Ce que nous avons entendu : Consultation publique sur une norme provisoire pour les substances per- et polyfluoroalkylées dans les biosolides municipaux importés ou vendus au Canada comme engrais

Les substances per- et polyfluoroalkyles (SPFA) sont des produits chimiques artificiels qui sont persistants (ne se dégradent pas) et toxiques pour la santé humaine et l'environnement. La norme provisoire de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) fait partie d'un ensemble plus large de mesures de contrôle des risques du gouvernement du Canada visant à réduire l'exposition humaine et environnementale aux SPFA, depuis leur point de fabrication jusqu'à leur élimination (approche du cycle de vie du produit).

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Aperçu du processus de mobilisation

Après avoir recueilli les commentaires des partenaires fédéraux, l'ACIA a mené des consultations ciblées sur la mise en œuvre de la norme provisoire auprès des provinces et de l'industrie des biosolides du 13 septembre au 11 octobre 2023. Après avoir examiné les commentaires reçus lors de la consultation ciblée initiale, l'ACIA a tenu une consultation publique de 60 jours, du 22 décembre 2023 au 20 février 2024.

Des commentaires ont été reçus par :

  • les associations nationales de l'industrie des engrais
  • les associations nationales et régionales de l'industrie des biosolides
  • les processeurs et générateurs individuels de biosolides
  • les associations agricoles nationales et provinciales
  • les consommateurs et associations associées
  • les organisations non gouvernementales
  • le grand public

21 séries différentes de commentaires et de questions ont été reçues au cours de la période de consultation publique.

Ce que nous avons entendu

Dans l'ensemble, les répondants ont apprécié l'opportunité de fournir des commentaires sur la norme provisoire proposée en matière de SPFA. Comme lors de la consultation ciblée précédente, les commentaires reçus étaient généralement favorables à la norme provisoire proposée pour les SPFA dans les biosolides municipaux importés ou vendus comme engrais. Les parties prenantes ont fourni des perspectives et des informations précieuses pour comprendre leur niveau de soutien à la mise en œuvre de la norme provisoire pour les substances SPFA.

Associations industrielles et secteur du traitement et du réacheminement des déchets

Les répondants représentant ce secteur industriel ont exprimé leur soutien à la norme provisoire proposée, affirmant qu'elle aurait un impact négatif minimal sur les efforts de réacheminement des déchets et qu'elle permettrait un accès continu aux agriculteurs qui utilisent des biosolides pour compenser les coûts des engrais et améliorer la santé des sols.

Ces répondants sont heureux que l'ACIA ait calqué son approche sur celle du Michigan, en se concentrant sur les données scientifiques disponibles pour évaluer les risques et élaborer des normes. Les répondants réaffirment que la norme provisoire proposée ne restreindrait pas l'importation ou la vente (et donc l'épandage sur les terres agricoles) de la grande majorité des biosolides - car la plupart d'entre eux ne subissent pas d'impact industriel (et sont donc inférieurs à la limite proposée pour le SPFO).

De nombreux répondants du secteur ont demandé que l'ACIA publie des protocoles d'échantillonnage détaillés et mette à disposition une liste des laboratoires accrédités, afin de fournir des conseils aux producteurs, aux transformateurs et aux importateurs. Les commentaires reflétaient des préoccupations quant à l'état de préparation si la norme était mise en œuvre sans les directives détaillées demandées à l'ACIA. Il y avait un consensus parmi ces répondants sur le fait que des méthodes de test validées supplémentaires seraient bénéfiques pour accroître la disponibilité des tests et maintenir les coûts au minimum.

Plusieurs commentaires étaient en faveur d'une réglementation ciblant la source de contamination par les SPFA (avant la contamination du flux d'eaux usées), dans le cadre d'une approche plus large du gouvernement du Canada. Ils soulignent que l'élimination des contributeurs en amont de ces produits chimiques dans les systèmes d'eaux usées municipaux par le biais de mesures réglementaires sur les entreprises et les institutions qui rejettent ces produits chimiques réduirait efficacement la présence de SPFA dans les biosolides. Les commentaires reçus soulignent le fait que les usines de traitement des eaux usées ne sont pas des génératrices de SPFA, mais plutôt des « récepteurs passifs » de substances SPFA.

Producteurs et associations agricoles

Les associations agricoles ont largement approuvé la norme provisoire car elles apprécient qu'elle permettra la disponibilité continue d'une source essentielle de nutriments et de matière organique. Comme l'évaluation de 2023 de l'ACIA a montré que 92 % des biosolides domestiques testés répondaient à cette norme, les répondants déclarent que la norme n'aura pas d'impact sur leur accès aux matériaux nécessaires, mais exclura les biosolides contaminés de l'importation et de la vente au Canada. Les producteurs et les associations agricoles qui ont répondu conviennent qu'il s'agit d'une mesure de sécurité nécessaire.

