Projet sur les aliments destinés aux enfants – Rapport annuel 2020

Le PAE a été mis en place en 2003 dans le but d'évaluer les concentrations de résidus de pesticides, de métaux et d'éléments dans les aliments pour nourrissons et pour enfants. En raison de leur faible poids corporel, de leur développement, de leur croissance et de leurs habitudes de consommation, les enfants pourraient courir un risque plus grand par suite d'une exposition à ces substances chimiques.

L'ACIA a recours à un certain nombre de programmes de surveillance pour s'assurer de la salubrité de l'approvisionnement alimentaire et de sa conformité aux normes canadiennes. Le PAE complète ces activités grâce à la collecte de données spécifiques sur les aliments produits au pays et importés, fréquemment consommés par les enfants, et qui leur sont destinés (p. ex., les préparations pour nourrissons, les produits à base de céréales ainsi que les jus de fruits et les boissons aux fruits). Les données issues de tels programmes aident les autorités sanitaires à évaluer la présence potentielle de résidus et de contaminants chimiques dans de nombreux aliments consommés par les enfants canadiens.

Les principaux objectifs du PAE 2020 étaient les suivants :

• recueillir des données et évaluer la conformité des aliments pour nourrissons aux normes canadiennes en matière de résidus de pesticides, de médicaments vétérinaires et de métaux/éléments
• recueillir des données sur les concentrations d'aflatoxine M1 dans le yogourt, le yogourt à boire et les poudings

Les échantillons comprenaient en tout 175 aliments destinés aux nourrissons, certains d'origine canadienne, d'autres importés, obtenus dans des magasins de détail à Halifax (Nouvelle-Écosse) en octobre 2020. Sur les 175 échantillons, 29 étaient étiquetés comme produits biologiques. Les échantillons comprenaient des aliments d'origine canadienne et des aliments importés : 53 produits fabriqués au Canada, 96 produits importés et 26 produits d'origine inconnue.

Limites de l'échantillonnage

En raison du nombre limité d'échantillons et de produits analysés, il faut user de prudence dans l'interprétation des résultats. Les différences régionales, les effets de la durée de conservation, les conditions d'entreposage ou le coût du produit sur le marché libre n'ont pas été examinés dans le cadre de cette étude. Les échantillons ont été analysés tels qu'ils étaient vendus, ce qui signifie que le produit a été analysé tel quel et qu'il n'a pas été préparé conformément aux instructions figurant sur l'emballage.

Les analyses de dépistage des divers types d'analytes ont été effectuées par des laboratoires d'analyse des aliments accrédités selon la norme ISO/CEI 17025 et liés par contrat au gouvernement du Canada.

Analyse de pesticides

Tous les échantillons ont été analysés pour des pesticides, sauf les yogourts et les yogourts à boire, pour lesquels ces analyses avaient été faites l'année précédente. Les échantillons ont été analysés à la recherche d'un éventail de résidus de pesticides couramment utilisés en agriculture pour combattre les insectes, les champignons et les mauvaises herbes. On trouvera à l'annexe A la liste des pesticides visés par les analyses.

Analyse de métaux et d'éléments

Tous les échantillons ont été analysés pour des métaux et des éléments, sauf les yogourts et les yogourts à boire, pour lesquels ces analyses avaient été faites l'année précédente. De nombreux métaux et éléments sont présents dans les aliments parce qu'ils se trouvent naturellement dans l'environnement, mais leur présence peut également être attribuable à l'utilisation de pesticides et de produits chimiques agricoles, à la contamination de l'environnement ou à la transformation. Le présent rapport met l'accent sur les 4 éléments les plus préoccupants pour la santé humaine, soit :

• l'arsenic
• le cadmium
• le plomb
• le mercure

Analyse de médicaments vétérinaires

Des échantillons de yogourt, de yogourt à boire et de pouding ont été analysés pour des résidus de différents médicaments vétérinaires, qui peuvent être administrés aux animaux destinés à l'alimentation. Certains médicaments sont administrés à des animaux individuels pour traiter des maladies spécifiques, tandis que d'autres sont administrés à des groupes d'animaux, généralement par l'intermédiaire d'eau ou d'aliments médicamenteux, pour prévenir ou traiter des maladies ou pour favoriser la croissance. On trouvera à l'annexe B la liste des médicaments visés par les analyses.

Analyse de l'aflatoxine M1

Les aflatoxines sont des composés naturels libérés par les moisissures du genre Aspergillus. Ces moisissures se développent dans les climats chauds et humides et ne sont généralement pas détectées dans les cultures canadiennes. L'aflatoxine B1 a été classée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme substance cancérogène pour les humains^{Note de bas de page 1}. Lorsque les vaches laitières consomment des aliments contaminés par des aflatoxines, l'aflatoxine B1 se transforme en aflatoxine M1, qui passe dans le lait. Des études sur les animaux ont montré que l'aflatoxine M1 provoque le cancer de la même manière que l'aflatoxine B1^{Note de bas de page 1, Note de bas de page 2, Note de bas de page 3}. C'est pourquoi des échantillons de yogourt, de yogourt à boire et de pouding contenant du lait ont été analysés à la recherche de l'aflatoxine M1.

