un garde-manger bien rempli.

Greg : Avez-vous des recettes préférées pour utiliser vos restants?

Laura : Je pense qu'il y a des applications où vous pouvez numériser les aliments dans votre réfrigérateur ou votre garde-manger, ou vous pouvez saisir les aliments que vous avez et elles vous donneront de bonnes recettes. Personnellement… par exemple, après l'action de grâce, il y a toujours des restants de dinde. Alors j'essaie de faire une sorte de casserole de pâtes et de dinde. Macaroni et fromage, ce genre de chose. Ces types de casseroles sont généralement très utiles pour utiliser les produits cachés dans votre réfrigérateur.

Michelle : Je pense que ma recette préféré pour les restants est toujours le pain au banane. On finit toujours par avoir des bananes qui deviennent un peu trop foncée.

Laura : C'est vrai. Chez moi, on fait des crêpes à la banane le samedi matin pour utiliser les bananes, c'est sûr. Ouais.

Greg : J'ai probablement au moins une douzaine de bananes congelées en ce moment. Nous congelons notre yogourt et nos bananes pour en faire un smoothie. Problème résolu.

Laura : C'est une bonne idée.

Michelle : Laura, merci beaucoup de vous être joint à nous aujourd'hui!

Laura : Oui. C'est super. Ce fut un plaisir.

Michelle : Après avoir parlé à Laura, nous étions curieux d'en savoir plus sur le gaspillage alimentaire au Canada. Nous avons donc contacté une experte en la matière.

Sophie : Bonjour, mon nom est Sophie Langlois-Blouin. Je suis Vice-présidente aux opérations chez RECYC QUÉBEC, également membre du conseil d'administration du Conseil national zéro déchet.

Michelle : Bonjour Sophie, nous sommes choyé de vous avoir ici aujourd'hui!

Sophie : Merci à vous de l'invitation.

Michelle : Alors Sophie, quelle est l'ampleur du problème du gaspillage alimentaire au Canada?

Sophie : Le Conseil national zéro déchet a réalisé une étude il y a quelques années pour mesurer l'ampleur des pertes et du gaspillage alimentaire à l'échelle des ménages, donc des consommateurs. Ce que cette étude a démontré, c'est que 63 % de la nourriture que les ménages jettent aurait pu être évitée. Donc ce sont des aliments qui auraient pu être consommés à un moment donné avant d'être jetés, ou par exemple, mis à la collecte des matières organiques pour le compostage. Pour un ménage moyen au Canada, le gaspillage alimentaire équivaut à 4,5 repas par semaine et c'est aussi l'équivalent de 1 300 $ par année. Donc c'est quand même considérable. On voit que ça a un impact en termes de quantité, mais aussi sur notre portefeuille. Pour le Canada au complet, le gaspillage alimentaire à l'échelle des ménages, donc pour les aliments qui auraient pu être consommés, c'est l'équivalent de 2,3 millions de tonnes par année. Donc, c'est quand même une quantité considérable.

Greg : C'est beaucoup ça. Savez-vous si le gaspillage alimentaire est surtout un problème au niveau du consommateur ou s'agit-il d'un problème plus important à d'autres endroits dans la chaîne alimentaire?

Sophie : On constate effectivement qu'il y a des pertes et du gaspillage alimentaire qui se fait à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, donc à l'étape de production, de transformation, de distribution, au commerce de détail aussi, donc à la vente finalement. Et bien évidemment, les consommateurs aussi sont responsables d'une partie. Donc c'est vraiment un effort collectif qui est nécessaire. Chaque secteur peut et doit contribuer à réduire les pertes et le gaspillage alimentaire à l'échelle canadienne.

Michelle : Avez-vous des conseils pour ceux qui cherchent à éviter le gaspillage alimentaire?

Sophie : J'ai plusieurs conseils, puis j'inviterais les gens à consulter le site de la campagne J'aime manger, pas gaspiller, qui est une campagne pancanadienne qui a été déployée par le Conseil national zéro déchet, qui est disponible en français et en anglais. Donc il y a plusieurs conseils qui sont disponibles sur leur site. J'en ai noté quelques-uns pour vous.