Les répondants ont identifié le rôle important des biosolides en agriculture lorsqu'ils sont utilisés comme engrais ou supplément, pour augmenter le fumier ou la fertilisation traditionnelle. Ils ont également souligné l'importance d'une communication bien équilibrée qui identifie les risques liés aux SPFA, mais qui transmet également les avantages environnementaux et économiques du réacheminement et du recyclage des déchets organiques, ainsi que de l'utilisation des biosolides municipaux en agriculture.

Certaines préoccupations ont été partagées quant au fait que la limite proposée ne serait pas suffisamment restrictive, en particulier pour les biosolides importés. Une association a recommandé l'interdiction des biosolides importés pour protéger les terres agricoles canadiennes. Des préoccupations supplémentaires ont été soulevées concernant la présence de contaminants autres que les SPFA dans les biosolides. Plusieurs répondants de ce groupe ont remis en question la portée étroite de la norme provisoire et ont demandé que l'ACIA envisage d'appliquer le seuil aux composts ; digestats et autres mélanges; et les résidus ou dérivés organiques ; susceptibles de contenir des SPFA, à l'avenir.

Grand public

La contamination des biosolides par les produits chimiques SPFA préoccupe particulièrement les répondants du grand public. Nous avons entendu un fort soutien en faveur de la mise en œuvre de toutes les mesures de contrôle pour répondre à cette préoccupation, y compris la norme provisoire proposée pour les SPFA dans les biosolides municipaux. Certains répondants ont recommandé une interdiction de l'épandage de biosolides sur les terres agricoles et/ou une limite inférieure pour la norme provisoire ou une exigence plus fréquente d'analyses, pour plus de protection. D'autres répondants ont trouvé que l'approche était suffisante pour empêcher l'importation ou la vente de biosolides contaminés au Canada (et donc empêcher leur épandage sur le sol canadien), tout en permettant une utilisation bénéfique de matériaux qui ne sont pas fortement contaminés.

Un certain nombre de préoccupations ont été soulevées par les répondants concernant d'autres contaminants appliqués à l'environnement des sols agricoles, avec une demande pour que le gouvernement fédéral applique une réglementation plus stricte sur les polluants en agriculture.

Comment les commentaires ont été pris en compte

L'ACIA a soigneusement examiné tous les commentaires reçus. L'ACIA a préparé un document d'orientation détaillé sur la norme provisoire qui comprend les exigences en matière de documentation, les procédures d'échantillonnage et de manipulation des échantillons et les exigences en matière de méthodes d'analyse dans une circulaire à la profession : T-4-132 : Norme SPFA pour les biosolides commerciaux importés ou vendus au Canada comme engrais. Les laboratoires de l'ACIA sont également en train de valider une méthode d'essai pour les SPFA (y compris le SPFO) dans les biosolides afin que des vérifications de conformité supplémentaires puissent être effectuées en interne à l'avenir.

L'ACIA continuera de compiler des données canadiennes sur les mélanges et autres déchets résiduels afin de déterminer si l'établissement d'un seuil SPFA serait approprié ou non pour ces matières. L'ACIA continuera également de collaborer avec Environnement et Changement climatique Canada et Santé Canada sur les mesures d'atténuation des risques afin de minimiser les rejets de SPFA à la source (fabrication, produits de consommation, etc.) et de soutenir les provinces dans l'élaboration et la mise en œuvre de mesures de risque provinciales, des approches d'atténuation qui répondent à leurs besoins régionaux en termes de conditions agro-climatiques et de réalités de marché.

L'ACIA suivra de près les développements scientifiques et les mesures d'atténuation des risques prises par les juridictions nationales et internationales et ajustera sa norme provisoire en conséquence. L'ACIA continue de participer activement à la surveillance des risques liés à d'autres contaminants préoccupants, y compris ceux qui se trouvent ou peuvent se trouver dans les biosolides. L'ACIA prendra des mesures au besoin pour protéger la sécurité humaine, animale, végétale et environnementale liée à l'utilisation d'engrais et de suppléments.

L'ACIA s'engage à continuer de travailler en étroite collaboration avec l'industrie pour assurer une mise en œuvre réussie de la norme provisoire.

Prochaines étapes

La norme provisoire pour les niveaux de SPFA dans les biosolides commerciaux a été annoncée par l'ACIA le 18 juin 2024. L'application à l'importation et par le biais d'inspections nationales débutera le 18 octobre 2024, quatre mois après l'annonce. L'ACIA accorde ce délai afin que les importateurs et les producteurs nationaux de biosolides commerciaux puissent s'organiser et effectuer des tests afin de satisfaire à l'exigence d'un certificat d'analyse démontrant la conformité à la norme provisoire, avant la date de début de l'application en octobre.