Évaluation des résultats

Tous les résultats pour les échantillons analysés dans le cadre de cette étude ont été comparés aux normes canadiennes établies par SC. La conformité est évaluée selon les tolérances établies disponibles lors de l'étude. Pour les pesticides, la limite maximale de résidus (LMR) correspond à la quantité maximale de résidus qui devrait demeurer à la surface ou à l'intérieur des produits alimentaires lorsqu'un pesticide est utilisé conformément au mode d'emploi figurant sur son étiquette. Dans le cas des résidus de métaux et d'éléments, la CM correspond à la concentration maximale d'un contaminant qu'un produit alimentaire peut contenir sans danger.

Les LMR canadiennes pour les pesticides figurent dans la base de données des LMR^{Note de bas de page 4} publiée sur le site Web de SC. S'il n'existe aucune LMR, les résidus de pesticide doit respecter la LMR générale de 0,1 ppm, conformément au paragraphe B.15.002 (1) du Règlement sur les aliments et drogues^{Note de bas de page 5}.

Les CM pour les métaux et les éléments dans les aliments sont publiées dans la Liste des contaminants et des autres substances adultérantes dans les aliments^{Note de bas de page 6}. Lors de l'étude, SC n'avait établi aucune CM pour l'arsenic, le cadmium, le mercure ou le plomb pour les produits visés. SC examine tous les résultats relatifs aux métaux obtenus dans le cadre du PAE afin de déterminer s'ils présentent un risque pour la santé des nourrissons et des enfants.

Les LMR canadiennes pour les résidus de médicaments vétérinaires dans les aliments d'origine animale (viande, lait, œufs et miel) sont publiées dans la Liste des limites maximales de résidus (LMR) de drogues pour usage vétérinaire dans les aliments, sur le site Web de SC^{Note de bas de page 7}. En l'absence de LMR existante ou proposée pour un médicament vétérinaire, l'ACIA considère que tout produit alimentaire contenant un résidu égal ou supérieur à la limite de quantification (LQ) est non conforme.

Pesticides

Un total de 135 échantillons ont été analysés à la recherche de pesticides. Aucune concentration détectable de résidus de pesticides n'a été décelée dans 55,6 % des aliments pour nourrissons analysés. Selon les résultats des analyses des 60 autres échantillons, 98,3 % de ceux-ci étaient conformes à la réglementation canadienne. Un seul échantillon (céréales pour enfants) a donné un résultat insatisfaisant pour les pesticides. Le méthoprène a été trouvé dans 1 échantillon à raison de 0,151 ppm, ce qui dépasse la LMR générale de 0,1 ppm. Cette substance est couramment ajoutée aux produits insecticides, car il s'agit d'un régulateur de croissance des insectes^{Note de bas de page 8}. Elle empêche les insectes d'atteindre les stades de croissance tels que le développement en adultes et empêche la croissance des œufs^{Note de bas de page 8}. SC a examiné ce résultat et a jugé que le produit était sans danger pour les nourrissons et les enfants.

Dans cette étude, la mention « biologique » figurait sur les étiquettes de 29 des 175 échantillons. Sur les 29 échantillons, 22 ont été analysés pour des pesticides. Aucun résidu de pesticide n'a été détecté dans 81,8 % (18 échantillons) des produits biologiques analysés. Dans les 4 échantillons restants, les concentrations de pesticides détectées étaient en deçà des LMR canadiennes. Tous les résultats d'analyse concernant les résidus de pesticides ont été transmis au Bureau des produits biologiques de l'ACIA aux fins d'examen.

Métaux et éléments

Un total de 135 échantillons ont été analysés pour des métaux et des éléments, et 48,9 % d'entre eux ne contenaient pas de concentration détectable d'arsenic, de cadmium, de plomb ou de mercure. Tous les résultats ont été transmis au Bureau d'innocuité des produits chimiques de SC aux fins d'examen, et les échantillons ont été jugés sans danger pour les nourrissons et les enfants.

On trouvera à l'annexe C la liste des métaux et des éléments visés par les analyses.

Arsenic

L'arsenic est un élément naturellement présent dans la croûte terrestre, et il existe sous une forme organique (arsenic contenant des atomes de carbone) et sous une forme inorganique (ions d'arsenic libres)^{Note de bas de page 9}. De façon générale, l'arsenic inorganique est plus toxique pour l'humain que ne l'est l'arsenic organique. L'arsenic inorganique est reconnu pour accroître le risque de cancer et affecter les voies gastro-intestinales, les reins, le foie, les poumons et la peau^{Note de bas de page 10}. Pour la plupart des Canadiens, les aliments constituent la principale source d'exposition à l'arsenic, suivis par l'eau potable, le sol et l'air^{Note de bas de page 10}.