Le premier, c'est planifier des quantités ou des portions plus limitées ou équivalentes. Des fois, on veut trop planifier de repas, être sûr que personne ne va en manquer, mais souvent ça fait des restes. Donc par exemple, quand on reçoit des amis ou la famille, on peut mettre le plat au milieu de la table finalement, pour que chacun se serve sa propre portion au lieu de servir des portions en pensant que tout le monde mange la même quantité.

Michelle : Un peu plus sage, de cette façon.

Sophie : Oui, c'est ça. Puis c'est un truc aussi avec les enfants en tout cas moi avec ma fille qui fonctionne bien. Souvent surtout quand on essaie des nouveaux plats. Je vais lui servir des plus petites portions, puis si elle aime ça, donc on va en reprendre davantage. Donc ça peut permettre aussi de limiter les pertes.

Dans tous les cas, si on a des restes de table, ben il faudrait les manger nos fameux restes de table! Donc les réchauffer, c'est un conseil aussi. Souvent on suggère aux gens de mettre leurs restes de table à la hauteur des yeux dans le frigo pour ne pas les oublier ou les perdre de vue. Donc les restes sont quand même le troisième aliment le plus gaspillé au niveau des maisons, donc des ménages, après les fruits et les légumes. Donc les garder à portée de vue, les consommer, les réchauffer. Puis si on ne pense pas qu'on est en mesure de les manger rapidement, de les congeler tout simplement quand on en aura de besoin.

Et le congélateur est notre meilleur ami. Je dis souvent que presque tous les aliments peuvent être congelés. Ça peut nous permettre aussi de consommer des aliments à l'année longue. Par exemple, on a des fruits en abondance au Canada, au Québec aussi, des baies notamment. Donc en les congelant l'été, quand elles sont très disponibles, on peut les consommer l'hiver, les décongeler pour faire des smoothie ou des muffins. Donc c'est une façon intéressante d'avoir certains aliments à l'année aussi d'utiliser le congélateur comme notre meilleur ami.

Sophie : Bien entreposer aussi les aliments. Donc il y a des aliments qui doivent aller dans le réfrigérateur absolument et d'autres qui peuvent rester dans le garde-manger ou sur le comptoir. Donc sur le site de la campagne J'aime manger, pas gaspiller, pour plusieurs types d'aliments, on va voir comment les aliments doivent être conservés et comment, donc c'est des conseils qui peuvent être consultés sur le site de la campagne.

Greg : Des très bonnes idées.

Michelle : Super bons conseils. Sophie, peux-tu nous parler un peu du travail que tu fais en collaboration avec J'aime manger, pas gaspiller?

Sophie  : J'aime manger, pas gaspiller c'est une campagne pancanadienne à laquelle RECYC QUÉBEC participe depuis ses débuts en 2018. Donc c'est une campagne qui a été lancée à l'échelle canadienne par le Conseil national zéro déchet et on entre au Québec dans une nouvelle phase de déploiement où des municipalités, donc des gouvernements locaux, vont embarquer dans la campagne. Donc, c'est vraiment un effort collaboratif où on va accroître finalement la sensibilisation des gens, des ménages, au sujet du gaspillage alimentaire et s'assurer qu'ils ont les conseils et les outils nécessaires pour réduire le gaspillage alimentaire à la maison.

Michelle : Merci beaucoup d'avoir partagé cette information avec nous.

Sophie : Ça me fait plaisir. Merci.

Michelle : Si vous voulez en savoir plus sur l'étiquetage de dates, nous avons ajouté un lien vers un guide pratique dans notre description. Si vous écoutez à partir du site Web de l'ACIA, vous le trouverez en regardant plus bas, dans la section "Pour en savoir plus".

Greg : Nous avons également inséré des liens vers RECYC Québec, J'aime Manger Pas Gaspiller, et le Conseil national zéro déchet du Canada. Vous y trouverez de nombreux conseils créatifs pour utiliser les surplus de nourriture, ainsi que des initiatives récentes au Canada pour réduire le gaspillage alimentaire.

Michelle : Et c'était Inspecter et protéger, le balado officiel de l'ACIA.

[Fin de l'enregistrement]

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