Des CM pour l'arsenic inorganique dans le riz poli (blanc) (0,2 ppm) et le riz décortiqué (brun) (0,35 ppm) ont été établies lors de l'étude, soit en juillet 2020^{Note de bas de page 6}. SC ajoutera une CM de 0,1 ppm pour l'arsenic inorganique dans les aliments à base de riz destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants, tel qu'il est indiqué dans l'avis de proposition^{Note de bas de page 11}.

Au total, 81,5 % (110 échantillons) des échantillons ne contenaient pas de concentrations détectables d'arsenic total (formes organiques et inorganiques). Les résultats des échantillons positifs variaient de 0 à 0,308 ppm, les concentrations les plus élevées ayant été trouvées dans les céréales à base de riz.

Cadmium

Le cadmium peut être présent dans l'eau et dans le sol en raison de l'utilisation d'engrais phosphatés ou de boues d'épuration. Les aliments cultivés dans des sols contenant du cadmium sont la principale source d'exposition au cadmium pour la population générale^{Note de bas de page 12}. Le cadmium a des effets toxiques sur les reins et les os^{Note de bas de page 12}.

Au total 62,2 % des échantillons (84 échantillons) ne contenaient pas de concentrations détectables de cadmium.

Plomb

L'exposition au plomb peut être attribuable à diverses sources environnementales et alimentaires. L'exposition chronique à de faibles concentrations de plomb peut être nocive pour la santé humaine. Le plomb est naturellement présent dans l'environnement et on lui trouve de nombreux usages industriels, notamment dans l'exploitation minière, la fusion, et la fabrication de batteries et de piles^{Note de bas de page 13}. Les principales voies d'exposition environnementales chez l'enfant sont la voie orale, notamment par l'ingestion d'aliments, d'eau ainsi que de poussières domestiques ou de terre contaminées au plomb^{Note de bas de page 13}.

Au total, 96,3 % (130 échantillons) des échantillons ne contenaient pas de concentrations détectables de plomb.

Mercure

Les roches, les sols et les volcans dégagent naturellement du mercure. Les activités industrielles ont également augmenté la quantité de mercure dans l'environnement^{Note de bas de page 14}. La contamination par le mercure est préoccupante, parce que ce métal est toxique, persistant dans l'environnement et susceptible de se bioaccumuler dans la chaîne alimentaire. Les effets du mercure sur la santé varient selon sa forme chimique (élémentaire, inorganique, organique) ainsi que selon la voie et le degré d'exposition^{Note de bas de page 14}. Le méthylmercure est la forme organique la plus toxique : il est facilement absorbé et peut franchir la barrière hématoencéphalique^{Note de bas de page 14}. Le fœtus en développement et l'enfant sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du méthylmercure.

Au total, 78,5 % (106 échantillons) des échantillons ne contenaient pas de concentrations détectables de mercure.

Médicaments vétérinaires

Des échantillons de yogourt, de yogourt à boire et de pouding ont été analysés pour des résidus de médicaments vétérinaires (76 échantillons). Parmi ces échantillons, 97,4 % ne contenaient pas de quantité détectable de résidus de médicaments vétérinaires. 2 échantillons de yogourt contenaient de très faibles concentrations de méloxicam (0,00011 ppm et 0,00044 ppm), mais ces résultats étaient inférieurs à la LQ et ont été jugés conformes. Le méloxicam est un anti-inflammatoire non stéroïdien utilisé pour le traitement de la douleur chez les vaches laitières en lactation^{Note de bas de page 15}. Il est également utilisé pour soulager les symptômes de l'arthrite chez les humains^{Note de bas de page 16}.

Aflatoxine M1

Un total de 76 échantillons de yogourt, de yogourt à boire et de pouding ont été analysés pour l'aflatoxine M1. Aucun des échantillons ne contenait de quantités détectables d'aflatoxine M1. Le Canada n'a pas établi de CM pour l'aflatoxine M1 dans le lait ou les produits à base de lait.

Les résultats du PAE ont été communiqués à SC, qui a déterminé qu'aucun des échantillons analysés ne posait de risque pour la santé des nourrissons ou des enfants canadiens. Les résultats relatifs aux échantillons biologiques ont été communiqués au Bureau des produits biologiques de l'ACIA. L'échantillonnage et les analyses qui ont été effectués dans le cadre du PAE n'ont donné lieu à aucune mesure ni à aucun rappel de produit en raison de risques pour la santé. Les aliments pour nourrissons analysés dans la présente étude, qu'ils soient produits au Canada ou importés, ont été jugés propres à la consommation.

L'ACIA s'engage à assurer un approvisionnement alimentaire sécuritaire pour tous les Canadiens, y compris les populations vulnérables comme les nourrissons et les jeunes enfants. Au cours de la prochaine année, des échantillons de céréales, de collations pour nourrissons et jeunes enfants, de collations aux fruits, de yogourt et de pouding seront analysés à la recherche de résidus de pesticides, de métaux et d'éléments toxiques (arsenic, cadmium, mercure et plomb), de médicaments vétérinaires et d'aflatoxine M1.